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Commentaire de texte sur le manifeste du parti communiste

Publié le 07/04/2011

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Manifeste du Parti Communiste

 

 

Introduction : 

 

Le Manisfeste du parti communiste est une des premières oeuvres de Marx et Engels, et c'est aussi l'une des plus courtes; ce qui n'en fait pas moins le texte fondamental du marxisme. Ils rédigent le manifeste en 1848 dans le but de rendre public les principes du communisme jusqu'alors très craint et vivement critiqué. Ils expliquent en quoi consiste la phase actuelle de la lutte des classes, l'opposition bourgeoisie-prolétariat et montre pourquoi la révolution prolétarienne est désormais inévitable. C'est avec l'influence de la pensée hégélienne (notamment au niveau de la politique et de la religion), et de la naissance la ligue des communistes que va être rédigé le manifeste. En effet la ligue confie en 1844 aux deux intellectuels la rédaction du manifeste. Rappelons que le printemps des peuples est le nom donnée à la floraison de révolutions qui eurent lieu au cours de l'année où le manifeste a été rédigé, certaines lui sont même postérieurs ce qui explique la détermination et la dynamique qui anime les auteurs. Ils prennent conscience d'être à un \"tournant de l'Histoire\". 

Si les activités intellectuelles de Karl Marx ont été multiples, au point qu'on a aussi bien pu voir en lui un philosophe qu'un économiste ou qu'un sociologue, ce sont ses travaux d'économistes qui ont cependant mobilisé l'essentiel de son énergie. Fils d'un avocat de la bourgeoisie libérale allemande, d'une famille juive devenue protestante, il étudie le droit à Bonn puis l'histoire et la philosophie à Berlin. C'est à ce moment de sa vie que Marx se rapproche intellectuellement du cercle des hégéliens de gauche qui influença grandement les positions de Marx pendant le reste de sa vie. En 1944, Marx rencontre Engels dont il partage les opinions sur le prolétariat et la philosophie de Hegel. En effet, Engels est fils d'un industriel du textile, il a été élevé dans un atmosphère piétiste et destiné au métier de commerçant. A l'inverse de Marx, c'est un autodidacte. Ayant quitté le lycée très tôt, il apprend la philosophie en parallèle de son travail et se rapproche ainsi de la pensée hégélienne, dominante en Allemagne à l’époque, il n'est donc pas étonnant que les deux hommes se rapprochent pour collaborer étroitement. 

Aussi est-il nécessaire de préciser, afin d'éviter toute amalgames, qu'il ne faut pas confondre Marx et le marxisme, ce dernier connait la définition du mode de production, celles des classes sociales, de l'idéologie, la définition des rapports entre infrastructure et superstructures, celle de l'enchainement des formations sociales. Pour Marx (écrivant son oeuvre), la signification de ces concepts n'est pas fixée, il la découvre dans l'interrogation et le travail de l'interprétation. La première section, intitulé bourgeois et prolétaire, du manifeste nous est proposée à l'étude. La question est donc de savoir si le prolétariat est capable de mettre fin à la lutte des classes en ce qu'il serait un modèle social idéal et dont la parfaite organisation, en terme d'équité sociale, serait de nature à ne pas produire un contre pouvoir ? Nous verrons donc l'importance que représente l'écriture du manifeste pour se pencher en suite sur la bourgeoisie selon Marx et Engels puis sur le prolétariat.

 

I- La nécessité d'écrire le manifeste

 

1) Le communisme et la peur effective du spectre

 

Ici, le manifeste s'ouvre par un préambule qui nous renseigne sur son caractère et sa fonction : \"un spectre hante l'Europe : le spectre du communisme. Toutes les puissances de la vieille Europe se sont unies en une Sainte-Alliance pour traquer ce spectre\". Il s'agit apparemment d'un constat. Marx en tire deux conclusions : 

- la première, que le communisme est universellement reconnu comme puissance (il suffit d'entendre, de voir la haine, la peur qu'il inspire)

- la seconde, qu'\"il est grand temps que les communistes exposent à la face du monde entier, leurs conceptions, leurs buts et leurs tendances\"

Ces conclusions, Marx ne les énonce pas en son nom : \"c'est à cette fin que des communistes de diverses nationalités se sont réunis à Londres et ont rédigé le Manifeste suivant\". L'auteur s'efface donc et les communistes parlent à travers lui. Le Manifeste se présente comme une pure exposition. Et cette exposition à la face du monde est une exposition du monde lui-même. Ils incarnent la généralité dans ce monde.

\"Un spectre\" : cette expression est déjà employé dans le livre de Lorenz Stein dans son livre sur le socialisme et le communisme contemporains en France, édité en allemand en 1842. On trouve aussi dans l'article sur le communisme de Wilhelm Schulz paru dans le \"Supplément à la  première édition du dictionnaire et de l'encyclopédie des sciences de l'Etat\" : \"on parle depuis peu d'années du communisme en Allemagne, et il est déjà devenu un spectre menaçant, devant lequel les uns prennent peur, et avec lequel les autres cherchent à épouvanter\". Donc l'image était assez répandue à l'époque, on note environ 24 apparitions de ce spectre dans la littérature depuis 1840. Ainsi, on voit plus tard, dans une lettre de K. Marx de 1789, le terme spectre réapparaitre : \"pour que dorénavant la bourgeoisie n'ait même pas une ombre de crainte, il faut lui assurer d'une façon claire et probante que le spectre rouge n'est en fait pas autre chose qu'un fantôme, qui n'existe pas dans la réalité. Mais en quoi consiste donc le mystère du spectre rouge sinon dans la frousse de la bourgeoisie devant la lutte inévitable et impitoyable entre le prolétariat ?\"

Le spectre c'est d'abord quelque chose, de l'ordre de la nuit, qui prophétise une catastrophe, qui répand la terreur. C'est ensuite quelque chose qu'il faut traquer, chasser. Il faut porter le jour pour faire disparaitre le monstre produit par l'imagination nocturne. Le bien doit l'emporter sur le mal. 

Cette peur n'est pas fictive, elle est historique. Elle est bien réelle et débouche sur une répression effective (\"traquer ce spectre\") qui ne s'explique que parce qu'on la craint comme puissance. Là encore, les événements sont présents dans toutes les mémoires : le soulèvement des tisserands en Silésie durement réprimé (les militaires firent feu sur la foule), l'insurrection de Cracovie en Pologne militairement réprimée et la chasse aux communistes dont Marx et l'une des victime. 

Le temps du manifeste est venu. Pour Marx la révolution est imminente, il est même \"grand temps\". Grâce à un exposé, rédigé par l'organisation communiste elle même, il faut rendre public les thèses jusqu'alors secrète (ou du moins réservé à leurs seuls initiés). C'est l'opposition de l'unicité du discours vrai à la multiplicité des faux préjugés, des fausses rumeurs. Et comme la révolution à venir, estime Marx, sera internationale, c'est à tous les peuples du monde qu'il faut adresser ce discours : non pas à la vieille Europe qui a fait son temps, mais à la face du monde entier.

Donc le communisme est déjà reconnu comme une force, mais c'est une force qu'on connait mal, le rôle du manifeste est donc dans un premier temps d'en exposer les principes, et de mettre fin à la diabolisation du communisme.

 

2) La lutte des classes

 

La première section (Bourgeois et prolétaires) commence par la phrase suivante : \"l'histoire de toute société jusqu'à nos jours n'a été que l'histoire de luttes de classes (l.1 à 5) > Le fait le plus remarquable est que l'unité de l'humanité, la continuité de l'Histoire se trouvent aussitôt établies au spectacle de la guerre qui se poursuit depuis les temps les plus anciens jusqu'à nos jours. Les protagonistes changent mais la guerre conserve le même caractère. Aussi, la guerre des classes toujours recommencée est elle une seule guerre aux multiples épisodes, une sorte de guerre civile en ce sens qu'elle a pour théâtre unique la cité des hommes. Marx parle de \"guerre ininterrompue\".

Le présent s'avère en effet dans le prolongement du passé : la société bourgeoise témoigne de la répétition du conflit entre oppresseurs et opprimés puisqu'elle n'a fait que \"substituer de nouvelles formes de lutte\" l.17. Si Marx affirme ceci, c'est parce que, selon lui, ce qui se trouvait caché est devenu pleinement visible tandis qu'autrefois les sociétés demeuraient hétérogènes et que la lignée clivage entre la classe dominante et la casse dominé étaient encore brouillée sous l'écheveau des liens de dépendances. La société \"se divise de plus en deux vastes camps ennemis\" l.22; désormais, le duel se joue au devant de la scène. 

Ces classes sont en lutte, pour Marx, cette lutte est la dernière figure d'une série aussi longue que l'Histoire elle même. Ainsi, histoire et lutte des classes se confondent : le début de la différenciation sociale, qui se traduit immédiatement par le début de l'existence des classes et de leurs luttes, est aussi le début de l'histoire au sens propre du terme ; à l'autre extrême, dans le futur, quand on sera parvenu au stade de la \"société sans classes\", on sera sorti, par  le fait même, de l'histoire.

Marx dresse un shéma théorique de la lutte des classes : 

 

Oppresseurs

Opprimés

Hommes libres

Esclaves

Patriciens

Plébéïens

Barons

Serfs

Maîtres de jurande

Compagnons 

bourgeois

Prolétaires

 

Il semblerait que Marx emprunte ce tableau comparatif aux saint simoniens. Cependant, il est à maint égard inexact (l'erreur la plus significative serait de présenter les bourgeois comme descendant des serfs ).

Entre deux classes de chaque ligne de ce tableau, il y a une perpétuelle opposition, \"tantôt ouverte, dissimulée\" l.16, aboutissant soit à la \"transformation révolutionnaire de toute la société tout entière soit par la destruction des deux classes en lutte\", autrement dit à la ruine commune des classes. 

Notre époque se distingue par la simplification de ces antagonismes. La lutte des classes prend en effet, vers le début du XIXème siècle, la figure de l'opposition de deux classes diamétralement opposées, la bourgeoisie et le prolétariat. Leur opposition diffère des précédentes en ce que bourgeoisie et prolétariat tendent à diviser la société en deux parties, sans reste, chaque individu de la société moderne ayant vocation à devenir soit bourgeois, soit prolétaire. Dans les stades antérieurs de la lutte des classes, ce n'était pas le cas. A Rome, praticiens et plébéiens s'opposaient et leur lutte commandait l'histoire de cette époque ; mais d'autres classe sociales existaient, plus ou moins à l'écart de cette lutte principale : les chevaliers, les esclaves. 

=> L'existence de \"restes\" de ce type dans les phases antérieures de l'histoire faisait que, si une classe dominée l'emportait sur la classe dominante, elle occupait à son tour une position sociale maîtresse, avec, au-dessous d'elle, d'autres classes qu'elle pouvait dominer. Devenant la \"nouvelle classe\", elle perpétuait par là même la lutte des classes, dont les rôles étaient redistribués, mais dont le principe fondamental demeurait. Au contraire, dans la phase actuelle de l'histoire, le prolétariat, s'il se libère, n'aura au-dessous de lui aucune classe à dominer à son tour. De ce fait, en même temps qu'il mettra fin à la domination de la bourgeoisie, il supprimera le principe même de la domination. Il sera libérateur universel. Avec lui prendra donc fin la lutte des classes, et comme la lutte des classes est l'essence de l'Histoire, avec la victoire du prolétariat prendra fin l'Histoire elle-même.

 

II- La bourgeoisie

1) Apparition historique

 

Marx dit à la ligne 18 de la bourgeoisie qu'elle est élevée sur les ruines de la société féodale\". Les paysans du Moyen Âge arrivés à la ville pour échapper au servage ont donné les \"bourgeois\" des première communes, d'où la \"bourgeoise\". Plus tard, au XVIème siècle, les grandes découvertes ont donné à la bourgeoisie un champ d'action nouveau. Des échanges commerciaux ont eu lieu avec les colonies. Le commerce et l'industrie ont été en essor continu. Donc il y a eu croissance d'un élément \"révolutionnaire\" au sein même de la vieille société féodale. Marx le dit l.24 \"La grande industrie a créé le marché mondial, préparé par la découverte de l'Amérique\".

( Or, l'ancien mode d'exploitation ne suffisait plus aux besoins nés des nouveaux marchés. On inventa donc la manufacture. L'atelier, avec ses maîtres-artisans, recula devant la bourgeoisie industrielle, et toute l'organisation corporative du travail fut atteinte. )

Mais les marchés grandissaient toujours : l.24/25 \"le marché mondial accéléra prodigieusement le développement du commerce, de la navigation, des voies de communications\". Alors on inventa machine à vapeur et les autres machines. Ce fut le début de la grande industrie. \"Et au fur et a mesure que l'industrie, le commerce, la navigation, les chemins de fer se développaient, la bourgeoisie grandissait\" = ainsi apparurent des \"millionnaires de l'industrie\", en d'autres termes, la bourgeoisie moderne.

Le processus enclenché se renforça lui même. la grande industrie rencontrait des besoins mondiaux. La marché mondialisé, à son tour, incitait à l'essor de la navigation, des voies de communication, qui accélérait le développement du commerce. C'est que Marx dit de la bourgeoisie qu'elle \"décupl[e] ses capitaux refoul[e] à l'arrière plan les classes léguées par le moyen âge. 

 

2) La bourgeoisie, classe révolutionnaire

 

La première section du manifeste, qui demeure la plus essentielle, montre comment au cours d'une longue histoire, le capitalisme s'est développé au sein de l'ancienne société \"féodale\", qui elle même avait remplacé des manière antérieures de produire les biens utiles à la reproduction des sociétés. Le capitalisme a progressivement unifié le monde comme un grand marché et réalisé partout la soumission du travail au capital-argent accumulé, en transformant en marchandise les objets de l'usage humain, le plus obole comme le plus trivial. 

En tant que classe sociale, la bourgeoisie possède la maîtrise historiquement constituée du capital; elle produit des idées neuves inspiré de nouvelles pratiques sociales, contribué à changer les mentalités : ce qui fut à proprement révolutionnaire. 

En effet, la bourgeoisie, en apportant toutes ces transformations, a agi comme un \"élément révolutionnaire\" - le mot, sous la plume de Marx est sincèrement flatteur. 

De plus, la bourgeoisie à une vocation mondiale, elle a donné un caractère essentiellement cosmopolite à la production et à la consommation : \"il lui faut s'implanter partout, établir partout des relation\" l.34. Elle a fait venir des matières premières de l'étranger pour fabriquer des produits qui seront consommés dans un pays encore autre par exemple. La politique mercantiliste du XVIIème siècle, l'autarcie a fait place à l'interdépendance des nations. 

Si la bourgeoisie détruit les nationalismes, elle a même percé, si l'on peut dire, les membranes des sociétés les plus fermées et ceci, tant avec la force des armées coloniales qu'avec la seule arme de la productivité économique. On peut ainsi dire de la bourgeoisie que sa marche est cette révolutionnaire, mais elle sa conquête est sans limites. Sous son effet, les hommes perdent leur attachent au sol, à la nation, leurs relations deviennent universelles, la production matérielle comme la production intellectuelle se trouvent réduites à un même dominateur. Toutes les nations sont forcées d'adopter le style de production bourgeois. \"En un mot, elle façonne un monde un son image\" l.70

 

3) Le monde créé par la bourgeoisie est essentiellement instable

Mais ce monde que la bourgeoisie créer à son image est essentiellement instable. En effet, après avoir détruit les anciens rapports sociaux, juridiques, politiques, de la féodalité, la bourgeoisie n'a pas établi un empire durable. Pour Marx, la principale raison de ce échec vient du fait qu'elle a engendré aussitôt une nouvelle classe qui va la détruire comme elle à elle-même détruit la démocratie : \"les armes dont la bourgeoisie s'est servie pour abattre la féodalité se retourne aujourd'hui contre la bourgeoisie elle-même\". La bourgeoisie s'est comportée comme un apprenti sorcier qui se sait pas maîtriser les puissances qu'il a impudemment libérées : Marx nous dit qu'elle \" n'a pas seulement forgé les armes qui la mettront à mort ; elle a produit aussi les hommes qui manieront ces armes, les ouvriers modernes, les prolétaires\". 

Et à mesure que grandit la bourgeoisie se développe le prolétariat.

 

 

III- Le prolétariat

 

1) Développement du prolétariat

 

En effet, Marx nous dit que \"le développement de l'industrie, non seulement accroît le nombre de prolétaires, mais les concentre en masses plus considérables ; la force des prolétaires augmente et ils en prennent mieux conscience\". 

Commençons par définir le prolétariat selon Marx,  c'est \" la classe des ouvriers modernes qui ne vivent qu'à la condition de trouver du travail et qui n'en trouvent que si leur travail accroit le capital\" l.34 à 36. Ces ouvriers sont donc une marchandise. Ils sont soumis à la concurrence et aux fluctuations du marché. Leur travail a perdu tout attrait, à cause du développement du machinisme (= emploi des machines généralisées) et de la parcellisation (=division) des tâches. L'ouvrier est devenu l'accessoire de la machine. Les opérations qu'il doit faire sont de plus en plus simples, monotones et vite apprises. Et de ce fait, de moins en moins payé. L'ouvrier est le revenu de l'usine, la proie des autres bourgeois voilà pourquoi Marx dit à la ligne 36 : \"plus ce despotisme proclame ouvertement le profit comme son but unique, plus il devient mesquin, odieux exaspérant\".

 

2) Unité organisationnelle et prise de conscience politique du prolétariat

 

Petit à petit, les modes de la lutte prolétarienne deviennent plus cohérent sous l'effet de trois facteurs : le nombre de prolétaires augmente (l.38), ils sont de plus en plus concentrés, leur masse est de plus en plus unifié (puisque le progrés du machinisme rabote les différences qualitatives entre eux et que les salaires, se rapprochant partout du plancher, se rapprochant par le fait même des uns des autres). Dès lors : 

  • Les forces prolétariennes augmentent objectivement \"une petite fraction de la classe dominante se rallie à la classe révolutionnaire\". 
  • ils sont placés dans des conditions telles qu'ils peuvent en prendre conscience subjectivement ( de manière personnelle)

Ainsi, certains bourgeois se sont précipités dans le prolétariat, qui est alors renforcé par l'arrivé en sein d'hommes instruits. Une petite fraction de la bourgeoisie comprend où conduit le \"processus de décomposition\" dont parle Marx. Elle voit voit où est l'avenir et se rallie \"à la classe qui porte en elle l'avenir. De même que, jadis, une partie de la noblesse passa à la bourgeoisie, de nos jours, une partie de la bourgeoisie passe au prolétariat\". l.42 à 44

Marx et Engels en son les exemple

 

3) Prolétariat : seule classe révolutionnaire

Précédemment, nous expliquions que la bourgeoisie a contribué à changer les mentalités, et voila qui faisait d'elle une classe révolutionnaire. Mais elle a multiplié et unifié, à travers le \"salariat\", la condition de ceux qui subissent l'exploitation de leur travail. Et ceux qui sont de la sorte exploités se désignent dans leur inévitable résistance comme agents potentiels de la subversion de l'ordre capitaliste. Pourtant, les \"ouvriers modernes\" ne se constituent pas spontanément en classe révolutionnaire internationale : il leur faut prendre conscience de leur nombre et de la communautés de leurs aspirations, accroitre leur savoir et surmonter les divisions objectives qui se multiplient sans cesse accumulé et investi sous la forme du capital. 

Une fois ceci fait, le prolétariat devient vraiment révolutionnaire parce que \"les autres classes périclitent (=décliner, aller vers la ruine) et périssent avec la grande industrie ; le prolétariat, au contraire, en est le produit le plus authentique\" (l.47/48).

La différence du prolétariat avec les autres classes montantes de l'histoire, qui avaient assurer leur futur position de classes dominantes, le prolétariat, s'il veut se libérer, doit supprimer la propriété elle même (cf. \"ils n'ont rien à perdre que leurs chaines : phrase célèbre). Jusqu'à présent, tous les mouvements historiques ont été le fait de minorités. 

Marx nous dit que \"la lutte des classes approche de l'heure décisive\", il pense que les prolétaires sont seuls à vouloir et pourvoir faire la révolution. Il ne pourront pas ne pas la faire, elle est tant nécessaire qu'inéluctable. La raison en est que la bourgeoisie est allé trop loin, elle n'a pas su créer les conditions d'une domination paisible du prolétariat  : sous la domination des féodaux, le serf a vécu et s'est même élevé (puisqu'il a pu devenir membre d'une commune). Le roturier a vécu et s'est même élevé (il est devenu \"bourgeois\"). Ce n'est pas le cas de l'ouvrier moderne, le bourgeois est donc incapable de rester au pouvoir.

 

Conclusion : 

 

Dans le manifeste, l'histoire semble tenir tout entière sous un seul regard, celui de la vérité qui s'entend comme une seule phrase où se mêlent les mots de la philosophie, de l'économie, de la politique et de la morale. Au terme de cette étude on ne peut que saluer l'observation que Marx et Engels font de la société, le document permet de comprendre non seulement la société du XIXème siècle mais peut, au delà de l'étude historique, nous éclairer sur les dynamiques conflictuelles qui traversent et structurent les sociétés. Marx fait preuve de prodige dans la divulgation du savoir, à laquelle s'attache un art particulier d'émouvoir (non que Marx cherche à apitoyer le monde sur la misère des prolétaires).  Cependant, on peut douter que l'avènement du prolétariat mette un terme définitif au processus révolutionnaire en ce qu'il serait une réitération de la lutte permanente des faibles contre les forts. Il y a fort à parier que le prolétariat dans son accession et sa gestion du pouvoir produise lui aussi ses propres inégalités et donc une classe opposante. Inutile de s'étendre sur l'exemple de l'URSS, nous connaissons tous les dérives que le communisme a pu induire.

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