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Commentaire du texte de Tartuffe, acte V, scène VII

Publié le 27/08/2013

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Commentaire du texte de Tartuffe, acte V, scène VII Molière est un auteur reconnu et apprécié du roi Louis XIV quand, à l'occasion d'une fête à Versailles, il fait jouer, en 1664, sa comédie, Le Tartuffe. Mais le royaume est alors divisé autour des questions religieuses et le parti des dévots est puissant. Il s'indigne face à la pièce, et sa cabale oblige le Roi à la faire interdire. Sa représentation ne sera autorisée qu'en 1669 alors que la pièce a été plusieurs fois remaniée. En effet, le sujet de cette pièce est sensible. Il y est question d' Orgon qui a été manipulé et dupé par un faux dévot, l'hypocrite Tartuffe, qui, sous couvert de piété, ne cherchait qu' à s'approprier ses biens et séduire sa femme. Totalement sous son emprise, Orgon a fini par lui faire don de toute sa fortune. Le vrai visage de Tartuffe a été révélé tardivement au chef de famille qui a fini par le chasser de sa maison. Dans cette dernière scène, Tartuffe revient, accompagné d'un exempt, afin de s'emparer des biens de la famille mais aussi dans le but de faire arrêter son ancien bienfaiteur. En effet, comble de la traîtrise, Tartuffe a dénoncé Orgon qui se trouvait en possession de papiers compromettants. Molière dans cette pièce, comme dans toutes ces comédies cherche à dénoncer un vice : ici, l'hypocrisie. Le retour de Tartuffe donne alors à Molière l'occasion de faire un dernier portrait critique du fourbe que nous étudierons tout d'abord. Ensuite nous analyserons, à travers le dénouement inattendu de la pièce, le but véritablement poursuivi par Molière dans cette dernière scène Molière fait un dernier portrait de l'hypocrite qui se dessine à travers les répliques pleines de cynisme de Tartuffe ainsi que celles, ironiques, de la famille d'Orgon. Molière ramène en effet l'hypocrite sur le devant de la scène afin de faire voir son véritable visage d'arriviste et de criminel sans scrupule qui pavoise et savoure son triomphe. Toute la noirceur du personnage peut enfin se révéler, ici, car, accompagné de l'exempt qui représente l'autorité royale, Tartuffe semble en position de force. C'est l'occasion pour Molière de faire un dernier portrait de l'hypocrite dont le cynisme est poussé à son paroxysme. Devant son bienfaiteur dont il a trahi la confiance et qu'il nargue à présent, Tartuffe, bien que démasqué, reste fidèle au personnage de faux dévot qu'il a composé depuis le début. Ainsi fait-il appel à de nobles sentiments, comme sa fidélité au prince, pour justifier son comportement déloyal : « Mais l'intérêt du Prince est mon premier devoir «. Il ne cesse d'ailleurs de mettre en avant son prétendu sens du devoir : « Et je ne songe à rien qu' à faire mon devoir «, un devoir qu'il qualifie même de « sacré «, gage de sa moralité . Faisant preuve d' une hypocrisie sans borne, Tartuffe se réfugie derrière son nouveau rôle d'intermédiaire du prince qui ne cherche qu' à faire appliquer...

« injures n'ont rien à me pouvoir aigrir », « Tous vos emportements ne sauraient m'émouvoir ».

Lorsque Tartuffe donne les raisons de son ingratitude : « De ce devoir sacré la juste violence, étouffe dans mon cœur toute reconnaissance.

», cela signifie que ce n'est que la répression légitime qui s'abat sur Orgon qui dicte sa conduite.

Il se sert ici habilement de l'antithèse : « juste violence ».

Ainsi, non seulement Tartuffe s'abstient de tout remerciement, mais il se permet encore de porter un jugement moral sur son ancien bienfaiteur.

L'emploi de l'euphémisme « étouffer » montre que Tartuffe cherche à minimiser ses fautes car il n'assume pas ses méfaits.

Son plus profond dédain s'exprime enfin dans la réplique qu'il adresse à l'exempt, lui donnant l'ordre de faire emprisonner Orgon : « Délivrez-moi, Monsieur , de la criaillerie », le terme criaillerie ayant une connotation extrêmement péjorative.

L'hypocrite, excédé par les reproches qui lui sont adressés, met fin à sa dernière représentation dévoilant, sous son masque, un personnage extrêmement dangereux et capable du pire pour se venger. Les répliques pleines d'ironie des personnages présents sur scène contribuent également à parfaire ce portrait de l'hypocrite éhonté.

Face à l'imposteur, toute la famille est unie et fait bloc réprouvant la traîtrise de Tartuffe.

La noirceur de ce dernier est ainsi soulignée par l'emploi de nombreux termes péjoratifs dont le champ lexical évoque la trahison et l'ingratitude : « perfidies », « l'infâme », « ingrat », « imposteur ».

Le cynisme de Tartuffe lorsqu'il invoque sa foi est également condamné par Damis de manière sarcastique : « Comme du ciel l'infâme impudemment se joue ! ».

L'habileté de Tartuffe dans l'art de la dissimulation est aussi dénoncée par Dorine dans une métaphore pleine de raillerie : « Comme il sait de traîtresse manière, Se faire un beau manteau de tout ce qu'on révère ! ».

De même, la profonde malhonnêteté de Tartuffe qui se réfugie derrière son devoir pour faire arrêter Orgon est fustigée par Marianne dans sa réplique ironiquement élogieuse : « Vous avez de ceci grande gloire à prétendre, Et cet emploi pour vous est fort honnête à prendre ».

Enfin , Cléante rappelle les agissements immoraux de Tartuffe dans une longue tirade teintée de dérision : « Mais s'il est si parfait que vous le déclarez, Ce zèle qui vous pousse et dont vous vous parez, d'où vient que pour paraître il s'avise d'attendre, Qu'à poursuivre sa femme, il ait su vous surprendre, et que vous ne songez à l'aller dénoncer, Que lorsque son honneur l'oblige à vous chasser ? ».

Il démontre ainsi combien les motivations qui ont poussé Tartuffe à dénoncer Orgon sont peu glorieuses, contrairement à ce qu'il prétend .

Ayant été démasqué alors qu'il cherchait à séduire la femme d' Orgon, ce dernier a été contraint de le chasser .

L'emploi habile et moqueur du terme « zèle » qui, personnifié, tout à coup se substitue à Tartuffe : « [ce zèle] s'avise d'attendre » montre tout le mépris que Cléante a pour le fourbe et ses méthodes.

Reconnaissant ainsi la vérité des propos de Valère contre lesquels il n' a aucun argument, Tartuffe ne répondra pas à ses questions : plein de dédain, il s'adressera alors directement à l'exempt, jusque là resté silencieux.

Le dénouement de la pièce est alors amorcé. On peut dire que le dénouement de la pièce est totalement inattendu, tant par les multiples coups de théâtre qui se succèdent, que par l'hommage qui est fait à la gloire du prince, lui conférant une visée politique évidente. Le retour du traître correspond tout d'abord à un premier renversement de situation .

On sait qu'il revient, accompagné de l'exempt, pour prendre possession de la maison d'Orgon ainsi que pour faire arrêter ce dernier.

La tension dramatique est alors à son comble car on se situe au moment de la crise majeure de la pièce : Tartuffe semble triompher et tout laisse donc penser que la situation va tourner à la catastrophe.

En effet dans ce dénouement-ci tout portait à croire que l'exempt venait pour Orgon et non pas pour Tartuffe.

Les personnages et les spectateurs appréhendent donc l'arrestation d'Orgon qui a été injustement dupé.

Le désespoir d'Orgon qui s'exprime dans de grandes tirades à la tonalité tragique, renforce l'intensité dramatique de la scène : « Traître, tu me gardais ce trait pour le dernier, C'est le coup, scélérat , par où tu m'expédies, Et voilà couronner toutes tes perfidies » ou encore « «Mais t'es- tu souvenu que ma main charitable, ingrat, t'a retiré d'un état misérable ? ».

L'exempt, silencieux,. »

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