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Qu'est-ce que comprendre ?

Publié le 10/10/2009

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  • CONSEILS PRELIMINAIRES

   1. Revoir le cours de psychologie aux chapitres de l'intelligence, du jugement, du raisonnement. Et particulièrement, le rôle du concept.  2. Comprendre est un acte qui touche à bien des domaines. Les diverses définitions de l'intelligence classiquement formulées doivent être ramenées à ce qu'elles ont de plus général. Elles mettent chacune en lumière des moments du processus de compréhension.  3. La question étant très brève, il est bon de formuler dans l'introduction une question qui la précise : par exemple, la diversité des modes de compréhension et cependant l'unité de l'acte de comprendre ; l'analyse prendra de l'intérêt, dans la mesure où elle permettra d'élucider la question posée.  

  •  PLAN
   Introduction : a) Le sentiment d'avoir compris. b) La diversité des objets de compréhension.    I. — Analyse de l'acte de comprendre.  — Saisir.  — Répondre à un problème. -— Analyser.  — Opération abstraite : rôle du concept.  II. — Comprendre, c'est découvrir des rapports.  — découvrir des relations,  des rapports, des structures.  — Rôle du schéma dynamique :  — Paire des hypothèses.  — Opération synthétique.  III. —- Quand a-t-on compris ? L'évidence.  — Savoir expliquer : comment et pourquoi.  — Savoir recommencer. —-« Prévoir.  — Agir.  Conclusion : Compréhension intellectuelle d'un raisonnement et compréhension des êtres et des œuvres d'art.

 

« constituées, et de les appliquer à l'objet actuel, qui précisément n'a d'obscurité pour nous que parce qu'il necorrespond pas exactement ni totalement à ces idées abstraites que nous avons.

Il nous faut donc à la fois nous ytenir — sans quoi nous risquons de ne plus rien saisir —- mais s'en départir assez facilement, — sans quoi nousrisquons de faire comme ces gens qui ont toujours compris avant même qu'on ait commencé de leur expliquer, et quine saisissent rien de ce qu'on veut leur dire ou montrer, simplement parce qu'ils ont mécaniquement substitué àl'idée qu'on voudrait leur faire entendre, l'idée qu'ils ont, eux, dans leur bagage intellectuel, et qu'ils ont cruentrevoir.Aussi l'acte de comprendre ne peut-il être mené à bien que dans le sens d'un progrès et d'un enrichissement desidées.

Comprendre, c'est passer d'une idée sommaire ou trop générale, par une analyse précise, à une idée plusriche et plus complète.

Ce qui revient à dire que comprendre, c'est découvrir les relations qui unissent les élémentsanalysés.Si l'on me parle dans une langue étrangère que je ne connais pas, les mots qui tombent des lèvres de moninterlocuteur réapparaissent comme une suite de sons abandonnés au hasard, comme un balbutiement enfantin,rapide et incohérent.Si, par contre — l'expérience est bien connue de tous les latinistes — je me trouve en présence d'une phrasecomplexe que je ne comprends pas, mais écrite dans une langue dont je connais la syntaxe, je cherche, à partir desformes grammaticales, à découvrir un ordre des divers éléments juxtaposés, des relations qui en unissent les termeset qui en définitive me permettent d'en apercevoir la structure.Dans les phénomènes de la nature, je dis que j'ai compris quand j'ai réussi à découvrir ce rapport essentiel, à la foislogique et constant qui unit un phénomène à un autre, c'est-à-dire quand j'ai découvert la cause.

J'ai pu réaliserdes progrès dans la connaissance du phénomène, et par un raisonnement logique, et par une expérimentationpratique, l'un guidant l'autre, alternativement.Comprendre, c'est donc unir par un rapport stable deux phénomènes ou deux termes, c'est les mettre en rapport,c'est se servir d'un raisonnement pour faire jaillir une synthèse nouvelle, qui n'était pas préalablement discernabledans les éléments séparés.

Bien souvent, l'opération exige quelque tâtonnement.

Ce rapport qu'il faut découvrir, ilest lancé à titre d'hypothèse qui fournit la direction générale de la recherche.

Ainsi, dans la phrase latine, je suispoussé à diverses interprétations, par le sens que je postule à partir du contexte, à partir de certains motsessentiels qui orientent mon esprit.

Rien ne me prouve d'ailleurs que le sens entrevu, à partir duquel je vais essayerde construire la phrase, sera convenable et en accord avec la grammaire.

Je risque d'être entraîné, comme denombreux apprentis latinistes impatients, à m'éloigner du texte, et à comprendre ce qui justement n'est pas dit.Néanmoins je ne saurais me passer de ce schéma dynamique que j'applique à ma phrase obscure, quitte à vérifier enfaisant comme on dit, « la construction », la place de chaque terme dans la structure d'ensemble.

Comprendre,consiste donc en une sorte de va-et-vient, entre le tout et la partie, entre le mouvement d'analyse et lemouvement de synthèse, entre le procédé de la déduction et celui de l'induction.Ai-je bien compris ? Je n'ai compris, en fait, que si le moment arrive où brusquement la totalité des relations seprésente à moi clairement.

En un raccourci de pensée, tout le travail antérieur d'élaboration Se résoud en uneévidence qui me fait saisir l'ensemble et les détails d'un seul coup.

Dès lors, nous sommes assurés d'avoir compris.

Etpourtant cela risque encore d'être peu durable.

Quelquefois, nous avons « saisi », comme en un éclair, et l'obscuritése fait à nouveau.

Le raisonnement, on n'en retrouve plus le fil, le rapport entrevu à nouveau nous échappe.Aussi comprendre n'est pas seulement cet acte qui nous permet d'appréhender pour nous-mêmes.

Comprendre, c'estsavoir expliquer, quand il s'agit d'un problème ou d'une démonstration, c'est savoir utiliser les nouveaux rapportsdécouverts dans une action pratique.

Dans les sciences, nous disons que nous comprenons les phénomènes, lorsquenous sommes capables de les reproduire ou de les prévoir.Du reste, c'est le plus souvent la nécessité de l'action qui, une difficulté se présentant, nous oblige à réfléchir pourcomprendre le comment et le pourquoi des phénomènes.

Un philosophe contemporain a pu dire que la faculté decomprendre n'était qu'une annexe de la faculté d'agir.

Elle n'en est une annexe que si l'on considère que notreactivité est automatisme ou instinct.

En fait, l'acte de compréhension participe essentiellement de notre action.

Lebesoin d'agir se trouve à l'origine de notre activité intellectuelle, et notre action est en quelque sorte la vérificationde notre pouvoir sur les choses, le fait que nous les dominons, parce que nous en comprenons les structures, parl'exercice du raisonnement et de la pensée abstraite.

Il faut le répéter, comprendre, c'est savoir refaire — exécuterou expliquer — ce que nous avons saisi; sinon, comprendre serait une fonction stérile, une sorte de luxe de l'esprit,qui se déploierait pour lui-même et ne supporterait aucune confrontation, aucune épreuve.Il est cependant évident que la compréhension dans le domaine esthétique ne peut aboutir à recréer une œuvre.Est-ce donc qu'il y a une différence fondamentale entre le domaine des sciences, de la logique et du raisonnement,et celui des êtres et des œuvres d'art ? On pourrait le croire.

Il est difficile d'expliquer la conduite d'un homme, oul'une de ses réalisations. Nous l'avons vu, l'acte de comprendre repose sur des idées générales, et sur des relations qui sont, en dernièreanalyse, des principes abstraits de raisonnement.

Or comprendre une œuvre, un être, c'est se rapprocher le pluspossible du concret, de ce qui n'est ni général ni abstrait.

Il y faut d'autant plus d'effort que notre langage et notreculture reposent davantage sur des notions, des termes privés de contenu précis.

Or quoi de plus singulier et deplus résistant aux pensées toutes faites qu'un être ou qu'une œuvre ?La complexité des relations à découvrir est telle qu'on préfère souvent, dans ce domaine, recourir aux intuitionsimmédiates de notre sensibilité, et jouir de ce qu'on appelle justement le plaisir esthétique, mais c'est se priverévidemment de toutes les médiations de la réflexion, qui font, elles aussi, la richesse de notre pensée et même denotre sensibilité dans la mesure où nous pouvons les unir.. »

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