Est-ce condamner l'art que de dire qu'il porte sur les apparences ?
Publié le 23/03/2004
Extrait du document
Mais au fond, qu'est-ce que l'apparence ? Quels sont ses rapports avec l'essence ? N'oublions pas que toute essence, toute vérité, pour ne pas rester abstraction pure, doit apparaître [...] l'apparence elle-même est loin d'être quelque chose d'inessentiel, elle constitue, au contraire, un moment essentiel de l'essence. Le vrai existe pour lui-même dans l'esprit, apparaît en lui-même et est là pour les autres. Il peut donc y avoir plusieurs sortes d'apparence ; la différence porte sur le contenu de ce qui apparaît. Si donc l'art est une apparence, il aune apparence qui lui est propre, mais non une apparence tout court. Cette apparence, propre à l'art, peut, avons-nous dit, être considérée comme trompeuse, en comparaison du monde extérieur, tel que nous le voyons de notre point de vue utilitaire, ou en comparaison de notre monde sensible et interne. Nous n'appelons pas illusoires les objets du monde extérieur, ni ce qui réside dans notre monde interne, dans notre conscience. Rien ne nous empêche de dire que, comparée à cette réalité, l'apparence de l'art est illusoire ; mais l'on peut dira avec autant de raison que ce que nous appelons réalité est une illusion plus forte, une apparence plus trompeuse que l'apparence de l'art [.
«
Pablo Picasso disait que " l'art est un mensonge qui nous permet de dévoiler la vérité".
La question de la vérité dans l'art, c'est -à -dire cette pr oduction ou création volontaire d'œuvres
destinées à plaire; à susciter par leur aspect une appréciation esthétique positive est une
question problématique sur laquelle de nombreux philosophes et artistes se sont penchés ,
d'Aristote aux artistes d'aujourd'hui.
En effet, l'art serait -il vérité en soi- même ou n'appartiendrait- il qu'au domaine de l'apparence?
L'art n'est -il qu'illusion et chimères?
Nous verrons dans un premier temps que l'art n'appartient en effet qu'au domaine de
l'apparence.
Nous opposerons ensuite dans un deuxième temps l'idée que l'art au contrair e s'échappe de la
simple apparence pour être vérité en soi -même.
Nous verrons ensuite que l'art n'est peut -être qu'apparence, mais que là n'est pas la question si
cela nous aide à vivre.
* * *
Tout d'abord, il est évident que l 'art pas vérité pure, qu'il appartient forcément au
domaine de l'apparence puisqu'il n'est que représentation de la nature.
Très souvent et dans beaucoup de domaine, l’art a pour but de représenter la réalité.
Nous avons tous en tête tous ces paysages, portraits, nature mortes pe ints par des artistes de
génies.
Un des principaux préjugés dans l’art de la peinture est d’ailleurs que le but de l’art
serait d’imiter le réel, la nature de la façon la pl us fidèle possible.
Ainsi le portrait devra
ressembler au mieux à son modèle et c’est là que se trouverait le beau.
Dans l'Antiquité, en
matière de représentation, l'art devait imiter la nature, c'est-à -dire avant tout une
représentation de la réalité natu relle ; et en matière d'expression, l'art devait relayer des
notions et des valeurs éternelles (la Passion, la Justice, l'Harmonie, etc.).
Dans la Poétique,
Aristote utilisait déjà en tant que précepte le fait que « l’art imite la nature ».
Imiter est en
e ffet une chose qui est naturelle aux hommes, puisqu’il se construit et grandit en imitant ce
qu’il voit autour de lui.
C’est le principe de « mimesis ».
C’est pourquoi « il est naturel de
prendre plaisir aux imitations » .
En effet, lorsque nous regardons une nature morte ou un
paysage très fidèle à l’objet premier, nous effectuons une opération intellectuelle de
comparaison.
Et plus l’œuvre sera ressemblante au modèle, plus le plaisir esthétique sera
grand.
Dans les fondements de l’art, l’imitation du réel a toujours été un pilier.
Mais imitation
implique donc forcément l’idée que l’art n’est point réalité en soi -même mais appartient au
domaine de l’apparence.
En effet, l’objet peint, soit -il le plus fidèlement possible représenté, n’est pas l’objet
réel mais la simple représentation de celui -ci .
Une œuvre est une création intentionnelle venu
de l’esprit humain, même si l’artiste utilise évidemment un support matériel.
Le peintre
utilisera sa toile et ses palettes de couleurs (matériel) pour créer une œuvre contenu dans son
esprit.
Même si l’art tend vers le réel, il n’appartient pas au domaine de celui -ci.
En effet, une
pomme peinte ne restera que la simple représentation, la simple apparence d’une pomme.
N ous en avons la même vision que si l’objet était réellement devant nous mais ce dernier n’est
peint que sur une surface plane et il nous est impossible d’en faire le même usage que l’objet
d’origine, l’objet copié .
Il ne faut pas confondre la chose et la représentation d'une chose.
Ma gritte dans La trahison des images, sous la représentation servile d'une pipe écrit "ceci.
»
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