Devoir de Philosophie

La condition ouvrière au 19ème siècle en France.

Publié le 20/01/2011

Extrait du document

Classe ouvrière : idée du prolétariat miséreux, déshérité, broyé par la Révolution Industrielle.

 Idée diffusée par la littérature et les arts.

Ex : Germinal – Zola : à travers le personnage d’Etienne Lantier, Zola décrit les conditions de travail et de vie des ouvrières des mines du Nord de la France.

 

Classe ouvrière = fruit de nombreuses évolutions :

Politiques : instabilité des régimes politiques + nombreux courants idéologiques.

Economiques : Révolution Industrielle

Sociales : passage de la société d’Ancien Régime à la société moderne fondée sur l’égalité de droit.

 

Apparition et formation de la classe ouvrière au 19ème siècle.

 

Le 19ème siècle : un siècle de changements et de bouleversements.

 

 Contexte politique du 19ème siècle en France :

_ Forte instabilité politique :

Consulat & Empire de Napoléon Bonaparte.

Retour de la Monarchie : Louis XVIII / Charles X / Louis Philippe 1er.

1848 : Seconde République avec Louis Napoléon Bonaparte.

1852 : Second Empire avec Louis Napoléon Bonaparte.

Années 1870 : Retour et enracinement de la République (IIIème République)

_ Siècle de la formation de l’Etat-Nation et d’étatisation de la société.

 

 La Révolution Industrielle en France.

Révolution Française de 1789 : ralentit la Révolution Industrielle française.

conservation de l’équilibre d’Ancien Régime entre les différents secteurs d’activité.

Absence de take off (contrairement à l’Angleterre)

 La classe ouvrière reste marginale.

1880 : 47,5% des actifs travaillent dans le secteur agricole (contre 25% en Angleterre)

 Faiblesse du prolétariat d’usine / prolétarisation inachevée.

 

Répartition des ouvrières par secteur d’activité.

 

Ouvrier = individu louant ses services en échange d’un salaire pour un travail artisanal, industriel ou agricole.

1848 : 1,2 millions d’ouvriers industriels

1866 : 2,75 millions (et 1,3 millions de patrons)

1880 : 3 millions

 

Secteur : Nombre d’ouvriers en milliers Nombre d’ouvriers en %

Textile 1 426 51,81 %

Bâtiment 376 13,67 %

Industrie des métaux 339 12,31 %

Industrie du bois 284 10,32 %

Alimentation 115 4,18 %

Industrie extractive 68 2,47 %

Energie 58 2,11 %

Industrie du papier 55 2 %

Chimie 31 1,13 %

Total 2 752 100 %

 

 Prépondérance du secteur textile au 19ème siècle CAR :

_ L’industrie textile se mécanise plus lentement en France :

1800 : 143 machines à vapeur en Angleterre contre 6 en France & Belgique en 1806.

1835 : 90 000 matiers mécaniques pour le filage du coton en Angleterre contre 5 000 en France.

_ Enorme quantité de filés sur le marché qui est transformé par les ouvriers ruraux à domicile.

Maintien du nombre élevé d’ouvriers dans le textile.

 

Secteur de la métallurgie : multiplication des métiers => naissance d’une nouvelle catégorie de travailleurs qualifiés = « aristocratie ouvrière «.

 

Le monde ouvrier : conditions de travail, conditions de vie.

 

La condition ouvrière synonyme de misère prolétarienne.

 

 Rapport Villermé.

Louis René Villermé (1782 – 1863) : médecin chirurgien français et sociologue membre de l’académie des sciences morale et politiques, pionnier de la médecine du travail. Il publie en 1840 le « Tableau de l’état physique et moral des ouvriers dans les fabriques de coton, de laine et de soie «.

 

 L’image du prolétariat.

Prolétariat = la machine le définit : étant donné la faiblesse de son salaire, le travailleur est dans l’incapacité d’acquérir les moyens de production que le développement des sciences et des techniques rend toujours plus onéreux.

Michelet : avant le métier se conformait à l’homme, « là au contraire, il faut bien que l’homme se conforme au métier «.

 

 L’enfermement des ouvriers, conséquence de la Révolution Industrielle.

Utilisation croissante de machines => concentration de la main d’œuvre dans de grands établissement et ateliers insalubres : l’enfermement se généralise.

 

 Durée de travail et salaires.

_ 13 à 15h de présence par jour avec 2 pauses pour déjeuner et dîner / plus de 300 jours ouvrables par an.

_ Salaires hiérarchisés selon le sexe et l’âge :

Enfants = 0,30 Fr par jour

Femmes = 0,5 à 1 Fr par jour

Hommes = 1 à 2 Frs par jour

Hommes qualifiés = jusqu’à 10 Frs par jour (forgerons, charpentiers, graveurs, dessinateurs, etc.)

_ Instauration du salaire aux pièces sous la Monarchie de Juillet : la rémunération dépend de la vitesse d’exécution, ce qui augmente les cadences de travail des ouvriers.

 Les salaires permettent à peine de subvenir aux besoins de la famille (se nourrir, se vêtir, se loger) si bien que parfois les mères vont jusqu’à se prostituer.

 

 Conséquences.

Conditions de travail pénibles dans des ateliers insalubres :

Courbatures, énervement, fatigue

Infections graves et accidents mortels dans les mines et la métallurgie

Conditions de vie : promiscuité, sous-alimentation, fatigue :

Mortalité très élevée dans les quartiers populaires ouvriers

Typhoïde, méningite, tuberculose, syphilis.

Concentration des ouvriers en ateliers  concentration des ouvriers dans les villes autour des usines.

Graves crises de logements :

Les gens s’entassent dans des caves, greniers, baraques, dortoirs.

Problèmes de déracinement et de désarticulation de la structure familiale traditionnelle.

 Pour y remédier : construction de cités ouvrières dès les années 1850 :

1853 : construction de la première cité ouvrière par les patrons de l’industrie textile mulhousienne.

1859 : construction du Familière de Guise par Jean-Baptiste André Godin.

 

Rôle des femmes, des enfants, des immigrés et des ouvriers paysans.

 

Machinisation de l’industrie : travail plus simple et répétitif => généralisation de l’emploi des femmes et des enfants.

1840 : main d’œuvre féminine et enfantine = 75% de la main d’œuvre du secteur textile.

 

 Main d’œuvre féminine.

1856 : 14 millions d’actifs dont ⅓ de femmes.

Industrie de l’habillement : 75% de femmes.

Industrie textile : 45,7% de femmes.

Industrie de la chimie : 40% de femmes.

 Plus le travail est mécanisé et déqualifié, plus la proportion de main d’œuvre féminine est importante.

 

Main d’œuvre enfantine.

Début de la vie active enfantine en moyenne vers 8 ou 9 ans voire plus tôt.

Le secteur textile dévore les enfants : ils sont rattacheurs de fil, nettoyeurs de bobines, ils surveillent les machines. Dans les mines et les industries métallurgiques, ils sont manœuvres, ils poussent les chariots et peuvent se glisser partout. S’ils travaillent, c’est que leur famille a besoin de leur salaire pour survivre.

 

Main d’œuvre étrangère.

1847 : 340 000 ouvriers immigrés en France dont 250 000 à titre provisoire.

1880 : 1 million d’ouvriers immigrés.

 Main d’œuvre composée en partie de familles ruinées venues d’Allemagne et de Suisse.

 

 Ouvriers paysans.

Activité très rattachée aux campagnes pendant le 19ème siècle : beaucoup de ruraux exercent une activité industrielle en plus de leur activité agricole.

Exemple : Textile mulhousien : 85% du tissage se fait dans les campagnes alsaciennes et vosgiennes.

Le développement des transports a d’abord favorisé l’activité industrielle « délocalisée « dans les campagnes.

 Villes = centre de gestion et de commercialisation

      Campagnes = activité de production

Exemple : Industrie de la soie du quartier de la Croix Rousse de Lyon en 1860 : 300 000 employés dans un rayon de 150 à 200 km autour de la ville.

 

La misère prolétarienne : une idée à ne pas généraliser.

 

Tous les ouvriers ne sont pas des prolétaires et ne vivent et travaillent pas dans des conditions misérables. Cependant, cette généralisation a été diffusée par la littérature et certains groupes politiques. Or Villermé rappelle lui-même qu’il ne faut pas généraliser cette idée de misère extrême à l’ensemble de la classe ouvrière : l’enfermement dans des grands ateliers n’est pas pire que celui des petits ateliers, au contraire.

Norbert Truquin : ‘‘ Mémoires d’un prolétaire ’’ : « la situation des ouvriers de fabrique était bien plus tolérable que celle des ouvriers de chambre. Rien n’est plus abrutissant que le travail dans un local étroit quoi qu’il paraisse être plus libre «.

 Les ouvriers de campagne ne sont parfois pas mieux lotis que ceux des usines, que les prolétaires. D’autant que la très forte accroche des ouvriers aux campagnes n’a pas permis le développement d’un réel prolétariat en France. Michelet estime la part des prolétaires à 1/15 des effectifs ouvriers. L’image prolétarienne n’est donc pas à généraliser.

Cette vision a été diffusée aussi pour des raisons politiques : sous la Monarchie de Juillet, tous ceux qui souhaitent la chute du roi Louis Philippe 1er voient dans le prolétariat l’instrument privilégié pour ébranler la stabilité du régime : nombre d’enquêtes sont commandées à des fins politiques et non scientifiques.

 

Evolution de la législation vis-à-vis du monde ouvrier.

 

_ Très peu de législation jusqu’au milieu du 19ème. Le Rapport Villermé provoque la création de :

1841 : loi sur le travail des enfants dans les manufactures limitant l’âge d’admission dans les entreprises de plus de 20 salariés.

1850 : loi d’urbanisme interdisant la location de logements insalubres.

Puis d’autres lois voient le jour :

1851 : loi limitant la durée du travail des enfants.

1882 : Loi Jules Ferry sur l’enseignement laïc obligatoire.

1884 : loi sur la reconnaissance du droit syndical.

1900 : loi limitant la durée de la journée de travail à 10h.

1919 : premières lois sur les assurances sociales (maladies, vieillesse, famille)

 

_ Législation croissante + Reconnaissances ds groupes syndicaux + Création du ministère du travail par Clemenceau  prise en compte de la société ouvrière et amélioration progressive des conditions de travail et de vie.

Liens utiles