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Les Confessions de Rousseau

Publié le 27/07/2010

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Eléments de biographie et circonstances de la rédaction L’autobiographie et le contexte d’écriture : A partir de 1761, Rousseau est de plus en plus obsédé par la hantise d'un complot qui se trame contre lui. Si auparavant certaines de ses œuvres, comme La nouvelle Héloïse (1761) ont connu un succès important, dès lors, tout change. Victime d'une sorte de paranoïa, l'écrivain est persuadé que tout le monde lui en veut. Il est vrai qu'il peut avoir quelques raisons de le penser. En effet, ses écrits sont de plus en plus contestés: d'abord son ouvrage sur l'éducation L'Emile (1762) puis la Profession de foi du Vicaire Savoyard, sont interdits. Menacé d'arrestation, Rousseau doit s'exiler en Suisse. C'est là qu'il décide d'écrire l'histoire de sa vie et qu'il rédige d'abord une ébauche de son portrait par lui même. En 1764, il est vivement mis en cause par Voltaire qui, dans un pamphlet anonyme, le Sentiment des citoyens, lui reproche principalement l'abandon de ses cinq enfants à l'assistance publique (ce geste, Jean-Jacques le regrette, et même s'il a tout fait pour venir en aide à Thérèse Levasseur, la mère de ses enfants, il en éprouve toujours le plus vif remords). De plus, il se croit gravement malade et pense qu'il va mourir sous peu. C'est dans ces circonstances défavorables qu'il entreprend, début 1765, la rédaction des Confessions. L'état d'esprit de Jean-Jacques va se retrouver dans l'œuvre et dans sa composition. Il existe ainsi un contraste assez net entre les livres 1 à 6, au ton assez léger, tendre, qui nous font rencontrer un être assez ordinaire, et les livres suivants (7 à 12) qui comportent des épisodes plus frappants. On y découvre alors le caractère assez extraordinaire de la vie de Rousseau. Chaque événement heureux y est suivi d'un malheur, d'une désillusion. En 1771, l'œuvre est achevée et Rousseau entreprend des lectures publiques, bien vite interdites. Réduit au silence, l'écrivain se résigne à une totale retraite, ce qui ne l'empêche pas d'écrire des textes consacrés à la défense de sa mémoire devant la postérité. Les Confessions seront publiées de façon posthume entre 1781 et 1788. Cette œuvre autobiographique, qui lui permet de répondre à certaines accusations, de se justifier par un livre d'une sincérité sans exemple, a des accents très modernes par l'importance qu'elle accorde à l'évolution psychologique. Elle a aussi pour objectif de montrer que la singularité de son auteur a été de toujours suivre la nature.

Le titre :

Rousseau emprunte à Saint Augustin (354-430), le titre de l'œuvre. Écrite vers 400, l'œuvre du saint raconte l'histoire d'une conversion. Le premier sens du mot confession est, dans la religion catholique, l'aveu qu'un fidèle (le pénitent) fait de ses péchés devant un prêtre. La confession, ou sacrement de pénitence, s'achève par l'absolution des péchés (effacement d'une faute par le pardon, rémission des péchés). Par extension, le mot désigne le fait de reconnaître une action blâmable en la racontant, et plus généralement encore le fait de se confier. Dans l'entreprise de Rousseau, présentée dans le préambule, il est assez difficile de différencier les deux sens. En effet, l'auteur se livre avec franchise en exposant sa vie et ses actions (sens élargi du mot). Mais la scène du jugement dernier et le discours adressé au souverain juge ramènent au premier sens et à son origine religieuse. L'écrivain annonce donc un examen de conscience et l'aveu de ses fautes devant Dieu et devant les hommes dont il souhaite se livrer au jugement et dont il attend avec assurance l'absolution.

Autres interprétations possibles :

Un troisième sens, qui pourrait s'appliquer ici, pour le mot « confessions «: Action de faire profession de foi religieuse (ex: la confession de St Antoine), l'affirmation de ses croyances Ainsi, pour Rousseau, "l'homme nait bon, la société le corrompt" fait partie des idées qu'il défend ; le récit de sa vie va être l'illustration de cette conviction profonde, de ses croyances (au sens non religieux du terme). En architecture on appelle une confession, une petite crypte. C'est un endroit très étroit où sont conservées des reliques de martyrs. Cette œuvre serait donc comme une crypte où l'on voit les reliques de Rousseau se considérant comme un martyr.

Confessions ou confidences ? :

Même si Dieu est évoqué dans le préambule, Rousseau s'adresse surtout aux hommes, et l'aveu des fautes n'obéit pas vraiment à une intention religieuse. Ainsi, il fournit des justifications plus que des aveux. Lorsqu'il évoque des fautes graves (le plaisir coupable ressenti lors de la fessée, le vol du ruban et l'accusation d'une innocente, l'abandon de M. Le Maître à Lyon), il excuse ses torts, ne dit pas ressentir de regret. Il joue en fait le rôle du pénitent et celui du prêtre, et s'accorde le pardon. Il y a ainsi une vertu cathartique de l'écriture. De même, dans le préambule, il se met en scène lors du jugement dernier, demandant à Dieu la reconnaissance de sa sincérité... et non le pardon, qui devrait être le but de la confession. Sa façon particulière de présenter les faits lui permet parfois de persuader le lecteur de son innocence. Lors de l'épisode de la fessée par exemple, l'accent est mis sur la difficulté de l'aveu, et non sur la faute en elle-même. La faiblesse devient une force, puisque la confession est présentée comme un acte de franchise qui inspire au narrateur plus de fierté que de honte. Par ailleurs, Rousseau souhaite captiver son lecteur durant des centaines de pages, l'intéresser à sa vie. Pour atteindre ce but, l'écrivain doit donc faire en sorte que son lecteur joue un rôle dans l'œuvre et qu'il s'attache au personnage principal. C'est pourquoi il s'adresse souvent à lui comme à un ami. Les confessions sont aussi des confidences. A plusieurs reprises, on y trouve l'emploi de l'impératif: «écoutez...«, les questions impersonnelles: «Qui pourrait croire que...« ou encore l'emploi de l'apostrophe: «Lecteur pitoyable ! Partagez mon affliction !«. Parfois encore, il s'établit une conversation imaginaire entre Rousseau et son lecteur. Enfin, lorsqu'il entame la rédaction des Confessions, Rousseau ne saurait se contenter d'écrire l'histoire de sa vie dans le simple but de parler de lui. Certes, l'écriture de soi repose, on l'a dit, sur la volonté de produire un plaidoyer personnel, de se justifier, mais il y a aussi dans son œuvre une dimension plus universelle: il souhaite rétablir la vérité sur l'homme. En montrant que la société condamne parfois à tort, sur des apparences et sans jugement, il prétend donc œuvrer pour l'humanité toute entière et se poser en témoin de l'humanité dans l'homme.

L'autobiographie :

L'autobiographie peut être définie ainsi: « récit rétrospectif en prose que quelqu'un fait sur sa propre existence quand il met l'accent principal sur une vie individuelle, en particulier sur l'histoire de sa personnalité. «. (Ph. Lejeune, Le Pacte autobiographique). Dans l'autobiographie, il y a donc identité entre auteur, narrateur et personnage. Les Confessions répondent bien à cette définition; on y trouve toutes ces caractéristiques: c'est un récit, dans lequel le personnage central est aussi le narrateur, et l'auteur (voir GF P.44). Ceci n'empêche pas que le narrateur possède un certain recul par rapport au héros présenté dans les premières lignes: alors que l'enfant, puis l'adolescent, ignorent ce que le sort leur réserve, le narrateur, devenu adulte, profite de l'expérience. Il sait par exemple ce qui va arriver à son personnage, autrement dit à lui-même ; il connaît les conséquences de certains actes. D'autres que Rousseau ont écrit sur eux-mêmes: Le Cardinal de Retz (XVIIe siècle) le Duc de Saint-Simon (XVIIIe) Chateaubriand (XIXe), le Général de Gaulle (XXe). Chacun d'eux a écrit des "Mémoires" (Chateaubriand les nomme Mémoires d'outre tombe), mais contrairement à Rousseau (et aux autres auteurs d'autobiographies qui proposent une réflexion sur leur propre personnalité), les auteurs de mémoires réfléchissent surtout sur leur action publique.

Le pacte autobiographique :

C'est l'affirmation dans le texte de l'identité qui existe entre auteur, narrateur et personnage. Chez Rousseau, ce pacte se trouve dans le préambule. Le projet relève donc du genre autobiographique, mais il s'apparente aussi, par certains aspects, à d'autres genres.

Similitudes avec le roman picaresque :

Né en Espagne au début du XVIe siècle, le roman picaresque est un récit à la première personne d'un héros sympathique et malchanceux, le picaro qui change sans cesse de milieu, de ville, d'amour, le plus souvent bien malgré lui (Le roman picaresque français le plus célèbre est le Gil Blas de Santillane (1715-1735), de Lesage). L'œuvre de Rousseau semble répondre dans une assez large mesure à cette définition puisque comme le picaro, Jean-Jacques passe d'un univers à un autre sans l'avoir vraiment choisi. Il fait des rencontres inattendues, connaît des revers de fortune, se retrouve fréquemment à la rue... De plus, on assiste dans l'œuvre à une succession rapide d'aventures sans lendemain, d'épisodes décousus qui peut faire penser au parcours chaotique et romanesque du picaro. De même, comme le héros des romans picaresques, il est parfois guetté par la tentation de suivre des vauriens (les "mauvais garçons" comme Bâcle, Venture), n'a pas de vraies attaches familiales, ne se lie pas de façon définitive avec ses amis ou avec les femmes dont il s'éprend. Toutefois, deux éléments interviennent qui lient les séquences du récit et qui montrent en même temps les limites de cette interprétation : le moi sert toujours de toile de fond et la présence de Mme de Warens, qui incarne la stabilité et l'équilibre.

Rapports avec le roman de formation: similitudes... et limites :

Le roman d'apprentissage (ou roman de formation) est un genre littéraire qui s'épanouit au XIXe siècle et met en scène un héros jeune, beau et pauvre, partant de sa ville natale pour aller tenter sa chance dans la société (ex: Le Rouge et le Noir de Stendhal, Le Père Goriot de Balzac ou encore Bel-Ami de Maupassant). Les Confessions semblent obéir à ce modèle, d'autant que comme dans le roman de formation, le voyage joue un rôle assez important, de même que les amours. Toutefois, Jean-Jacques n'est pas un arriviste, ambitieux, il n'est pas non plus un être volontaire. Il subit les événements plus qu'il ne les maîtrise. Par ailleurs, il ne montre pas d'aptitude à comprendre les lois de la société. Plus il vieillit, plus il ressent le désir de fuir les hommes. Il ne se satisfait d'aucune place dans une société qu'il juge fondamentalement mauvaise.

Les caractéristiques des Confessions Le mythe de l'état de nature :

Dans Discours sur les Origines et les Fondements de l'Inégalité parmi les Hommes (1755), (littérature 1ère, Nathan, P. 158) Rousseau démontre que l'inégalité qui régit les rapports humains est le produit de la société. Selon lui, l'homme naît naturellement bon, c'est la société qui le corrompt. De la propriété provient l'inégalité et le mal. Les Confessions, sont en quelque sorte l'illustration de cette théorie, dans la mesure où Rousseau y exprime une certaine rancœur contre la société en général. «Ma naissance fut le premier de mes malheurs«, écrit-il dés les premières pages. Toute la suite semble tendre à prouver qu'enfant, puis adolescent, épris de vertu il a été perverti par la société. C'est le sens du fameux épisode du peigne brisé (GF, P. 56) qui relate une prise de conscience de l'injustice (en pension chez le pasteur Lambercier, Jean-Jacques est accusé injustement et reçoit en punition, une fessée qu'il n'a pas méritée). C'est le premier apprentissage de l'âge d'homme, de l'imperfection du monde adulte et la fin de l'âge d'or de l'innocence. On voit ainsi se dessiner dans l'œuvre deux mondes séparés: celui de l'enfance, largement idéalisé par Rousseau, et celui des adultes, dont il dresse le plus noir des tableaux. Rousseau s'incarne sous les traits d'un être à l'innocence déchue. Il illustre ainsi par un exemple concret (le sien), sa théorie générale sur l'opposition entre la nature (à laquelle se rattache l'enfant qui ne possède que sa bonté naturelle et sa vertu primitive) et la société (le monde des adultes avec ses vices).

Rousseau, le premier psychologue moderne :

On peut considérer Rousseau, du fait de la recherche qu'il entreprend sur lui même, comme le premier psychologue moderne. Ainsi les Confessions, sont moins le récit objectif d'une vie (des mémoires) qu'une tentative d'introspection visant à faire comprendre l'évolution d'un individu, à expliquer ce qu'il est par rapport à ce qu'il a été. Certains épisodes et certains aspects du comportement peuvent par ailleurs être analysés et plus facilement compris par le biais de la psychanalyse. Parce qu'il souligne l'importance de l'enfance dans la formation de la personnalité, Rousseau préfigure et annonce en effet cette discipline. Les psychanalystes ont tenté, en retour, d'expliquer le comportement amoureux de Rousseau. Ils ont ainsi mis en évidence le fait que celui-ci se sent coupable de la mort de sa mère. Celle-ci le culpabilise: «je coûtai la vie à ma mère«, écrit-il au début du livre I. Son père a sans doute renforcé plus ou moins consciemment ce sentiment de culpabilité. Dès lors, la conduite de Jean-Jacques est souvent orientée autour de la volonté d'être châtié, corrigé: (CF l'épisode de la fessée, GF P. 53-54) ou bien celle de demander pardon. C'est un aspect important, parmi d'autres, des Confessions. Mais d'un autre côté, la psychanalyse se méfie un peu de l'autobiographie. Pour elle, le sujet a souvent construit des objets pour satisfaire ses intentions imaginaires. Freud souligne d'ailleurs à propos d'un souvenir d'enfance raconté par Goethe, que lorsqu'on raconte ce qui nous est arrivé dans la toute première enfance, on est souvent amené à confondre ce que d'autres nous ont raconté avec ce que nous possédons réellement de par notre propre expérience.

Vers la sincérité et la vérité :

On assiste, avec les Confessions, à la naissance d'un genre littéraire qui deviendra un classique. Rousseau insiste sur sa volonté de tout dire. Il prétend ne rien dissimuler. Ainsi, dans le domaine de la sexualité, il avoue des choses qu'il préférerait laisser sous silence (penchant masochistes , tendances exhibitionnistes...) En fait, les Confessions font entendre deux voix en alternance: celle de la narration poétique et romanesque dans le récit des épisodes, et celle de l'analyse critique, qui ajoute aux événements une interprétation. L'une est la voix du passée, l'autre celle du présent. Or les deux sont souvent liées. Le travail de la mémoire consiste à expliquer ce qu'il est devenu par ce qu'il a été. Son éducation et ses années d'enfance et d'adolescence aident à comprendre sa personnalité. Cette forme d'introspection du moi, servie par une grande lucidité et une grande profondeur d'analyse, invente avant l'heure la psychanalyse moderne. Au-delà du propos originel de l'auto-justification, elle donne aux Confessions une dimension universelle: celle d'un formidable document humain sur la complexité de l'âme.

*Les limites de la sincérité et de la vérité :

D'abord, il est impossible de tout raconter (il faudrait des milliers de pages) et les imprécisions de la mémoire interviennent aussi. L'œuvre est écrite assez tardivement par rapport aux événements qu'elle relate (en particulier pour les premiers livres qui racontent l'enfance et l'adolescence) et porte la trace de ce décalage: deux êtres coexistent en un seul de part et d'autre du temps: le jeune Jean-Jacques, à l'âme romanesque et enthousiaste, et le Rousseau vieillissant, nostalgique et mélancolique, qui donne aussi son point de vue sur les événements. Consciemment ou non, le narrateur fait subir à la vérité des distorsions: il va par exemple s'attarder sur certains événements heureux et passer plus rapidement sur d'autres. Il dramatise parfois des incidents sans importance ou idéalise des situations vécues. Dans les relations avec Mme de Warens, par exemple, on remarque qu'à chaque fois, c'est elle qui prend l'initiative de s'éloigner de lui. Est-ce qu'elle tient tant à sa compagnie ? Toujours est-il que Rousseau fait des premiers livres un roman d'amour dont l'héroïne est Mme de Warens. En outre, il insiste tant sur ses faiblesses qu'on peut, par moments, le soupçonner de quelque exagération, liée au fait qu'il se sentait persécuté. Les tendances paranoïaques de l'écrivain transparaissent, aussi dans une certaine mesure, dans l'œuvre. Le lecteur est amené à faire la part des choses. En fait, les Confessions sont un ouvrage de bonne foi. Mais le narrateur oscille sans cesse entre la volonté d'être sincère et le désir de se justifier et de présenter sa propre vision des choses. D'un autre côté, en fournissant un témoignage authentique d'un être sur lui-même, Rousseau veut aussi nous faire réfléchir sur l'humanité en général. Selon lui, son ouvrage qui, «peut servir de première pièce et de comparaison pour l'étude des hommes, qui certainement est à commencer« (P. 38) prend donc un caractère universel. Développement des idées de Rousseau L'histoire de Rousseau, racontée dans les Confessions, expose la chute de l'enfant chéri à l'enfant perdu à travers le trois mythes : celui de l'âge d'or (il perd progressivement son innocence et le bonheur comme aux premiers temps de l'humanité), celui du paradis terrestre (il quitte l'univers du Bien pour celui du Mal, comme Adam et Ève), et celui de l'état de nature (hypothèse philosophique qui lui permet de réfléchir sur les fondements de la société). Pour Rousseau, l'enfance est plus qu'un âge privilégié, c'est un état d'innocence dont il parle toujours avec respect ; il en a une conception originale qui s'appuie sur trois grands mythes de l'innocence perdue.

1. Les idées philosophiques et politiques

- La religion : Il a toujours été croyant mais pas comme les gens des deux confessions dominantes ; les principes de piété sont une tradition familiale (c'est un petit-fils de pasteur genevois). Converti par les charmes de Mme de Warens et conscient "qu'une religion prêchée par de tels missionnaires ne pouvait manquer de mener au paradis", il crée le personnage du vicaire savoyard qui affirme sa croyance dans une Providence bienfaisante et fait entendre la voix de la conscience. Toutefois il proclamera la supériorité du protestantisme en disant : "Le catholique doit adopter la décision qu'on lui donne, le protestant doit apprendre à décider." - La fatalité : L'idée qu'un obscur dessein se complote contre Rousseau, qu'une conspiration se dresse contre sa liberté est un fil directeur de cette autobiographie. Le destin offre une explication aux tribulations successives de Rousseau qui va de paradis perdu en paradis perdu ; il les justifie en leur conférant une sorte de nécessité. Il découvre le sens et la globalité de cette destinée en accumulant les expériences et les détails de son analyse a posteriori. Sa naissance est le premier maillon de sa destinée malheureuse : "Ma naissance fut le premier de mes malheurs.", écrit-il au livre I. Il faut voir dans cette fatalité la portée dramatique et sa fonction narrative : Rousseau est le héros tragique de ces situations de catharsis (mot grec signifiant, en littérature, le "mieux-être", le soulagement, l'élévation). Explication de l'autobiographe ou justification de ses responsabilités, Rousseau suggère que cette fatalité l'empêche de s'épanouir et l'arrache à ses dispositions réelles et à l'existence espérée. A sa décharge, il est conscient de sa responsabilité et de cette solution trop facile qui consiste à tout imputer son comportement au destin ; seules importent, en fait, la sincérité et la pureté des intentions et des sentiments plus que les faits réels. La théâtralisation de certaines anecdotes ou situations accentue encore cette dimension de l'œuvre en ménageant des effets de retardement narratif par des élans lyriques ou des coups de théâtre. - Condamnation de la société : Rousseau ne se comporte pas comme un héros ambitieux : ce n'est pas un roman d'apprentissage où un être jeune ambitieux se forme au contact du monde et se transforme dans le temps en développant des qualités personnelles à l'occasion d'une série d'expériences. Au terme de son existence, Rousseau accède à l'âge d'homme, et à une sorte de maturité ou de sagesse qui le met en possession de lui-même. Il ne s'adapte pas à la société mais s'en échappe progressivement et ressent le désir de fuir les hommes ou de contester la manière dont ils se comportent : "Plus j'ai vu le monde, moins j'ai pu me faire à son ton" (livre IV). Rousseau veut faire réfléchir le lecteur à partir de sa propre expérience, sur la société à laquelle il reproche d'asservir et de corrompre l'individu. Rousseau a condamné ce principe de vie en société dans ses ouvrages de philosophie politique écrits avant les Confessions (_Discours sur les sciences et les arts, Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, Du contrat social_). Selon lui, plus l'homme vit en société, plus il se soumet au pouvoir des autres et renonce à sa liberté. Rousseau ne prétend pas redresser le monde dans lequel il vit, il plaide pour certaines valeurs civiques : il combat contre l'injustice grâce à son intelligence (scène de la leçon grammaticale), le courage et le sens de l'honneur au service de la liberté (conception gréco-romaine qui rend la servitude honteuse), l'esprit libre et républicain (lat. res publica, chose publique) : l'exemple est, pour lui, la cité genevoise. _- D'un point de vue _littéraire: les préoccupations de Rousseau s'opposent à celles de son époque. Le XVIIIe siècle est le siècle des Lumières : l'esprit et la raison triomphent et les écrivains veulent que les clartés de l'intelligence règnent sur l'univers. Il choisit la sensibilité contre la raison d'un Montesquieu, la sincérité contre l'ironie d'un Voltaire, l'individu contre la société : il tourne ainsi le dos aux débats littéraires de son époque et se marginalise. Dans les Confessions, il associe narration et analyse psychologique (phénomène d'introspection) et oscille sans arrêt entre le désir et la loi. Rousseau apparaît comme un rêveur romantique qui a été influencé par ses lectures d'enfance : l'univers des romans médiévaux est fortement présent ; il préfère les créatures de son imaginaire à la réalité. Lecteur de Gil Blas de Lesage, Rousseau découvre le roman picaresque (œuvre mettant en scène les mésaventures d'un picaro) et le picaro (marginal vivant d'expédients et parodiant les héros des romans chevaleresques sans scrupule, qui vagabonde à travers les divers milieux sociaux) auquel il s'identifie. Sa fréquentation de tous les milieux lui permet de faire découvrir à travers ses récits les masques et les types sociaux des plus aristocratiques aux plus humbles : "Tantôt héros, tantôt vaurien" (livre III), dit-il de lui-même. Enfin, par opposition au refoulement de l'intimité, les nouvelles formes d'écriture romanesque qui se mettent en place dès la fin du XVIIe siècle, témoignent de la mise en scène d'un sujet romanesque fondateur de l'effet de vérité du texte. Romans picaresques, histoires secrètes, et plus encore romans par lettres signalent le besoin de créer l'illusion d'une communication immédiate où l'effet de vérité tient à la reconnaissance intime d'un sujet écrivant par un sujet lisant.

2. Le goût pour la nature et la rêverie

La nature occupe une place centrale dans sa philosophie : il réfléchit sur l'état de nature (état mythique où l'homme vit dans un état d'innocence et de liberté, opposé à l'état social où l'homme est asservi). Mais avant d'être une notion, la nature est d'abord paysage : le jeune Jean-Jacques y ressent des émotions vives qui vont façonner sa sensibilité et sa mémoire. Rousseau, très sensible mais peu attentif aux objets qu'il a sous les yeux, décrit peu la nature (les descriptions sont rares et brèves dans son récit) ; pour lui le spectacle de la nature est plutôt l'occasion d'un mouvement de rêverie qui prend différentes formes. La rêverie idyllique et rétrospective lie un paysage à des personnes aimées (Mme de Warens associée au paysage que Jean-Jacques voit de sa fenêtre à Annecy). Cette rêverie imaginaire s'épanouit de façon euphorique, et projette Jean-Jacques vers un futur pressenti comme heureux. Elle prend une forme sensuelle et gourmande ou une forme pastorale et fait voir la campagne à travers certains clichés empruntés à des lectures romanesques. Le paysage campagnard : simplicité, innocence, abondance. La nature de Bossey est la simplicité et à l'innocence de l'enfance, à l'atmosphère paisible. Bossey est le paradis de l'enfance dont la perte coïncide avec celle de l'innocence. La nature champêtre est prodigue. Rousseau la voit toujours abondante et nourricière. Jean-Jacques jouit de cette abondante simplicité avec autant de sobriété Le paysage alpestre : Rousseau goûte aussi les paysages de montagne. Il y ressent, au spectacle d'une nature sauvage, primitive, moins civilisée que les jardins de l'enfance, un autre type de plaisir, où la peur et la solitude s'ajoutent aux joies simples ressenties dans un accord du moi et de la nature. Ce goût pour une nature sauvage et tourmentée, les gouffres et les précipices, est nouveau dans la littérature et les arts, et caractéristique de la sensibilité pré-romantique. Par contraste avec la nature et ses décors, la ville, lieu de l'artifice et de l'aliénation, présente un aspect désolant et dégradé. Un paysage rousseauiste n'est pas seulement un lieu qu'a visité Jean-Jacques ; les seules références à ces voyages sont littéraires ou psychologiques. Ces sites n'intéressent pas Jean-Jacques et le narrateur ne les évoque que de manière allusive. Les montagnes stimulent l'énergie du marcheur et éveillent la nostalgie du rêveur et nourrissent aussi l'inspiration de l'écrivain. Rousseau est d'autant plus passionné par la nature qu'elle constitue, pour lui, le monde des sensations. Le plaisir physique de la marche à pied est lié à la sensation de liberté, d'indépendance, d'absence de contraintes (aller sans savoir où) ; cela peut aller jusqu'à l'exaltation, à l'euphorie, au sentiment de toute puissance. Le mouvement de la marche favorise le mouvement de la rêverie où la solitude du marcheur est peuplée par tout un monde intérieur. La fascination de Rousseau pour les émotions qui envahissent l'homme en présence de la nature et lui permettent d'écouter son être authentique annonce les correspondances qu'établiront les romantiques entre le paysage et l'état d'âme.

3. Le rôle de la mémoire

Rousseau n'envisagera donc l'authenticité que comme stratégie ou comme mythe, lui qui ne se consacre qu'à l'expertise de ses alibis et du corpus textuel et culturel qui le constitue. Loin d'être une saisie intégrale du passé, le récit autobiographique est le travail d'un artiste : il obéit à une logique propre, alliant nécessité (l'écrivain choisit des épisodes singuliers, les recompose, montre en quoi ils sont particulièrement significatifs) et plaisir (l'écrivain retrouve la vivacité d'une émotion passée, il la met en valeur, s'efforce de la transmettre au lecteur) : il transforme l'expérience vécue en aventure littéraire. Dans un récit qui épouse la chronologie de l'histoire personnelle, on remarque des éléments de perturbation, qui jouent sur la distance entre le temps du souvenir et le temps de l'écriture. Rousseau fait fonctionner son récit sur plusieurs niveaux en "se livrant à la fois au souvenir de l'impression reçue et au sentiment" (Préambule de Neufchâtel). Cette structure superpose le récit et son commentaire, le temps du passé revécu et le temps du narrateur. Le va-et-vient permanent entre le passé et le présent conduit Rousseau à raconter ce moment jusque-là inavoué afin de se déculpabiliser dans le présent par sa confession. Rousseau, entraîné par les "retours du passé", rédige une autobiographie qui s'apparente par ses modalités à un récit rétrospectif mais où les éléments de sa propre existence se pressent en dehors de toute chronologie, une succession "d'affections secrètes". La mémoire affective (et involontaire) offre donc à Rousseau l'occasion de retrouver le paradis de l'enfance, où le rêve et la réalité communiquaient encore. La mémoire du passé n'intervient pas dès la naissance : cependant si la conscience de soi s'établit sans interruption, la mémoire, elle, est discontinue et n'est pas égale pour toutes les périodes de la vie, elle est parfois même défaillante. Les failles de la mémoire posent problème : avouer des transpositions des vides comblés par de vagues récits, c'est s'exposer à l'accusation de mensonge. Rousseau va au devant de cette accusation et l'annule en accordant une confiance quasi absolue à la mémoire, filtre infaillible : ce qui est perdu, c'est ce qui n'a pas laissé une empreinte vive dans la sensibilité.

4. L'autobiographie et la connaissance de soi

Un dévoilement sans limites est un moyen pour prouver son innocence en transformant le lecteur en dépositaire des souvenirs et des secrets les plus intimes et honteux (onanisme, masochisme, exhibitionnisme). Cette volonté de transparence revient dans toutes les Confessions : elle doit permettre au lecteur de reconstituer le moi complet et véritable de Rousseau, car cette certitude de vérité ne suffit pas si Rousseau ne parvient pas à convaincre les autres. Dès qu'il se tourne vers les lecteurs, le "je" prend alors conscience qu'il est un être partagé entre son sentiment intérieur et les regards des autres sur lui. A la question est-il fidèle à la vérité, Rousseau répond qu'il a la certitude d'être infaillible dans l'histoire de son âme. Il écrira dans les rêveries du promeneur solitaire : "Le connais-toi toi-même [n'est] pas une maxime si facile à suivre que je l'avais cru dans les Confessions." Condamnant d'emblée tout ce que les moralistes ont pu écrire avant lui, Rousseau est convaincu que tout est à découvrir dans le coeur de l'homme. Il attire notamment l'attention sur l'illogisme apparent de son comportement. Rousseau part donc de l'idée que l'analyse psychologique dépend de mécanismes complexes que les philosophes n'ont pas décelés et qu'elle concerne des recoins de l'âme que la bienséance interdisait de chercher à explorer. Il s'efforce de revivre ses premières expériences sensibles, même si elles sont entachées d'émotions troubles. La sincérité veut garantir tous les aspects d'un ton vrai. C'est ainsi que l'éveil de sa sexualité et le plaisir passif, escorté d'une humiliation heureuse, qu'il a éprouvé sous l'effet des deux fessées de Mademoiselle Lambercier, lui apparaît un premier pas dans _"le laby rinthe obscur et fangeux de [ses] confessions"_. Ce genre d'aveu pénible pour le narrateur, qui se sent encore "ridicule et honteux", ne connaît pas de limite pour Rousseau, car le cœur humain lui apparaît insondable. Rousseau s'offre au monde et à Dieu comme une pièce de comparaison pour l'étude des hommes (préambule de Neufchâtel) la confrontation des hommes à Rousseau doit leur permettre de progresser dans leur connaissance de soi. Il affirme la prédominance du sensible sur tout autre mode de compréhension et d'analyse du monde : "Je n'avais rien conçu, j'avais tout senti" (livre I). L'écriture autobiographique devient alors le lieu d'émergence de la conscience social et de la conscience de soi. Rousseau adopte les idées du sensualisme (et de Condillac, son théoricien) expliquant que, dès la première enfance et sous l'effet des sensations et de l'expérience, se forment toutes nos facultés intellectuelles. D'où le florilège de détails, qui peuvent lasser le lecteur, dans ces quatre livres où sont exposés l'enfance et la jeunesse des premières sensations si fortes qu'obligatoirement intactes sous les couches du souvenir. C'est soit la sensualité (phénomène physique) soit la sensibilité (finesse psychologique), voire un attachement sentimental pour un être, qui montre les nuances de la complexité de l'amour. Le ton excessif, violent et désespéré annonce celui des écrivains romantiques du XIXe sans toutefois se contenter d'un amour idéalisé. Rousseau est certain de sa singularité et se sait être une multiplicité de personnages qui composent son identité (en fonction des moments d'extase ou d'exaltation passionnée qui l'animent). Il se peint alors non pas dans une perspective synthétique mais dans une perspective dynamique pour montrer "comment son caractère s'est formé, quelles occasions l'ont développé, quel enchaînement d'affections secrètes l'ont rendu tel." Il se résout alors à parler de singularité ou présente son cas comme une anomalie. Les instants où Rousseau se sent pleinement lui-même suscitent un bonheur intense : les impressions et les sensations de l'extérieur sont en harmonie avec son être et son naturel, ce qui lui procure un sentiment de plénitude (harmonie entre intériorité du moi et extériorité du monde, comme dans l'épisode de la nuit à la belle étoile au livre IV). La composition des Confessions est nouvelle, notamment par le rôle que le narrateur fait jouer au lecteur. En effet, il se garde de nous délivrer une vérité et demande au lecteur de la trouver à partir des souvenirs qu'il retrace : "C'est à lui d'assembler ces éléments et de déterminer l'être qui qu'ils composent" (livre I). La place du lecteur est importante dans les Confessions : il est à la fois le destinataire (il en recherche la complicité ou simplement la bienveillance en le faisant participer aux troubles de sa vie intérieure), l'interprète (il habilite ou non, hiérarchise les faits et compose le portrait de Rousseau) le juge (le soin lui est confié d'absoudre et de réhabiliter Rousseau). Tantôt mis à distance, tantôt convoqué le lecteur devient complice du narrateur et de l'auteur ; Rousseau donne un rôle actif au lecteur et attend de lui les interprétations et les jugements les plus divers.

5. Etudes de quelques passages

Etude de l'incipit : Avec l'incipit du livre, Jean-Jacques Rousseau donne le ton de son livre. Il s'agit de confessions intimes et au plus profond de lui-même. La suite du préambule vient compléter cet incipit : « Je forme une entreprise qui n'eut jamais d'exemple, et dont l'exécution n'aura point d'imitateur. Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature ; et cet homme, ce sera moi. Moi seul. «. Dans les premières lignes de son autobiographie, Rousseau nous présente un projet unique. Il entend, comme le souligne sa première phrase, se démarquer de ses prédécesseurs. Cette œuvre ouvrira la voie à d'autres (en préparant notamment le romantisme, avec le culte de l'intime). Ainsi, l'auteur à travers ce livre cherche à raconter avec le plus de sincérité possible sa vie, mais surtout à se justifier. Il entend aussi que ces ennemis de l'époque se jugent eux-mêmes à la lecture de son livre, comme en témoigne cette incitation, qui vient en deuxième page (en s'adressant à Dieu) : « Que chacun d'eux découvre à son tour son cœur au pied de ton trône avec la même sincérité, et puis qu'un seul te dise, s'il l'ose : je fus meilleur que cet homme-là. «. Rousseau souhaite donc à la fois se justifier mais aussi prouver qu'il n'est pas moins bon, si ce n'est meilleur, que les autres hommes qui l'accusent.

Le vol des pommes (Livre I) : Rousseau est alors apprenti chez un maître qu'il juge tyrannique. L'anecdote de ce souvenir qui le fait "frémir encore et rire tout à la fois" est celui d'une chasse aux pommes. Ce passage est une parodie épique et une référence biblique au jardin des Hespérides où Rousseau nous explique le stratagème qu'il met en place pour voler une pomme au fond d'une dépense. Mais il se fait surprendre par le "dragon" (son maître). Ainsi à travers de cette anecdote autobiographique, Rousseau tente de revivre ce moment passé avec l'intensité d'autrefois. Mais le recul de l'auteur qui a 50 ans au moment de l'écriture permet la dimension burlesque de cette chasse aux pommes racontées comme la chasse des nobles mais avec des armes dérisoires ("broche"...). Le but est aussi d'attirer la compassion du lecteur "lecteur pitoyable partagez mon affliction". A partir d'une anecdote, Rousseau moraliste réfléchit sur la conséquence de ses actes "je serai battu: soit je suis fait pour l'être."

Le vol du ruban (Livre II) : Cette partie des Confessions est exemplaire du respect du "pacte autobiographique". Le texte témoigne d'un souci du détail et de l'exactitude. Quand Rousseau entreprend l'écriture des Confessions, il a alors 53 ans (vers la fin de sa vie, donc). Le vol du ruban, une bagatelle, montre un effort et un souci considérable de se souvenir, alors qu'il aurait pu oublier cet épisode. C'est une petite anecdote, mais marquante, elle est restée imprégnée en lui. Rousseau raconte toutes les circonstances (le fait que les biens d'une vieille femme aient été répartis), il décrit l'objet très précisément, et dépeint avec soin le personnage de Marion (caractère, origines - tous les traits de la candeur et de l'innocence -, rôle modeste...). Il continue en relatant toutes les phases de l'interrogatoire et de la confrontation qui succèdent au vol (paroles de Marion même en discours direct) : compte rendu judiciaire.

Conclusion :

La première partie des Confessions est d'abord un long catalogue de descriptions de personnages disparus, que Rousseau ressuscite par la magie du souvenir et de ses corollaires : l'analyse morale et l'analyse philosophique. Le narrateur - le Rousseau lucide et penseur - établit en fait au fur et à mesure de ces quatre livres une véritable archéologie de sa pensée..., de son être : il sent, il pense, il est. Plus on avance dans la lecture de ce texte, plus le lecteur prend de l'importance : jusqu'à l'aveu final, Rousseau laisse entendre qu'il est impossible pour le lecteur d'être passif. Les concessions disparaissent, et Rousseau jouit enfin de sa personnalité pleine et entière. Il est clair que le texte des Confessions est marqué par la volonté bien ambitieuse et bien peu réaliste de "tout dire". Cet objectif, comble de l'honnêteté de l'autobiographe induit donc une écriture sans passage romancé, sans autre description que celle des faits et de leurs ressorts psychologiques. Toute idée d'intrigue se laisse donc dépasser par un parcours chronologique sans réelle exception (peu de flash-back ou de projection dans le futur) fondé sur une rétrospection fidèle. L'ennui pourrait bien guetter le lecteur si le narrateur ne maintenait le lecteur en haleine par la mise en place d'un dialogue artificiel et rhétorique nécessitant autant un confessé qu'un confesseur et surtout un confident.

 

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