Devoir de Philosophie

La connaissance n'est-elle qu'un accroissement de notre pouvoir sur les choses ?

Publié le 11/03/2004

Extrait du document

Descartes subvertit la tradition. D'une part, il cherche des « connaissances qui soient fort utiles à la vie «, d'autre part la science cartésienne ne contemple plus les choses de la nature, mais construit des objets de connaissance. Avec le cartésianisme, un idéal d'action, de maîtrise s'introduit au coeur même de l'activité de connaître. La science antique & la philosophie chrétienne étaient désintéressées ; Descartes veut, lui, une « philosophie pratique «. « Ce qui n'est pas seulement à désirer pour l'invention d'une infinité d'artifices qui feraient qu'on jouirait sans aucune peine des fruits de la terre et de toutes les commodités qui s'y trouvent, mais principalement aussi pour la conservation de la santé [...] « La nature ne se contemple plus, elle se domine. Elle ne chante plus les louanges de Dieu, elle est offerte à l'homme pour qu'il l'exploite et s'en rende « comme maître & possesseur «. Or, non seulement la compréhension de la science se voit transformée, mais dans un même mouvement, celle de la technique. Si la science peut devenir pratique (et non plus seulement spéculative), c'est qu'elle peut s'appliquer dans une technique. La technique n'est plus un art, un savoir-faire, une routine, elle devient une science appliquée.

  • Parties du programme abordées :

- La formation des concepts scientifiques. - Théorie et expérience. - La technique.

  • Analyse du sujet : La formulation du sujet implique que la connaissance permet à l'homme de domestiquer progressivement la nature. Il s'agit de savoir si la connaissance se limite à cette fonction.
  • Conseils pratiques : Essayez de montrer que cette façon d'envisager la connaissance caractérise le monde moderne issu de la révolution cartésienne, mais est radicalement étrangère à la pensée antique, médiévale ou extra-européenne. Attention ! Ne faites par pour autant un devoir simplement historique. Évoquez les conséquences d'une telle réduction du rôle de la connaissance.
  • Bibliographie :

Descartes, Discours de la Méthode, 6e partie, Garnier-Flammarion.

« La technique peut donc se retourner contre la nature après en être issue et constituer undanger pour elle, et ce en un sens qui n'est pas exclusivement matériel, mais qui est aussispirituel.

Dans son analyse de la technique, Heidegger , très au-delà de la bonne conscience écologique, met en lumière une certaine relation d' « arraisonnement » : à force de vouloir se rendre « maître et possesseur de la nature », comme le disait Descartes , l'homme met, selon la riche métaphore heideggerienne, la nature « à la raison » : Heidegger parle aussi d' « arraisonnement » , comme si la technique abordait la nature en pirate ; Qu'est-ce à dire ? Dans sa conférence titrée « La question de la technique », Heidegger part de la question suivante : « quelle est donc l'essence de la technique moderne pour que celle-(ci puisse s'aviser d'utiliser les sciences exactes de la nature ? » Pour répondre à cette question, il faut inverser le rapport traditionnel entre science et technique.

En apparence, la technique suit lessciences exactes de la nature ; en réalité, la relation est presque inverse : c'est l'applicationtechnique qui renforce un certain aspect de ces sciences naturelles : « La physique moderne n'est pas une physique expérimentale parce qu'elle applique à la nature des appareils pourl'interroger, mais inversement : c'est parce que la physique –et déjà comme pure théorie- metla nature en demeure de se montrer comme un complexe calculable et prévisible de forcesque l'expérimentation est commise à l'interroger », ajoute Heidegger .

Et peut-être en effet peut-on aller jusqu'à dire que lorsque la science travaille, elle a déjà en vue les applicationstechniques, qui peut-être alors l'orientent dans ses travaux : c'est bien ce que veut direHeidegger quand il dit que c'est pour appliquer son « questionnement », sa mise à la question, que la physique est expérimentale. La technique humaine, explique-t-il plus largement, accomplit un destin remontant à la philosophie grecque et au nomduquel elle organise la nature en objet : ce faisant, l'homme viole et épuise un certain « fonds », non pas celui des réserves quantitatives de minéraux, mais celui d'une réserve de dévoilement et d'étonnement.

est-il d'ailleurs si faux que notre rapport àla nature soit devenu à ce point médiatisé par la technique que nous ayons du mal à voir ce qu'est la nature ? Bref, c'est cetenjeu de la technique qui, aux yeux de Heidegger , illustre le mieux l'oubli de l'Être dont il veut se faire le penseur.

Mais, dire que la technique contribue à l'oubli de l'Être, ce n'est certes pas le rejeter en tant que telle : ce serait un grand contresens quede voir pour autant chez Heidegger une diabolisation ou un refus de la technique. « Nous pouvons utiliser les objets techniques et nous en servir normalement, mais en même temps, nous en libérer, desorte qu'à tout moment nous conservions nos distances à leur égard.

Nous pouvons faire usage des objets techniquescomme il faut qu'on en use.

Mais nous pouvons, du même coup, les laisser à eux-mêmes comme ne nous atteignant pasdans ce que nous avons de plus intime et de plus propre.

Nous pouvons dire « oui » à l'emploi indispensable des objetstechniques et nous pouvons en même temps lui dire « non », en ce sens que nous les empêchions de nous accaparer etainsi de fausser, brouiller et finalement vider notre être.

Mais si nous disons ainsi à la fois « oui » et « non » aux objetstechniques, notre rapport au monde technique ne devient-il pas ambigu et incertain ? Tout au contraire.

Notre rapport aumonde technique, devient d'une façon merveilleuse, simple et paisible.

» Heidegger. Pour Heidegger , le phénomène fondamental des Temps modernes est la technique dont la science n'est qu'une des multiples facettes.

La technique n' ajs simplement chez lui un sens étroitement technologique, mais a une significationmétaphysique et caractérise le type de rapport que l'homme moderne entretient avec le monde qui l'entoure.

la positionfondamentale des Temps modernes, « n'est pas technique parce qu'on y trouve des machines à vapeur, bientôt suivie du moteur à explosion.

Au contraire des choses de ce genre s'y trouvent parce que cette époque est l'époque technique ». On se représente traditionnellement la technique comme la mise en oeuvre de procédés pour obtenir un résultatdéterminé.

La technique est une activité humaine consistant dans la fabrication et dans l'utilisation d'instruments ou demachines répondant aux besoins de l'homme.

Selon cette façon banale de voir, les installations techniques modernes neseraient pas essentiellement différentes des installations techniques artisanales ni même des outils employés dans lesanciens métiers.

Elles permettraient simplement d'obtenir avec une rapidité et une efficacité sans cesse accrues ce quidemandait autrefois de longs efforts ou était même hors de portée de l'homme.

Cette représentation instrumentale de latechnique est bien exacte mais elle n'est pas pour autant vraie c'est-à-dire ne nous révèle pas encore l'essence de latechnique.

Elle tend en outre à nous laisser croire que la technique moderne serait quelque chose que l'homme aurait à sadisposition et dont il pourrait se rendre maître. « Le dévoilement qui régit la technique moderne est une provocation par laquelle la nature est mise en demeure de livrerune énergie qui comme telle puisse ê extraite et accumulée ».

L'interrupteur électrique, objet technique fait venir la lumière, la dévoile, mais ce dévoilement, loin de signifier le surgissement ou le jaillissement de l'être, est une sommationà comparaître.

De la même façon, la centrale électrique met le fleuve en demeure de livrer sa pression hydraulique, quimet elle-même en demeure les turbines de tourner qui mettent elles-mêmes le courant électrique en demeure de circuler.L'industrie extractive met le sol en demeure de livrer le charbon qu'il recèle.

L'agriculture moderne met la nature endemeure de produire les fruits qu'elle porte en elle. Heidegger caractérise cette essence provoquante de la technique par le terme « Das Gestell », auquel il donne une signification inédite, celle d'arraisonnement.

« Gestell : ainsi appelons nous le rassemblement de cette interpellation qui requiert l'homme, c'est-à-dire qui le provoque à dévoiler le réel comme fonds dans la mode du commettre.

Ainsi appelons-nous le dévoilement qui régit l'essence de la technique et qui n'est lui-même rien de technique ».

La technique moderne, en tant que « Gestell », ne règne pas seulement là où l'on utilise des machines, même si ces dernières jouissent « d'une situation privilégiée...

fondée sur la priorité accordée à tout ce qui est matériel, c'est-à-dire supposé élémentaire et objectifau premier chef », mais « englobe tous les secteurs de l'étant ».

La science moderne, en particulier, à travers le projet mathématique de la nature, met la nature matérielle en demeure de se montrer comme un complexe calculable de forces,et est ,de ce point de vue, régie de part en part par l'essence de la technique. Dans l'horizon du comportement provoquant, l'homme n'a plus affaire à des objets, mais considère tout ce qui est dansune perspective utilitaire comme un fonds disponible : « Tout (l'étant dans sa totalité) prend place d'emblée dans l'horizon de l'utilité, du commandement, ou mieux encore de celle du commanditement de ce dont il faut s'emparer...

Plus rien nepeut apparaître dans la neutralité objective d'un face à face.

Il n'y a plus que [...] des stocks, des réserves, des fonds . » Dans ce vaste fonds que sont la nature et le monde en général, l'homme lui-même, la plus importante des matièrespremières, devient un fonds dont il faut s'assurer de la disponibilité... L'exploitation de l'étant ne s'effectue pas au hasard, mais de façon méthodique, selon des plans. L'exploitation de l'étant ne s'effectue pas au hasard mais de façon méthodique, selon des plans.

La planification n'a passimplement pour objet de prévoir et de prévenir les besoins futurs de l'humanité, mais bien plutôt d'organiser, de mettreen ordre ce qui est afin d'en garantir la disponibilité.

La mise en ordre de l'étant est une des composantes essentielles duprocessus d'exploitation de la nature, car elle est la condition de possibilité de sa réussite, c'est-à-dire de sondéveloppement.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles