Devoir de Philosophie

La connaissance connait-elle des limites ?

Publié le 07/02/2005

Extrait du document

Sans elles, pas de système, mais une simple juxtaposition de savoirs locaux (ce qui reproché à l'empirisme). Il reste que l'illusion interne à la raison et l'usage illégitime des facultés qu'elle provoque naissent d'un désir irrépressible, celui de faire connaître les choses en soi au-delà des limites de l'expérience (usage transcendantal), ou pire, comme on vient de le voir, de constituer de simples conditions de la connaissance en objets de cette connaissance (usage transcendant ou constitutif). D'où vient ce besoin qu'a la raison de franchir les limites de l'expérience et d'engendrer ainsi, non des erreurs contingentes et accidentelles, mais des illusions structurelles, des faux problèmes inéluctables ? Pourquoi l'illusion transcendantale ne disparaît-elle pas, lors même qu'elle est dévoilée ? C'est que l'intérêt spéculatif trahit un intérêt encore plus haut de la raison, un intérêt qui la porte vers les choses en soi : l'intérêt pratique ou moral. L'intérêt pratique concerne trois objets : la liberté de la volonté, l'immortalité de l'âme et l'existence de Dieu. Et c'est le besoin pratique de connaître les fins de l'action humaine qui pousse la raison à l'usage transcendant des facultés.  [L'esprit est capable d'atteindre la connaissance absolue. Les progrès de la science sont permanents. Il est impossible d'affirmer que l'homme ne pourra jamais faire la preuve de l'immortalité de l'âme.
La connaissance scientifique est limitée. Elle ne connaît le réel que de manière approximative et provisoire (Popper). L'essence des choses (noumène) lui échappe. Mais, tout ce qui est réel est rationnel donc objet de science et de connaissance. Le monde est totalement intelligible, entièrement explicable. Galilée disait que "le livre de la Nature est écrit en langage mathématique". La science s'emploie comme nulle autre pareil à ce déchiffrage du monde.

« Si l'on veut restaurer la certitude de la science, il faut que sa méthode parvienne à concilier la nécessité rationnelle et le caractère toujours en partie contingent de l'expérience.

Ce sera l'une des préoccupation centrale deKant .

Il s'efforcera de montrer comment les connaissances dignes de ce nom sot toujours le produit d'une rencontre entre les données de l'expérience sensible et le travail conceptuel de l'entendement.

Ce dernier reçoit de l'extérieur,par le moyen de la sensibilité, une matière des connaissances sur laquelle il opère une mise en ordre conceptuelledont la nécessité est interne à l'esprit.

Par exemple : les relations de causalité s'instaurant nécessairement entre lesphénomènes de la nature ne renvoient pas forcément à un ordre des choses, mais à un ordre nécessaire de leurmode de manifestation à notre esprit.

La connaissance objective ‘est donc jamais connaissance des choses en soimais connaissance de l'ordre nécessaire (rationnel) des phénomènes.

Très schématiquement, on peut donc dire que Kant échappe ainsi à l'idéalisme du rationalisme pur .

La connaissance ne peut exister que dans le domaine de l'expérience possible ; au-delà, la raison « ratiocine », cad qu'elle raisonne à vide, elle outrepasse ses droits, commele montre la « Dialectique transcendantale » de la « Critique de la raison pure » ; ainsi lorsqu'elle prétend démontrer l'existence d'un créateur qui ne peut être que postulée, car l'expérience n'en est pas possible.

Les idéesde la raison ont une fonction unificatrice et systématique ; la raison a également une fonction pratique ; mais c'estquand elle prétend connaître des objets transcendants (au-delà de l'expérience possible) qu'elle mérite de subir unecritique. Mais Kant échappe aussi au scepticisme que semble entraîner l'empirisme : si la source matérielle de nos connaissances réside dans l'expérience, leur forme rationnelle les réinscrit dans l'ordre de la nécessité et de lacertitude ; le savant ne produit pas des théories au gré de sa fantaisie.

Ces théories scientifiques rétablissent unordre universel de la connaissance, car elles appliquent à la matière de l'expérience la forme rationnelle del'entendement ; il y a donc bien des lois de la nature.

Ni idéalisme, ni empirisme, le Kant isme laisse cependant subsister un problème redoutable : peut-on se résoudre à ce que la connaissance ne porte que sur desphénomènes, sans que les choses en soi soient jamais accessibles ? Les limites de la raison. Dans le domaine de l'étude scientifique des phénomènes, rien ne saurait remplacer la raison et on peut même allerjusqu'à affirmer que « l'inexplicable » n'est qu'un provisoirement inexpliqué.

Mais comme Kant l'a montré, la raison est impuissante à rendre compte de l'Etre lui-même.

Nous ne pouvons connaître la réalité qu'à travers les formes « a priori » de la sensibilité (espace & temps), sortes des structures mentales qui sont la condition de notre perception des choses, et les formes « a priori » de l'entendement (« catégories »).

C'est pourquoi, seuls les phénomènes (l'apparaître) nous sont accessibles.

Au-delà du savoir, il y a donc un monde des noumènes (choses en soi) qui nouséchappe.

Lorsque la raison tente de dépasser l'apparence pour essayer d'atteindre l'absolu, elle tombe dansd'inévitables contradictions, antinomies et paralogismes.

Une métaphysique est impossible comme science.

Enparticulier, la raison ne saurait prouver la liberté de notre volonté, l'immortalité de l'âme, l'existence de Dieu . Avec le grand rationalisme classique inauguré par Descartes , la raison apparaissait comme l'instrument infaillible d'une critique des illusions, généralement imputées aux sens ou à l'imagination. Or, avec Kant , l'illusion est portée au coeur même de la raison.

Le rationalisme fait place au criticisme, cad à une critique permanente des moyens de la connaissance, et à un incessant procès de la raison contre elle-même et sesprétentions abusives.

C'est le sens de l'illusion transcendantale : la raison prétend connaître au-delà des limites del'expérience et déterminer des choses en soi, cad des objets qui ne sont pas donnés dans un phénomène sensible(le Moi, le monde, Dieu). L'illusion n'est plus seulement un déchet à éliminer ( Platon , Descartes ), mais elle est consubstantielle à l'instrument lui-même, la raison, qui se trouve empêtrée dans ses propres contradictions (antinomies : opposition d'une thèse etde son antithèse).

La « Dialectique transcendantale » est donc cette partie de la « Critique de la raison pure » où Kant examine comment la raison se contredit elle-même lorsqu'elle veut connaître au-delà de l'expérience. Et il est bien question ici d'illusion, et non d'erreur, car l'illusion transcendantale est inévitable, incorrigible, àl'inverse de l'erreur.

L'illusion transcendantale est un besoin structurel de la raison pure, et aucun effort d'attentionne peut y remédier. La connaissance est unification.

Pas de connaissance sans données sensibles ; mais les formes a priori de lasensibilité (espace et temps) unifient déjà les données de l'expérience.

Puis cette expérience sensible est unifiéesous les catégories de l ‘entendement.

La raison, enfin, a pour destination d'unifier toute la connaissance en unsystème sous des idées, le moi, le monde et Dieu.

Ces idées ne sont donc que des formes organisatrices, ou des« principes régulateurs ».

Il y a illusion dès lors que la raison nous induit, par son essence même, à prêter à ces idées une valeur objective, et à vouloir faire de la psychologie et de la théologie des sciences à part entière, alorsque nous n'avons aucune expérience sensible de ces objets, et ne pouvons en aucune façon en avoir. La dialectique a pour tâche de nous prémunir contre cette apparence trompeuse qui consiste à prêter une valeurobjective à ces pures formes de la raison. L'illusion de la psychologie rationnelle (ou paralogisme) consiste à transformer le « je pense », forme a priori d'unification de mes connaissances, en un être substantiel, à faire du pur sujet de la pensée un objet de la pensée.L'illusion peut alors se développer en une pseudo-science de la nature, de l'origine et de l'immortalité du moi.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles