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La connaissance doit-elle nécessairement servir à quelque chose ?

Publié le 18/09/2004

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 On peut se demander si le concept même de vérité est réellement indispensable, s'il ne s'agit pas d'une idée dont il vaudrait mieux se débarrasser. En effet, elle ne semble pas s'imposer dans la pratique courante, dans l'expérience quotidienne de la vie, où nous usons d'autres critères de réussite et d'efficacité.  La perception sensorielle, l'expérience, sont-elles les garanties fiables ou exclusives de la vérité ? La vérité a-t-elle besoin de preuves pour être vérité ? Ne risque-t-on pas de confondre certitude et vérité ? La vérité intervient dans notre existence la plus quotidienne, même si elle reste en elle-même un sujet d'interrogations, même si elle semble parfois nous empêcher d'agir. Nous ne pouvons en produire une définition rationnelle précise, néanmoins nous l'apercevons souvent au détour de préoccupations qui semblaient l'exclure.    Comme l'a montré Platon, il faut faire un effort, une sorte de pari, pour penser la vérité, pour concevoir l'idée d'une vérité qui serait autre chose qu'une simple opinion parmi d'autres. Une telle idée semble naître de deux sources. D'abord, nous sommes toujours contraints de comparer nos idées à celles des autres, si bien qu'on en vient naturellement à se demander s'il n'existerait pas une mesure extérieure aux diverses considérations exprimées, une mesure fiable et connaissable, capable de départager entre ce qui vaut et ce qui ne vaut pas. Ensuite, nulle opinion ne se présente sans s'accompagner d'une adhésion, d'une croyance en celle-ci, et nous ne pouvons éviter de chercher si cette croyance peut trouver hors d'elle-même des appuis ou des confirmations. À moins de considérer que toute adhésion est justifiée d'emblée, en tant que vérité personnelle.    Le réel n'est pas le fondement unique de toute connaissance, ainsi la seule présence des choses ne peut suffire pour définir la connaissance. Ne produisons-nous pas nous-mêmes nos idées ? On peut donc se poser la question critique, celle du critère, grâce auquel on reconnaît la connaissance véritable. Faut-il privilégier son caractère universel et abstrait, ou singulier et concret ? Serait-ce son utilité ou son efficacité pratiques ? Ou est-ce plutôt sa valeur ? Ou encore le rapport harmonieux qui peut s'instaurer entre nos facultés subjectives ? Diverses vérités ou formes de vérité, relativement arbitraires, guident notre existence ; ne sommes-nous pas obligés d'avouer leur fragilité, et de ce fait notre ignorance ? D'autant plus que chaque forme de savoir est limitée par sa nature même : elle ne sait que ce qu'elle peut savoir.    On ne peut concevoir une connaissance sans critique, une connaissance qui ne se pose pas des questions sur elle-même. Elle doit s'interroger principalement sur ses origines, sur la rationalité de ses fondements, et sur ses limites. N'est-ce pas la seule façon d'échapper, si on le peut, aux pièges de l'opinion comme à ceux de la connaissance ? Nous sommes menacés par les illusions du dogmatisme naïf, par les facilités du conformisme, par les tentations de l'influence, ou celles de la séduction, voire par les délices de la sujétion et de l'aliénation. Dans l'absolu, nous pouvons penser ce que nous voulons, mais pour cela, faut-il encore savoir ce que nous pensons, pourquoi nous le pensons, et vouloir encore vraiment le penser.   

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