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JUSQU'À QUEL POINT CONNAÎTRE IMPLIQUE-T-IL DE DOUTER ?

Publié le 13/03/2004

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Évoquer la connaissance, c'est en apparence faire allusion à un savoir acquis, déjà constitué, proposant à l'esprit une richesse positive. L'histoire du savoir (notamment scientifique) montre cependant que la connaissance n'est jamais définitive, qu'elle est périodiquement remise en doute. Il est donc utile d'examiner l'importance du doute dans la constitution du savoir et de son évolution.L'attitude philosophique commence par inscrire, explicitement ou non, la nécessité du doute dans la réflexion.On peut ainsi admettre que le doute est au fondement de l'interrogation socratique (il est même double: Socrate doute de sa connaissance en même temps que du savoir prétendu de ses concitoyens).Mais c'est évidemment chez Descartes que le doute, devenant méthodique (cf. Discours de la méthode) et hyperbolique, est affirmé comme moment absolument nécessaire et constitutif du processus de la connaissance.Pourquoi est-il nécessaire de douter si l'on veut «bien conduire sa raison et trouver la vérité dans les sciences»? Parce que l'esprit est aisément trompe * par les sens,* par les opinions,* par les connaissances acquises, dont un rapide examen montre qu'elles n'ont rien de certain.Le doute apparaît ici comme une hygiène de l'esprit, qui doit se débarrasser en premier lieu de toutes les fausses connaissances qui l'encombrent initialement.

• De quelle connaissance peut-il s'agir? Aussi bien philosophique que scientifique? • La formulation du sujet demande que l'on précise une relation («jusqu'à quel point«?): il ne suffit pas de l'affirmer. • Ne pas accorder trop de place au doute cartésien ! Il faut que la copie paraisse équilibrée.

« Le doute est synonyme d'absence de certitude.

Il est dans cette perspective un état de conscience ou même unétat de fait.

(pensons par exemple à l'expression : « semer le doute ») Le fait de douter, en revanche, n'est pas un état de conscience ou de fait, mais une attitude. On peut, dans ce second cas, distinguer le doute sceptique, qui consiste à suspendre tout jugement, ce qui revientà admettre la faiblesse de notre raison à produire des connaissances vraies, et le doute méthodique attaché à latradition cartésienne, qui pour sa part consiste à faire table rase des opinions. Si le doute sceptique n'aboutit jamais à des connaissances certaines, le doute méthodique est toujours provisoire etvise au contraire l'établissement de connaissances certaines.

Il est donc bien une méthode, un moyen en vue d'unefin. Problématisation : Une première interprétation du sujet peut être la suivante : demander si connaître implique de douter, c'est, étantdonner que toute connaissance doit être fondée rationnellement pour être véritablement une connaissance et nonseulement une opinion, demander s'il est possible d'avoir des connaissances certaines, c'est-à-dire de véritablesconnaissances.

Autrement dit : I – Y a-t-il des choses dont on ne peut pas douter ? Une seconde interprétation du sujet nous invite à penser plus précisément le rapport entre la connaissance et ledoute.

Elles semblent s'exclurent mutuellement : l'état de doute n'est pas compatible avec le fait de connaîtrequelque chose avec certitude.

Pourtant, le doute joue un rôle dans l'établissement des connaissances.

La questionest alors de savoir où s'arrête le doute et où commence la connaissance certaine.

Il nous faut donc déterminer uncritère de la connaissance vraie. II – Quel critère nous permet d'arrêter de douter ? Proposition de plan I – Y a-t-il des choses dont on ne peut pas douter ? Référence : Hume, Traité de la nature humaine « C'est seulement par la coutume que nous sommes déterminés à supposer lefutur en conformité avec le passé.

Lorsque je vois une boule de billard semouvoir vers une autre, mon esprit est immédiatement porté par l'habitude àattendre l'effet ordinaire, et il devance ma vue en concevant la seconde billeen mouvement.

Il n'y a rien dans ces objets, à les considérer abstraitementet indépendamment de l'expérience, qui me conduise à former une conclusionde cette nature : et même après que j'ai eu l'expérience d'un grand nombred'effets répétés de ce genre, il n'y a aucun argument qui me détermine àsupposer que l'effet sera conforme à l'expérience passée.

Les pouvoirs parlesquels agissent les corps sont entièrement inconnus.

Nous percevonsseulement leurs qualités sensibles : et quelle raison avons-nous de penserque les mêmes pouvoirs seront toujours unis aux mêmes qualités sensibles ?Ce n'est donc pas la raison qui est le guide de la vie, mais la coutume.

C'estelle seule qui, dans tous les cas, détermine l'esprit à supposer la conformitédu futur avec le passé.

Si facile que cette démarche puisse paraître, laraison, de toute éternité, ne serait jamais capable de s'y engager.

» Selon Hume, toute connaissance est fondée sur l'habitude.

Autrement dit,aucun fondement ne peut venir de la raison.

Cela signifie qu'une connaissancen'est jamais absolument certaine.

Je ne peux par exemple pas garantir que le soleil se lèvera demain.

Certain répondront sans doute que la physique permet d'affirmer avec certitude le contraire.Mais la physique elle-même et ses lois sont fondées sur l'habitude.

Autrement dit, toute connaissance est uneconnaissance empirique, fondée sur l'observation répétée.

Il est par exemple tout à fait possible que le soleil explosependant la nuit.

Il sera alors faux d'affirmer que le soleil se lèvera demain. Dans cette perspective, le doute signifie l'incertitude inhérente à toute connaissance.

En tant qu'attitude, il est uneforme de l'humilité qui s'oppose au dogmatisme.

Si justement le doute comme état de fait est essentiel à laconnaissance, alors celle-ci implique nécessairement le doute. Transition : La position humienne nie le pouvoir de prédiction absolue d'une connaissance.

Mais ces connaissances, si elles nesont pas tournées vers l'avenir et n'essaient pas de le prédire avec certitude, ne peuvent-elle pas pourtant êtreabsolument certaines au moment même de leur affirmation ? N'y a-t-il pas au contraire de ce qu'affirme Hume desconnaissances indubitables ?. »

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