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CONNAISSANCE INTUITIVE ET CONNAISSANCE DISCURCIVE

Publié le 09/07/2009

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L'intuition intellectuelle apporte les données indispensables à toutes les démarches déductives ou constructives de la pensée, dans le domaine scientifique comme dans le domaine philosophique. 2° Un rôle tout différent de l'intuition est l'invention. Celle-ci se présente souvent comme une vue ou tout au moins un pressentiment soudains d'une solution que nous avons peut-être longtemps cherchée. On a beaucoup insisté sur ces « éclairs de pensée « qui sont souvent à la base de la découverte dans tous les domaines, et nous y reviendrons. 3° Tout différent encore est le rôle de l'intuition lorsqu'elle nous donne une aperception synthétique d'un ensemble discursif, lorsqu'elle nous permet de « voir «, comme en un tableau, ? uno intuitu, disait Descartes ? ce qui s'est présenté d'abord à notre esprit comme formé d'articulations successives. 4° Il y a lieu enfin de considérer à part le rôle métaphysique que certains philosophes, en des sens, à vrai dire, assez différents, ont attribué à l'intuition. Selon  DESCARTES, l'intuition du cogito nous fait saisir immédiatement notre existence en tant qu'âme, en tant que substance spirituelle. On a vu ci-dessus que SCHELLING attribue à l'intuition le pouvoir de nous donner, au plus intime de nous-même, au delà des modifications des temps, l'expérience de l'éternel. Pour BERGSON, l'intuition, en nous faisant « coïncider « avec la mobilité même du réel, se révèle comme «la fonction métaphysique de la pensée«; elle est «l'investigation métaphysique de l'objet dans ce qu'il a d'essentiel et de propre «. D'après HUSSERL enfin, l'intuition eidétique, distincte de l'intuition empirique, est une vision qui nous permet d'atteindre « la réalité vraie «, celle des essences intelligibles.

« Même BERGSON, qui, tout au contraire, lui assigne comme domaine « le changement pur » et qui écrit : « Penser intuitivement est penser en durée » (La Pensée et le mouvant, p.

37-38),distingue essentiellement cette durée qui est «continuité indivisible» du tempsdiscontinu.

L'intuition, « c'est la vision directe de l'esprit par l'esprit...

Intuitionsignifie d'abord conscience, mais conscience immédiate, vision qui se distingue àpeine de l'objet vu, connaissance qui est contact et même coïncidence ».

—Même dans certaines de ses acceptions plus vulgaires, par exemple celle del'intuition inventive, le terme intuition implique une sorte de vision instantanée del'idée, de la solution cherchée, qui se présente soudainement à l'esprit.2° La pensée discursive était astreinte à partir de certains principes.

Mais c'estune erreur, selon BERGSON (OUV.

cité, p.

241), de Croire que touteconnaissance « doit nécessairement partir de concepts aux contours arrêtéspour étreindre avec eux la réalité ».

On peut au contraire « s'installer d'emblée »dans le réel, chercher à le saisir « du dedans » (Ibid., p.

203, 206, etc.).

C'estprécisément ce que réalise l'intuition, qui est ainsi une connaissance « parl'intérieur », alors que la connaissance discursive était toujours extérieure àl'objet.

— Tout au moins, dans d'autres conceptions de l'intuition comme celle deHUSSERL, l'intuition est-elle censée nous donner son objet « de façon immédiateet originelle » dans une expérience « où les choses et les faits me sont présentseux-mêmes » et, en quelque sorte, « en personne ».3° L'intuition n'a donc plus le caractère analytique de la connaissancediscursive.

BERGSON, au contraire, l'oppose sans cesse à l'analyse comme une « intuition simple » et indécomposable.

Là où la pensée discursive procède par concepts, l'intuition nous fournit un «sentiment simple et indivisible » et nous permet de « sentir palpiter l'âme » des choses.4° Enfin l'intuition se prête fort mal à l'expression par le langage.

BERGSON la déclare « inexprimable ».

Tout au plus,« comparaisons et métaphores suggéreront-elles ici ce qu'on n'arrivera pas à exprimer ».

De même, selon LE ROY,dans l'intuition inventive, nous vivons d'abord la ' découverte « sans pouvoir encore la parler ». B.

— SES NORMES ? L'intuition est sans normes.

Car, étant en deçà ou au delà du discours, elle échappe à la juridiction de la Logique. C.

— SES FORMES. L'intuition se présente sous des formes très diverses.

— 1° La seule qui soit vraiment immédiate, est peut-être l'intuition psychologique, celle qui nous fait saisir l'écoulement continu des états deconscience en nous ou, comme dit BERGSON, «notre moi qui dure ».

— 2° Tout autre est l'intuition sensible parlaquelle nous appréhendons, sinon les objets extérieurs en tant que tels, du moins les qualités de ces objets.

— 3°Enfin il existe une intuition intellectuelle par laquelle nous sont données, soit certaines idées claires1, soit certainesévidences de la raison, soit enfin (intuition phénoménologique) certaines essences intelligibles. D.

— SES RÔLES. Les rôles de l'intuition sont nécessairement multiples, comme ses formes.

— 1° Elle fournit des données.

L'intuition psychologique fournit, en psychologie, les données nécessaires à l'introspection et, semble-t-il,aussi, en métaphysique, par le cogito, le point de départ de toute spéculation ultérieure.

L'intuition sensible fournitles données indispensables à la recherche expérimentale, peut-être aussi à la création de certains conceptsmathématiques.

L'intuition intellectuelle apporte les données indispensables à toutes les démarches déductives ouconstructives de la pensée, dans le domaine scientifique comme dans le domaine philosophique.2° Un rôle tout différent de l'intuition est l'invention.

Celle-ci se présente souvent comme une vue ou tout au moinsun pressentiment soudains d'une solution que nous avons peut-être longtemps cherchée.

On a beaucoup insisté surces « éclairs de pensée » qui sont souvent à la base de la découverte dans tous les domaines, et nous yreviendrons.3° Tout différent encore est le rôle de l'intuition lorsqu'elle nous donne une aperception synthétique d'un ensemblediscursif, lorsqu'elle nous permet de « voir », comme en un tableau, — uno intuitu, disait Descartes — ce qui s'estprésenté d'abord à notre esprit comme formé d'articulations successives.4° II y a lieu enfin de considérer à part le rôle métaphysique que certains philosophes, en des sens, à vrai dire,. »

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