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La connaissance scientifique abolit-elle toute croyance ?

Publié le 31/01/2004

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scientifique

* "connaissance scientifique": la marche en avant de la science, connaissance rigoureuse recourant à la mesure et à l'hypothèse; amélioration permanente , en quantité et en qualité, des connaissances scientifiques. * "croyance": assentiment de l'esprit à une vérité et ce sans justification rationnelle. * "irrationnel": étranger ou contraire à la raison; qui dépasse la raison, la science, etc.

* "abolit-elle": supprime-t-elle, anéantit-elle.

 

  • Le sens de l'intitulé: Pour quelles raisons la marche en avant de la connaissance rigoureuse procédant quantitativement et recourant à la mesure laisse-t-elle continuer d'exister, après élimination des autres éléments et malgré le temps, des assentiments de l'esprit contraires à la raison ou étrangers à elle ?

 

 

  • Le problème est de savoir s'il faut parler du progrès scientifique ou d'un progrès. Si la croyance irrationnelle subsiste, n'est-ce pas parce qu'il y a seulement des progrès scientifiques pluriels et circonscrits, et non point un progrès apportant le salut, comme on le crut pendant longtemps.
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« d'avancer ».

Dans l'idée du progrès scientifique, il y a l'idée d'une marche en avant, d'un développement dans unecertaine direction.

Le progrès scientifique semble linéaire et il désigne une avancée en direction d'un but meilleur.Or, il paraît originellement (XVIII e siècle et surtout XIXe siècle) drainer toute l'humanité et tout le genre humain àtravers le triomphe des sciences et le gouvernement de la raison.

Parler du progrès de la science, n'est-ce pasplacer le genre humain sous le signe de la raison triomphante? À partir du XVIII e siècle, le devenir et le progrèshumain s'unifient et même s'identifient.

L'idée de progrès (scientifique et historique) prend une assurance de plus enplus imperturbable.D'où une énigmatique question : le progrès de la science se liant au gouvernement d'une faculté universelle de bienjuger, à un principe d'explication rationnel, à tout le devenir historique, comment a-t-il pu laisser subsister tant depoches d'irrationnel? Le progrès de la science, s'il conduit à l'accroissement des connaissances produites par laraison, ne fait pas reculer les types d'approche non rationnels.

Les croyances en Dieu ou au sacré subsistent.

Bienplus, partout, des poches d'irrationnel prolifèrent : gourous de toutes sortes, phénomènes de sectes, etc.

Nonseulement le sacré ne régresse pas nécessairement, mais il adopte fréquemment des formes destructrices et se lie àdes croyances privées de toute rationalité (vogue de l'astrologie, etc.). Transition. Le problème est donc de comprendre les raisons d'un phénomène contradictoire: le progrès est rationnel.

Or, ilconserve et maintient l'irrationnel.

Comment démêler cet écheveau? B.

Du progrès â des progrès scientifiques circonscrits et partiels. Pour mieux comprendre l'origine et les causes de la survivance de croyances irrationnelles, ne faut-il pas distinguernettement le progrès et des progrès, ce que n'avait pas fait le XIX e siècle, par exemple? Le progrès scientifique futlongtemps conçu comme le salut par la raison.

Donc il ne pouvait laisser subsister l'adhésion à des contenusirrationnels.

C'est bien ce qui se passe au XIX siècle, tout particulièrement à sa fin : Renan, les positivistes, lesscientistes divers postulent alors la fin des croyances irrationnelles.

On pense fermement que la religion s'effondrera,sans toutefois, d'ailleurs, s'en défaire vraiment, face à la mort (cf.

Jean Barois, de Roger Martin du Gard).Or le progrès donne des signes de fatigue.

Ne se produit-il pas une méfiance de plus en plus vive envers lessciences et les techniques ? Ces dernières, fruits de la science, n'engendrent-elles pas trop d'effets pervers ?Quand l'idée de Progrès (scientifique, rationnel) paraît entrer en agonie, alors, face à des progrès très circonscrits,le rêve du gouvernement de la raison s'estompe et l'irrationnel peut refluer.

D'ailleurs, les hommes ne sont-ils pasconfrontés en permanence à l'irrationnel de la mort? Plus de délivrance par le progrès : nous savons que la mort estnotre destin et notre lot.

Malgré les progrès médicaux, l'homme est confronté à un irrationnel, qui borde sonexistence, car la mort fait partie de ses données génétiques.

Elle s'inscrit dans son substratum biologique.

Du pointde vue philosophique, l'homme est un « être-pour-la-mort ».

Or, la mort est l'irrationnel par excellence. Transition Qu'est-ce qui finalement fait défaut ? Ne faut-il pas encore progresser dans l'analyse, pour mieux comprendre lemaintien des croyances irrationnelles ? Qu'est-ce qui manque ainsi aux hommes ? C.

Le manque d'unité et de sens rend compte du maintien de croyances irrationnelles Ce qui, en définitive, fait défaut, n'est-ce point un cadre général un dessein d'ensemble permettant aux hommes demieux se saisir? Quand le progrès scientifique unifiait la marche du genre humain, quand le gouvernement de laraison donnait sens aux choses, alors l'irrationnel pouvait reculer: l'irrationnel n'est-ce pas ce qui est étranger etcontraire à la raison ? Or les idéologies (organisées généralement par l'idée des « lumières de la raison ») vacillent, lerêve d'unité est en morceaux.

Le monde alors n'est-il pas privé de sens ? L'avenir n'est plus chargé de grâce.

Leprogrès scientifique ne donne plus un sens global à la destinée des hommes.

Ainsi, les adhésions irrationnelles semultiplient.

Dans la mesure où les crises prolifèrent, affectant les idées de progrès, de raison, de science, alors, ausein de ce reflux, les croyances irrationnelles reprennent vie.

La raison cessed'être déifiée et apparaît chargée de multiplicités hétérogènes, de négativités charriant tout un lot d'interrogationset de questions non satisfaites.Dès lors, ne faut-il pas avoir le courage du relatif? Même si les progrès scientifiques sont partiels, l'adhésion à descroyances irrationnelles est parfois plus que contestable.

C'est une raison relative qui forme notre lot: il nous fautnous en contenter et renoncer simultanément au gouvernement de la raison et à des croyances irrationnelles nousprivant de notre humanité.

Même si la rationalité est fragile, elle doit être protégée.

Si l'on peut admettre l'irrationnelde la foi, protégeons toutefois la raison des désordres irrationnels trop grossiers (croyances liées aux sectes, auxgourous, etc.).

C'est une raison ouverte que nous devons prendre en charge. Conclusion Il n'y a pas un progrès scientifique, mais des progrès partiels et limités.

Toutefois, si l'absolu s'étiole, il faut raisongarder, même si cette dernière est incertaine et relative.. »

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