Devoir de Philosophie

La connaissance scientifique vous paraît-elle pouvoir tenir lieu de philosophie ?

Publié le 19/02/2004

Extrait du document

scientifique
IV. Le problème de l'Être. Mais est-ce là son seul objet ? La Science elle-même, si nous réfléchissons bien à ses conditions, nous suggère un autre problème encore. Elle est en effet l'oeuvre de l'esprit, elle est l'esprit s'imposant à la matière, au monde extérieur, et les rendant pénétrables à la raison. Comment cela est-il possible ? Comment l'esprit peut-il ainsi dominer la matière ? La pensée ne nous apparaît-elle pas dès lors, conformément au cogito cartésien, comme une sorte de réalité première ? Dans les Sciences de l'homme, il y a plus : à savoir, une exigence de pensée claire puisque c'est la pensée ne se contentant plus de se « vivre » elle-même, mais cherchant à se comprendre. Au sein de la pensée elle-même, il y a une ascension vers l'intelligible, c'est-à-dire, comme s'exprimait MALEBRANCHE, vers « l'esprit pur ».
scientifique

« historique et capable de nous montrer « comment s'accroissent les connaissances ».

La Sociologie de laConnaissance, en étudiant les conditions sociales de la pensée, contribue à établir la genèse des catégories del'entendement. D.

— REPONSE : LE POINT DE VUE AXIOLOGIQUE. Reconnaissons que les Sciences de l'homme apportent à la Théorie de la Connaissance de précieuses contributions.

Mais elles ne changent rien à la position fondamentale du problème.La Science et la Théorie philosophique de la Connaissance diffèrent en effet par leur but et leur point de vue.

Sousla forme de recherches psychologiques ou sociologiques, la première peut étudier les conditions empiriques de laconnaissance, ses déterminations au cours de l'histoire, peut-être même énoncer une loi de ses variations (ainsiqu'avait prétendu le faire Auguste COMTE).

Mais c'est tout autre chose que d'examiner sa valeur, d'établir dansquelle mesure elle peut atteindre son idéal de vérité et d'objectivité et à quelles règles elle doit obéir pour cela. III.

Le problème de l'action. Au reste, l'homme n'a pas seulement à connaître : il doit aussi et surtout agir.

Et ce problème est encore plusinéluctable que le précédent.

Comme a dit PASCAL, « nous sommes embarqués » et nous ne pouvons nous dérober.Ici encore la connaissance scientifique ne nous suffit pas. A.

— FONCTION PRATIQUE DE LA SCIENCE. Ceci ne signifie pas qu'elle nous soit inutile.

Il serait banal d'insister sur l'importance des moyens d'action que la Science nous fournit et sur le rôle des techniques issues de la Science dansnotre vie moderne.

Tout au plus peut-on noter que les Sciences humaines apportent ici aussi leur concours, qui irad'ailleurs vraisemblablement en se développant, dans la technique de l'éducation et de l'orientation, de la publicité,de la propagande, du gouvernement des hommes, de l'organisation du travail, des « relations humaines », etc. B.

— LES PROBLÈMES MORAUX. Mais la même distinction s'impose ici qu'à propos du problème de la connaissance.

La Science nous fournit, comme nous l'avons dit, des moyens d'action.

Mais elle ne saurait nous prescrire les fins auservice desquelles nous devons les employer : « La Science ne peut rien nous prescrire, pas même de cultiver laScience.» (BOUTROUX).

Elle reste en effet placée au point de vue positif, tandis que, pour prescrire une fin, il fautse placer au point de vue normatif; il faut porter un jugement de valeur sur cette fin.

C'est ainsi que l'éducationpeut avoir pour fin ou bien le développement de la personnalité individuelle ou bien l'asservissement de l'individu à unÉtat totalitaire; l'organisation du travail peut viser le seul rendement matériel ou bien tenir compte des problèmeshumains de la production; etc.

Et ce n'est ni la Psychologie ni la Sociologie qui peuvent trancher la question. C.

— LE PROBLÈME MORAL. Ces problèmes moraux particuliers ne peuvent eux-mêmes être résolus qu'en partant d'une conception générale des valeurs de l'action humaine, c'est-à-dire qu'ils impliquent le problème moral dans sonensemble.

Il est intéressant de noter que les positivistes eux-mêmes se sont rendu compte ici de l'insuffisance de laScience.

Vers la fin de sa vie, COMTE avait admis la nécessité d'une « synthèse subjective » destinée à compléterla Science positive et où le sentiment aurait joué un rôle prépondérant.Quant à GOBLOT, il n'hésite pas à reconnaître que la « science ne suffit pas, ne suffira jamais à diriger la vie » etqu'une « morale provisoire », une « morale de la croyance », est indispensable.

Mais GOBLOT s'arrête à cettesolution parce qu'il ne reconnaît pas d'autre type de connaissance que la Science.

On peut aller plus loin et, au lieude se contenter d'une vague « croyance », s'efforcer de justifier de façon rationnelle et systématisée le choix denos valeurs.

C'est l'objet même de la Morale. D.

— CONCLUSION PARTIELLE. Ce qui distingue la pensée philosophique de la Science, c'est donc, ici comme à propos du problème de la connaissance, le point de vue axiologique : les jugements moraux sont toujours desjugements de valeur.

La Philosophie nous apparaît ainsi comme étant essentiellement une Axiologie, une théorie desvaleurs dans l'ordre de l'action comme dans l'ordre de la connaissance. IV.

Le problème de l'Être. Mais est-ce là son seul objet ? La Science elle-même, si nous réfléchissons bien à ses conditions, nous suggère unautre problème encore.

Elle est en effet l'oeuvre de l'esprit, elle est l'esprit s'imposant à la matière, au mondeextérieur, et les rendant pénétrables à la raison.

Comment cela est-il possible ? Comment l'esprit peut-il ainsidominer la matière ? La pensée ne nous apparaît-elle pas dès lors, conformément au cogito cartésien, comme unesorte de réalité première ? Dans les Sciences de l'homme, il y a plus : à savoir, une exigence de pensée clairepuisque c'est la pensée ne se contentant plus de se « vivre » elle-même, mais cherchant à se comprendre.

Au seinde la pensée elle-même, il y a une ascension vers l'intelligible, c'est-à-dire, comme s'exprimait MALEBRANCHE, vers «l'esprit pur ».

— Les disciplines axiologiques nous conduisent au même problème.

Car les valeurs sont essentiellementchoses d'esprit.

Il semble donc qu'ici le problème de la Valeur et le problème de l'Être se rejoignent : l'Être, en tantque réalité première et absolue, n'est-il pas d'ordre spirituel ? C'est le problème essentiel de la Métaphysique.Conclusion.

Nous pouvons maintenant conclure.

Non, la connaissance scientifique ne peut tenir lieu de Philosophie.Elle ne se suffit même pas à elle-même.

Car elle nous conduit à poser d'une part les problèmes axiologiques de laThéorie de la Connaissance (méthodologie, épistémologie, gnoséologie) et de la Théorie de l'Action (morale), d'autrepart le problème de l'Être (métaphysique) : « La Science a besoin de la Philosophie dans la mesure où elle veutparvenir à se comprendre elle-même comme oeuvre de l'esprit » (Éd.

LE ROY).. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles