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Les connaissances scientifiques sont-elles vraies ?

Publié le 16/02/2004

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c’est le type de sujet qui va à l’encontre de la doxa, l’opinion commune, les idées reçues. La réponse qui semble s’imposer est affirmative car la science développe plusieurs critères qui permettent de parler de vérités : elle accouche d’un savoir objectif, sur des généralités, à partir de démarches démonstratives aboutissant à des lois générales voire universelles, permettant des prévisions exactes et donnant lieu à des processus expérimentaux. Tous ces arguments font des sciences le lieu par excellence de la vérité ; non tant sur le fait que les connaissances scientifiques énoncent des vérités mais par leur manière d’y arriver. En effet, l’opinion peut être vraie : l’observation personnelle, l’expérience particulière aboutit parfois à des vérités (le feu ça brûle…) mais l’opinion vraie (ou l’opinion droite pour reprendre le vocabulaire de Platon) est incapable de justifier des critères abordés ci-dessus.

Cependant, la notion même d’histoire des idées suffit à remettre en cause la véracité des connaissances scientifiques. Si les théories scientifiques se complètent alors il ne s’agit plus de parler de vérité au sens intemporel et universel ; c’est la notion même de vérité qu’il faudra repenser. De plus, tout édifice scientifique ne suppose-t-il pas des postulats, des hypothèses de départ qui sont, par définition, invérifiables et dont on ne peut alors que croire en leur véracité ? Le savoir scientifique ne serait alors qu’une croyance en un modèle explicatif dont la valeur n’aurait plus rien à voir avec la vérité.

 

 

« C'est en supprimant ce présupposé et en tâchant de s'en tenir aux pures données de l'observation que Humecritique la notion cartésienne de vérité scientifique : nous n'avons affaire, disent les empiristes, qu'à des croyancesreposant massivement sur des habitudes et qui ne sont vraies que tant que le contraire n'a pas été montré.

Cecritère restera très important dans la pratique scientifique : on ne prouve pas absolument une proposition, on la metà l'épreuve en essayant de la réfuter.

Sa vérité est alors fonction de sa résistance à la « falsification ». La réponse kantienne Afin de sauver l'entreprise intellectuelle du scepticisme, Kant opère un déplacement de la notion de vérité : cettedernière ne sera plus considérée, comme chez Descartes, comme l'adéquation de la chose et de l'esprit, mais commeune modalité du jugement par rapport aux données de l'expérience.

Cette dernière ne nous fournit pas les choseselles-mêmes mais les « phénomènes » qui dépendent de la structure particulière de notre sensibilité.

Lesconnaissances scientifiques peuvent donc être considérées comme vraies en tant que liaison rigoureuse de nosreprésentations à travers les catégoriesde l'entendement. III.

Vérité et modèle Kant avait encore à l'esprit un modèle qui passait pour définitivement acquis :celui des mathématiques euclidiennes.

Mais depuis l'avènement de géométriesnon euclidiennes et de nouvelles théories physiques, il apparaît de plus enplus qu'il n'y a pas de théorie scientifique définitive.

Qu'en est-il alors des «vérités » scientifiques? Une vérité intra-théorique Les profonds changements qu'ont connus les sciences depuis le XIXe siècleont également modifié la conception de la vérité : une proposition scientifiqueest « vraie » dans la mesure où elle est en bon accord avec une théorie deréférence; mais la vérité n'est plus définie par rapport à une réalité absolue,elle est réduite à un rapport intra-théorique. Les théories sont-elles de plus en plus vraies? Peut-on dire alors que les théories elles-mêmes se succèdent dans le sensd'une adéquation de plus en plus grande à la réalité, donc d'une vérité de plusen plus grande? La science ne peut se prononcer sur ce point: les théoriessont des outils de démonstration mais elles ne peuvent être déduites elles-mêmes.

En revanche les scientifiques parlent en termes de puissance: unethéorie est admise non pas en raison de sa « vérité » mais en raison du nombre de phénomènes ou d'énigmes qu'elle donne l'espoir d'expliquer. La vérité scientifique peut-elle être votée? Des philosophes comme P.

Feyerabend ont également insisté sur la dimension sociologique des sciences, mettantl'accent sur le fait qu'une « connaissance » est une proposition que l'on dit « démontrée » parce que ladémonstration a été validée par la communauté scientifique, c'est-à-dire par un groupe de chercheursprofessionnels qui peuvent avoir des motivations très diverses : la valeur « purement scientifique » devient uncritère parmi d'autres comme la diplomatie universitaire, la stratégie d'un laboratoire, les échanges de bons services,etc. Conclusion Faudra-t-il pour autant en revenir à la critique cartésienne à l'égard des autorités savantes de son temps et direque l'image de la vérité scientifique n'est qu'une façade destinée à assurer l'autorité d'une corporation ? Lesrésultats effectifs et l'intégrité intellectuelle de bon nombre de scientifiques obligent à nuancer un tel jugement;mais il n'en reste pas moins que la notion de « vérité » est à peu près étrangère au lexique actuel des scientifiques,qui parlent plutôt en termes de modèles et d'approximations convaincantes.

La vérité demeure cependant l'horizonultime de l'ambition scientifique, même si elle ne constitue plus un concept opératoire de la pratique quotidienne.. »

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