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la conscience

Publié le 27/02/2008

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Fiche de cours : la conscience Conscience psychologique La conscience est étymologiquement un « savoir » accompagnant l'existence, la pensée et l'action d'un sujet. Comme présence à soi et aux choses, la conscience est dite psychologique. Conscience morale En se distanciant des objets sur lesquels elle porte, la conscience peut les juger : elle peut évaluer ce qui est (les faits) d'après ce qui doit être (les valeurs). En ce sens, la conscience est morale.   1. La conscience peut-elle nous tromper ? La conscience, illusion du sujet ? La conscience est ambiguë : si rien n'est connaissable sans elle (comment savoir quelque chose sans en avoir conscience ?), elle n'en est pas moins sujette à l'erreur et à l'illusion. En effet, le sujet tend à prendre ce dont il a conscience (son point de vue particulier) pour la seule réalité existante, et ainsi à s'illusionner sur le réel. Le sujet, illusion de la conscience ? Or, l'illusion fondamentale du sujet conscient ne porte-t-elle pas sur lui-même ? La conscience d'être un sujet véritable n'est-elle pas la plus grande illusion ? Kant nous assure du contraire : « Le je prouve que j'agis par moi-même, que je suis un principe et non un résultat ». Se dire libre c'est se poser comme le sujet de ses actions et de sa pensée (c'est moi qui agis et qui pense). C'est avoir conscience de soi comme d'un être ayant une identité personnelle unifiée, stable, et capable de se déterminer lui-même. Mais cette conscience est-elle fiable ? La conscience d'exister comme sujet pensant prouve-t-elle vraiment l'existence d'un tel sujet, ou n'est-elle qu'une illusion ? Faut-il dire cogito (« je pense ») avec Descartes, ou cogitatur (« ça pense ») avec Nietzsche ? Mais si le sujet n'existe pas comme principe, disparaît-il alors moralement, c'est-à-dire comme valeur ? L'idée de sujet conscient perd-elle toute valeur ? La réponse de Descartes Le doute retourné contre le scepticisme C'est pour vaincre le scepticisme, donc pour fonder le dogmatisme (« établir quelque chose de ferme et de constant dans les sciences »), que Descartes entreprend de douter de tout. En effet, il voit dans le doute le moyen d'atteindre l'indubitable : une pensée absolument certaine résistant absolument au doute. Ce doute méthodique repose principalement sur les arguments du rêve (ne produis-je pas moi-même toutes mes pensées ?) et du malin génie (ne serais-je pas le jouet d'un être trompeur ?). Quelle garantie ai-je d'être bien « réglé » ou bien « calibré » (comme on le dit d'un instrument de mesure) ? Qu'est-ce qui me prouve que ce à quoi je pense existe vraiment et que mes idées correspondent à la réalité ? Le cogito : je pense donc je suis Descartes découvre qu'une pensée résiste au doute : c'est qu'il est vrai que j'existe, moi qui pense ( cogito), — si je n'existais pas, je ne pourrais ni penser ni douter de mon existence ! Je ne peux pas ne pas être, quand je pense que je suis. L'existence du sujet pensant (ou doutant) est une évidence indubitable. Mais que suis-je ? Je suis une « chose pensante », une substance pensante et consciente (un sujet absolu, un esprit, une âme). La conscience est l'évidence fondamentale, la connaissance constituant le fondement et le modèle de toute vérité . 2. Avoir conscience, est-ce juger ? Une relation de soi aux choses et de soi à soi Selon l'étymologie latine, la conscience est un savoir accompagnant quelque chose. Elle signifie donc que quelque chose est su par le sujet ; le sujet se sait en relation avec une réalité, perçue plus ou moins clairement. Conscience psychologique et conscience morale La conscience peut porter sur des faits (ce qui est) ou sur des valeurs (ce qui doit être). Dans le premier cas, la conscience est dite psychologique. Elle est spontanée et/ou réfléchie. Son objet est extérieur (les choses) ou intérieur (la vie subjective) ; présent (attention...), passé (souvenir, regret...) ou futur (attente, projet...) ; possible (hypothèse...) ou impossible (imagination, illusion...). Elle émet des jugements de fait ou d'existence (il y a ceci, ceci est cela…). Dans le second cas, la conscience est dite morale : elle émet des jugements de valeur. Elle est alors comme un juge intérieur, évaluant ce qui est (faits, actes, pensées…) d'après ce qui doit être, c'est-à-dire d'après des valeurs ou des normes (morales, religieuses, politiques, juridiques, esthétiques...). Toute conscience est-elle morale ? Mais faut-il vraiment séparer la conscience psychologique de la conscience morale ? Ne serait-ce pas, comme le dirait Descartes, prendre une distinction formelle (valable seulement en pensée) pour une distinction réelle (valable dans la réalité) ? En effet, toute conscience est toujours un certain écart par rapport à ce qui est. Or, toute prise de distance n'implique-t-elle pas une certaine évaluation et un certain choix ? La conscience n'est-elle pas alors essentiellement morale ? La réponse de Alain La conscience fait face à ce qui est... Perdre conscience (s'évanouir), c'est cesser d'être présent à soi et au monde. Au contraire, « revenir à soi, c'est revenir au monde, c'est-à-dire précisément à autre chose que soi » (Paul Valéry). La conscience psychologique fait qu'un être n'est pas seulement dans le monde (une chose parmi les choses), mais est aussi devant le monde (un sujet face à un objet, ou face à d'autres sujets) . ... et le juge au nom des valeurs Or, parce qu'elle est «l'acte par lequel l'esprit se dédouble et s'éloigne à la fois de lui-même et des choses », la conscience permet la reprise critique de ce qui est. Parce qu'elle oppose ce qui doit être (la norme) à ce qui est (le fait), la conscience est toujours morale : elle juge et elle incite à rectifier ce qui n'est pas fidèle à ses valeurs. « La morale consiste à se savoir esprit et, à ce titre, obligé absolument : car noblesse oblige », conclut Alain.

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