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LA CONSCIENCE

Publié le 01/01/2011

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conscience

                                               

                                                      LA CONSCIENCE          « Je »

 

 

Le mot conscience vient du latin qui désigne la connaissance (sciencia) accompagnant (cum) quelque chose (soi-même ou le monde extérieur).

La conscience peut se définir comme la connaissance qu’a l’homme de lui-même et du monde extérieur. « Perdre conscience » ou « perdre connaissance », c’est cesser d’être présent à soi et au monde. A l’inverse, « revenir à soi », c’est revenir au monde.

-          Etre en-soi : tout ce qui est mais n’a pas conscience d’être (choses, hommes)

-          Etre pour soi : être conscient de soi-même (homme seulement)

 

On distingue deux types de conscience de soi :

-          La conscience immédiate ou spontanée: simple présence de l’homme à lui-même, au moment où il pense, sent, agit... (exister en soi)

-          La conscience réfléchie qui est la capacité de revenir sur ses  pensées, ses actes, et de les analyser, voire de les juger (être conscient d’être conscient : être pour soi) .Cette introspection permet de distinguer le moi empirique (celui dont j’observe les états de conscience) et ce que Kant appelle le je transcendantal (l’instance qui rend possible l’observation. Le langage rend bien compte de ce dédoublement : « je me promène, je me regarde dans la glace.. »

 

On distingue deux dimensions de la conscience :

 

-          La conscience psychologique : elle porte sur ce qui est en moi et hors de moi, c’est-à-dire sentiments, sensations (en moi), faits passés (souvenirs, regrets), présents, futurs (projets), possibles (hypothèses), impossibles (imagination).

Elle peut être immédiate et/ou réfléchie et correspond d’une manière générale à une prise en compte de la réalité. (Prendre conscience, perdre conscience…)

 

-          La conscience morale : elle évalue des faits, des actes, des pensées,  d’après des valeurs, des normes (ce qui doit être )religieuses, morales, politiques , esthétiques etc.…Elle émet des jugements de valeur (Bien, Mal ,devoir, beau, laid)

(Avoir la conscience tranquille, avoir un poids sur la conscience, juger en son âme et conscience).

 

La conscience psychologique est souvent évoquée comme une lumière qui nous « éclaire » et la conscience morale comme une voix qui nous « parle »

 

La conscience morale

 

C’est un tribunal intérieur devant lequel l’homme juge en bien ou en mal faits, actes, pensées. Quand le jugement est partagé entre des valeurs également recommandables, on parle de « cas de conscience » .Exple : le secret de la confession peut poser des cas de conscience au prêtre.

La conscience morale correspond à ce que Socrate appelle son « démon », sorte de voix intérieure qui le retient tout en lui laissant la liberté et la responsabilité de ses actes. Le démon n’indique pas le chemin à suivre, c’est à l’homme de le découvrir et de faire son choix.

On retrouve des représentations allégoriques de la conscience morale comme l’œil qui regardait Caïn jusque dans la tombe dans « La conscience » de V.Hugo. Jiminy Cricket est la conscience de Pinocchio dans le film de Walt Disney.

La conscience morale ne doit pas verser dans le moralisme, c’est-à-dire juger autrui plutôt que soi-même (donner des leçons de morale). « La Morale n’est jamais pour le voisin » dit Alain.

 

La conscience peut-elle ne pas être morale ?

 

Etre immoral revient à juger selon de mauvaises valeurs, ce qui revient à opposer une morale à une autre. La morale dépend du système de valeurs dans lequel on se place mais on ne peut échapper à la dimension morale de la conscience.

-          Kant affirme que la conscience morale « suit l’homme comme son ombre ».

-          Pour Alain, « La conscience est toujours implicitement morale ». En effet, si on a la capacité de revenir sur ses pensées, ses actes, pour les analyser, on est amené à se questionner sur ce que nous devons faire. Ainsi, pour Alain il n’y a pas de morale sans délibération, pas de délibération sans conscience. La conscience morale nécessite un esprit critique. « On nomme bien inconscients ceux qui ne se posent aucune question à eux-mêmes » note Alain.

-          Pour Rousseau cette « voix » de la conscience est la même en tout homme, elle est universelle. Tel un instinct, elle ne se trompe jamais « juge infaillible du bien et du mal ».

 

Quelle origine accorder à la conscience morale ?

 

-          Pour Kant, la conscience morale est l’expression de la raison pratique (Le marchand reste honnête par intérêt et non par devoir, une réputation de voleur lui ferait perdre sa clientèle).

-          Pour Marx, la conscience morale est le produit d’un conditionnement social. Les valeurs morales sont définies par notre culture, notre éducation, notre milieu social

-          Pour Freud, la conscience morale est issue du Surmoi, instance en majeure partie inconsciente

-          Notre conscience psychologique et morale n’est jamais aussi vive que dans les moments de crise intérieure, quand nous avons à choisir une conduite « conscience « est synonyme de choix » dit Bergson, donc de liberté.

 

Conscience et connaissance de soi

Etymologiquement, le mot conscience renvoie à la connaissance accompagnant quelque chose.

Descartes dans les « Méditations Métaphysiques » entreprend de soumettre tout savoir à l’épreuve du doute. L’unique certitude qui résiste au doute cartésien est celle du Cogito ergo sum, « Je pense, donc je suis ».Douter de cette vérité (Je pense), revient à la confirmer. Pour que le doute soit possible, il, faut quelqu’un qui doute : le doute suppose la pensée qui suppose à son tour l’existence d’un sujet. A partir de cette certitude, la conscience apparaît comme le fondement de toute connaissance.

Avant Descartes, Saint Augustin affirmait déjà le même principe : « Si je me trompe, je suis, puisque l’on ne peut se tromper si l’on n’est ». Faire des erreurs fait prendre conscience pas seulement de ses faiblesses mais simplement de son existence. Douter, penser, se tromper sont des preuves de mon existence selon Descartes et Saint Augustin.

La connaissance de soi est une nécessité essentielle.

Socrate, philosophe grec de l’Antiquité, avait fait sa devise d’une inscription placée sur le fronton du temple de Delphes : « Connais-toi toi-même »La connaissance de soi permet de maitriser ses désirs, ses passions et de mieux agir. Par exemple, l’attitude de pardon permet de se séparer de sa propre haine, de sa propre violence.En étant en harmonie avec lui-même et avec autrui, l’homme est plus heureux. « Connais-toi toi-même » est un rappel que Socrate oppose aux prétentions des sophistes. Les sophistes sont des professeurs d’éloquence qui prétendent tout savoir et tout savoir faire. Mais ils ignorent dans quelle direction ce savoir et ce pouvoir doivent être utilisés.

La connaissance de soi est la nécessité la plus essentielle : Œdipe sait répondre à la question du Sphinx mais il se perd en ne sachant pas qui il est. « Connais-toi toi-même » est une incitation à atteindre un idéal, celui de la sagesse.

Comment arriver à la connaissance de soi ?

-          Par la conscience réfléchie, capacité de faire retour sur ses pensées, ses actions et de les analyser. L’introspection permet de faire son propre portrait (qualités, défauts, traits de caractère)

-          En prenant de la distance avec soi-même : séparer le moi et le je, c’est-à-dire ne pas se confondre avec ses pensées, ses désirs, ses actes. Sartre affirme « Je suis ce que je ne suis pas, je ne suis pas ce que je suis ».Il s’appuie sur l’analyse de l’attitude du garçon de café qui agit comme une chose. On ne peut réduire un sujet à une dimension .Exple : « je suis lâche » veut dire que je me comporte comme un lâche mais la lâcheté ne peut me résumer.

 

-          Par la relation avec autrui : selon Hegel, la conscience de soi ne passe pas par l’introspection mais  par la reconnaissance par une autre conscience .Sous le regard de l’autre, j’acquiers une existence objective mais l’image que l’autre me renvoie est réductrice.

-          Par l’expérience, notion sur laquelle s’appuie l’empirisme (Locke et Hume). Locke oppose la connaissance par l’expérience acquise par les sens (expérience externe) ou par les sentiments (expérience interne) à la connaissance acquise par la raison telle que la déduction mathématique. Pour Kant, la connaissance débute par l’expérience, c’est la raison qui lui donne un sens.

 

Quels sont les obstacles à la connaissance de soi ?

 

-          Le temps : les changements physiques et psychiques font que la connaissance de soi n’est pas définitive. Pour Sartre « L’existence précède l’essence » .L’homme existe d’abord et se définit au cours de son existence .Il se construit lui-même à travers ses actes, ses choix. (Pour l’objet, l’essence précède l’existence : le couteau est défini avant d’exister).Pour cette raison aussi, l’homme a une place particulière dans la nature.

-          Les erreurs sur moi-même : le pouvoir de la pensée est limité par des interférences avec les sens, les sentiments, l’imagination, le divertissement.

-          L’inconscient : pour Freud, notre vie psychique ne se limite pas à notre conscience

-          La mauvaise foi consiste pour Sartre dans L’Etre et le Néant, à tromper sa propre conscience afin d’échapper à ses responsabilités et à l’angoisse qu’elles provoquent.

-          Le milieu social (Marx), l’ignorance des causes de nos désirs (Spinoza) qui nous donne l’illusion d’agir librement (cf limites de la conscience de soi)

 

Conscience de soi et grandeur

 Pascal écrit dans les Pensées : « L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature, mais c’est un roseau pensant »La grandeur de l’homme vient de ce qu’il est le seul capable de méditer sur sa condition, si misérable soit-elle .Ce n’est pas par notre corps soumis aux lois de la physiques et de la biologie (vieillissement, mort) que nous avons une place particulière dans le monde. La grandeur de l’homme vient de ce qu’il peut se représenter sa petitesse dans l’Univers parce qu’il a conscience de lui-même et de sa condition .La conscience de soi est le propre de l’homme et fait sa grandeur. L’Univers ne se sait pas infini, l’animal ne se sait pas mortel. La conscience distingue l’homme de l’animal.

Conscience de soi et mémoire,

Pour Bergson, « Conscience signifie d’abord mémoire ». La conscience de soi s’appuie à la fois sur le passé mais se projette aussi  dans le futur : la conscience est « un pont jeté entre le passé et l’avenir »

Conscience de soi et liberté

La liberté est habituellement conçue comme l’absence de toute contrainte étrangère.

Pour Bergson « Conscience est synonyme de choix », donc de liberté.

Pour Sartre, il n’y a pas de Dieu mais en prenant conscience de son existence et de sa mort, l’homme peut choisir de donner un sens à sa vie. Ce pouvoir de choisir est ce qu’il appelle le libre arbitre de l’homme .Dans « L’Etre et le Néant », Sartre appelle « Néant » un trou dans l’être, un projet, un acte que l’homme a la liberté de réaliser mais dont il est responsable.

Conscience de soi et identité ( qui suis-je ?)

L’individu peut avoir le sentiment de demeurer semblable à lui-même malgré la diversité des états qu’il connaît dans son existence. Pourtant l’homme se construit lui-même par ses actes, par ses choix .L’enfant prend progressivement conscience de son identité, par exemple en se reconnaissant  dans un miroir vers 6 mois puis en parlant de lui à la première personne vers 2 ans .C’est ce cheminement qui lui donne son identité. Les troubles de la mémoire (amnésies) perturbent l’identité par l’effacement du souvenir des pensées, des actes, des expériences .La conscience de soi permet au sujet de répondre à la question : qui suis-je ?

Les limites de la conscience de soi

Pour Descartes, la conscience me fait connaître non seulement que j’existe mais aussi qui je suis (« une chose pensante » .Elle donne son identité au sujet qui devient transparent à lui-même. Mais cette transparence a été contestée par d’autres :

-          Pour Freud, notre vie psychique présente une zone opaque à notre conscience : notre inconscient.

-          Pour Marx, la conscience peut être déterminée par le milieu social

-          On peut avoir conscience de ses désirs, de ses sentiments, de ses actes mais ignorer leur cause exacte .Pour Spinoza, dans l’ignorance des causes qui nous déterminent, nous n avons que l’illusion d’agir librement.

Dans ces conditions, prendre conscience de soi, n’est-ce -pas aussi prendre conscience qu’une partie de nous échappe à notre conscience et donc que nous n’avons qu’une connaissance de nous partielle et partiale ?

La conscience n’est jamais seule comme une chose mais toujours confrontée à elle-même, au corps, à l’inconscient, aux choses, à autrui.

 

Pathologies de la conscience

-          La paranoïa : sentiment de persécution crée par l’établissement de coïncidences entre des événements. Le sujet a l’impression qu’on lui cache la vérité.

-          La schizophrénie : délire, hallucination .Perte de la réalité de son identité et du monde

 

 

 

 

 

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