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La conscience et l'action

Publié le 15/01/2004

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conscience
Ainsi je lève le bras, et ma conscience s'éveille dans le sentiment du moi qui s'affirme en triomphant de l'inertie de mon corps. En effet, le moi ne peut prendre conscience de son existence qu'en s'opposant à un objet résistant qui se distingue de lui. La conscience apparaît alors comme la maîtrise du moi sur le « corps propre », comme une force agissante qui se révèle dans l'expérience de l'effort moteur, racine de la volonté libre. B. « Conscience signifie choix ».* Cependant, la conscience claire ne s'attache qu'à un petit nombre de nos attitudes. Ainsi l'automatisme de l'habitude est inconscient ; il s'exerce sans qu'on y pense. Le cycliste maintient son équilibre en imprimant sans cesse à son guidon de petits mouvements. Cette activité est automatique, inconsciente. En fait, la conscience remplit une fonction de sélection, et semble au service de l'adaptation biologique.
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« création continue?En un premier mouvement, Bergson montre que la conscience est mémoire.

C'est même parce qu'elle est mémoire qu'elle est un perpétuel progrès, établit-il en un second mouvement.

Ainsi spécifiée comme mémoire etcomme anticipation, la conscience ne vit que des présents en mouvement où passé, présent et avenirs'interpénètrent en une mélodie continue, conclut-il en mouvement trois. [1) La conscience est mémoire.

Il n'y a conscience que là où il y a mémoire.] Il est d'abord question de méthode.

À la question «qu'est-ce que la conscience ?» une philosophie du conceptrépondrait par une définition en termes abstraits, déterminant de manière intellectuelle l'essence de laconscience.

Mais Bergson , philosophe de l'intuition, s'y refuse.

« Définir une chose aussi concrète» que la conscience par des abstractions serait rendre obscur ce qui pourtant se donne à saisir clairement, dansl'expérience la plus quotidienne et la plus intime.

En effet, le concept et le mot, liés à l'intelligence analytique,rateraient la concrétude vivante de notre conscience, dont la réalité est à sentir et à vivre, et non àconcevoir.

Pour savoir ce qu'est une conscience, il faut pénétrer en elle, coïncider avec elle, être elle.

Pourchacun de nous, sa propre conscience est même la seule réalité dont il puisse avoir une connaissance directe,immédiate, une connaissance qui soit une absolue coïncidence avec son objet, et non un point de vueextérieur et relatif : «il y a une réalité au moins que nous saisissons tous du dedans, par intuition et non parsimple analyse : c'est notre propre conscience dans son écoulement et sa durée ».

Que nous apprend, d'abord,cet effort pour coïncider avec notre propre conscience? Ce qui nous apparaît d'abord, c'est l'indissociabilité duprésent et du passé au sein de notre courant de conscience.Si «conscience signifie d'abord mémoire», c'est qu'on ne peut trouver une ligne de démarcation entre le passéet le présent, donc entre la mémoire et la conscience.

Tout présent conscient suppose une rétention dupassé, que ce soit sur le mode du souvenir spirituel ou sur le mode d'un mécanisme sensori-moteur issu del'habitude.

Par exemple, lorsque j'articule un mot, je ne suis conscient du sens de ce mot que si je me souviensdes premières syllabes, lorsque j'articule la dernière.

Il en va de même pour une phrase écoutée ou prononcée :je ne suis conscient de son sens que par le souvenir spirituel des premiers mots.

Il en irait de même duparagraphe, de [oeuvre entière.

Mais la mémoire «peut n'embrasser qu'une faible partie du passé », commec'est le cas dans tout présent sensori-moteur, au coeur de l'action mécanique : si mon degré de conscienceest faible, en cet automatisme efficace, il n'en reste pas moins que cette conscience suppose mémoire.

Eneffet, percevoir c'est se souvenir, car la moindre sensation suppose une succession d'ébranlementsélémentaires qui se conservent.

De même, pour coordonner efficacement les gestes sous [impulsion de lasensation, il faut bien qu'un mécanisme déjà emmagasiné et conservé soit mobilisé.

Ainsi tout présent sensori-moteur d'un être doué de vie et de sensibilité suppose mémoire, donc un certain degré de conscience.

En droit,la mémoire est coextensive à la conscience et la conscience à la vie.L'hypothèse leibnizienne d'une conscience instantanée s'avère contradictoire, ce qui démontre que la mémoireest bien l'essence de la conscience.

Leibniz, ce penseur de la continuité, voyait dans les simples vivants -plantes et matières inorganiques - de l'esprit déjà, mais instantané.

À propos des plantes, par exemple, ilparlait de «conscience sourde» ou de « perception simple» non accompagnée de mémoire.

Mais, aux yeux deBergson , instantanéité et sensibilité ne peuvent aller de pair, puisque la sensation est déjà mémoire.

Il faut donc admettre que si la matière inanimée est «un esprit instantané», elle est insensible : un pur présentinstantané serait la pure inconscience d'une matière inerte et insensible, et il faudrait alors renoncer à parlerd'esprit.

Une perception instantanée, sans mémoire, est impossible, car percevoir, être sensible, êtreconscient, c'est toujours un tant soit peu se souvenir.

La conscience ne peut se concevoir sans durée, sanspassé survivant dans la mémoire - de manière spirituelle et/ou mécanique - et se conservant en chaqueprésent, de lui-même.

La mémoire n'est donc pas une fonction de la conscience : elle est la conscience elle-même, comme conservation du passé au présent.

La conscience est par essence mémoire.Si le passé se conserve ainsi, s'il fait boule de neige avec lui-même, alors la conscience ne vit jamais lesmêmes états : il suffit que du temps ait passé pour qu'elle se transforme qualitativement et progresse, et, parlà, s'ouvre à la nouveauté et à l'avenir.

La conscience est tension.

Et c'est parce qu'elle est rétention dupassé qu'elle est tension vers l'avenir. [2) Parce qu'elle est mémoire, la conscience est perpétuelle anticipation.] Ainsi, c'est «en vue de ce qui va être» que notre esprit s'occupe de ce qui est.

Si chacun en revient auxdonnées immédiates de sa conscience et coïncide intuitivement avec le mouvement de sa durée spirituelle, ense faisant contemporain de l'action en train de se faire, il s'aperçoit alors que son courant de conscience estvectoriellement orienté.

Chaque présent ne prend sens qu'en fonction de buts et fins visés.

Or, la préparationde ce qui sera requiert l'utilisation de ce qui a été, car, pour prévoir et agir, il faut se souvenir des occurrencespassées.

C'est donc parce que la conscience est perpétuelle rétention du passé qu'elle est tension versl'avenir, c'est-à-dire progrès - du latin progredior, je m'avance vers, je vais de l'avant.

Ainsi chaque présentest création d'avenir, préparation de ce qui sera, projection et projet.

Ce qui est, c'est toujours ce qui se faitsur le mode du projet.C'est pourquoi la conscience est attention, c'est-à-dire concentration spirituelle.

En effet, seule uneconscience qui retient le passé et anticipe l'avenir est une conscience attentive.

Cela apparaît clairement dansl'intention signifiante : lorsque j'écoute ou construis un discours, je ne suis vraiment attentif à chacun de sesmots, à chacune de ses phrases, que dans la mesure où je me souviens de ce qui a déjà été prononcé et oùj'attends une totalité sensée à chaque articulation du discours.

«L'attention est une attente», et il en va de lavie et de l'action comme du discours : chaque présent ne prend sens qu'en fonction de ce que j'attends de sa. »

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