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La conscience est-elle un atout ?

Publié le 23/02/2005

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  II De la valeur biologique et existentielle à une valeur métaphysique et morale de la conscience : Descartes et Rousseau.   -Descartes : par le cogito, Descartes entreprend de trouver un fondement pour découvrir la place de l'homme dans le monde créé par Dieu. Le cogito nous permet de nous rendre certains de notre existence et de l'existence de Dieu, et fournit le socle absolu d'une science humaine (Discours de la méthode). La conscience apparaît donc comme un atout métaphysique décisif pour l'homme, qui doit affronter l'étrangeté douteuse du monde environnant. Cet atout métaphysique peut également l'aider à s'orienter moralement dans le monde, à déterminer le bien et le mal : le cogito est le socle de l'édifice de la science humaine, laquelle s'achève par cette science particulière qu'est la morale.   -Rousseau explicite cette fondation bénéfique de la morale par la conscience dans Emile ou de l'éducation, en identifiant immédiatement conscience et conscience morale. La conscience, plus qu'un atout, devient un privilège réservé à l'homme, qui par là-même se rend semblable à Dieu selon Rousseau. La conscience, d'une simple fonctionnalité naturelle et efficace, semble dès lors dériver vers un don divin accordé à l'homme.   III La conscience, un atout fondamentalement critique pour l'homme : Bergson et Nietzsche   -Bergson : la conscience ne doit pas se penser comme un privilège évident, nous permettant sans effort d'accéder à une connaissance légitime du monde. Au contraire, dans l'Essai sur les données immédiates de la conscience, Bergson montre comment la conscience opère une sélection du monde qui nous entoure, qui déforme la réalité sous-jacente de ce dernier.

Si la conscience devait apparaître comme un atout de l'homme pour mener son existence, l'absence de cette conscience devrait se manifester symétriquement comme un handicap. Et tel paraît bien être le cas comme l'atteste le langage courant : un homme "inconscient" est ainsi décrit comme manquant d'un sens de la responsabilité, souffrant donc d'un défaut moral qui lui interdit l'accès à l'authenticité d'une vie pleinement humaine. L'atout que représenterait la conscience est-il essentiellement moral ? Si non, la conscience pourrait-elle avoir une utilité strictement physiologique ? Et si oui, cette qualité morale de la conscience peut-elle être susceptible d'une dérive nuisant au dévoppement des facultés naturelles humaines ?

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« humaines").

Peut-elle constituer un argument contre l'idée qu'il existe des principes moraux universels, susceptiblesde guider tous les hommes de la même façon ? Autrement dit, la diversité des moeurs peut-elle justifier unrelativisme qui rendrait incertaine l'idée même de moralité ?Par le terme de « conscience », le texte désigne donc exclusivement la conscience morale. • Le raisonnementIl est un fait que chacun entend en lui-même la voix de sa conscience qui lui dicte son devoir.Quelle est la nature de cette voix ? Rousseau emploie l'expression a instinct divin ».

Le mot « instinct » est engénéral utilisé pour caractériser les conduites animales ou ce qui, en l'homme, relève de son aspect « animal » ets'oppose à la raison.

Or, ici, Rousseau l'emploie au contraire pour nommer ce qui va diriger l'homme vers uneconduite non animale (« sans toi je ne sens rien qui m'élève au dessus des bêtes »).Parler d'instinct à propos de la conscience permet de ne pas l'identifier à la raison.

Comme l'instinct animal, laconscience n'est pas le résultat d'un apprentissage ou d'une réflexion, le fruit de connaissances : elle estspontanée, « innée ».

Mais, en même temps, l'adjectif « divin » différencie la conscience de l'instinct animal ensoulignant son caractère éminemment spirituel.Pourquoi sommes-nous « sourds » ? Si la conscience était à nos actions ce que l'instinct est à la conduite animale,nous ne pourrions lui résister.

Mais, précisément, « tout » nous fait oublier cette voix de la nature.

a Tout », c'est-à-dire l'éducation que nous recevons dans la société et qui, dès l'enfance, inculque des préjugés.

La voix de laconscience n'est ni celle de la raison instruite, ni celle du fanatisme nourri dès l'enfance.

D'où le projet de Rousseaudans l'Émile d'expliquer ce que pourrait être une éducation --qui préserve, pour l'enfant, la possibilité d'entendrecette voix à la fois naturelle et divine. • Rapprochements possibles et intérêt philosophique du texteOn retrouvera chez Kant la même idée selon laquelle le sens moral est à la portée de tout homme, même non instruit: chacun sait immédiatement où est son devoir.

Mais cette universalité même de la moralité est pour Kant le signeque la conscience morale est l'oeuvre de la raison : non pas une raison « théorique » ou « savante », mais uneraison pratique.

Contrairement à Rousseau, Kant ne fait pas de la morale un sentiment qui s'éprouve mais une loi quis'impose à tout être raisonnable.

La différence entre Kant et Rousseau n'est pourtant pas si grande : lorsqueRousseau dissocie conscience et raison, c'est à la « raison savante » qu'il pense, et le sentiment moral, dans saspiritualité, est pour lui hautement raisonnable. III La conscience, un atout fondamentalement critique pour l'homme : Bergson et Nietzsche -Bergson : la conscience ne doit pas se penser comme un privilège évident, nous permettant sans effort d'accéderà une connaissance légitime du monde.

Au contraire, dans l'Essai sur les données immédiates de la conscience , Bergson montre comment la conscience opère une sélection du monde qui nous entoure, qui déforme la réalité sous-jacente de ce dernier.

La conscience est donc un atout qu'il faut considérer de manière critique : l'homme doitmettre en doute la manière spécifique dont il perçoit le monde, les informations que lui fournit la conscience, afin deprendre conscience de la contingence (réalité qui pourrait ne pas être) de cette manière d'être particulière.

Laconscience est donc bien un atout, car elle est capable d'exercer une critique envers elle-même.

-Nietzsche : si la conscience doit demeurer un atout foncièrement critique, c'est qu'elle est susceptible d'effetsnéfastes sur l'existence humaine.

En effet, la conscience a tendance a prendre sa perception du monde commeévidente et légitime, et ainsi à corrompre la relation naturelle qu'a l'homme au monde, affaiblissant alors la puissancede vie naturelle de l'individu humain.

Nietzsche décrit ainsi le processus de nivellement des singularités individuellesdans la société, que permet justement la conscience, et qui doit être remis en cause ( Le gai savoir ). Conclusion -La conscience est un instrument biologique et existentiel essentiel à la nature humaine, qu'elle soit nature de soncorps ou de son existence : elle est alors plus qu'un atout, mais une nécessité indispensable à l'épanouissementd'une vie proprement humaine.

-Cette utilité naturelle permet à l'homme de penser moralement sa place dans le monde, et son harmonie avec celui-ci.

-Mais cette utilité morale ne doit pas être pensé comme acquise une fois pour toutes, sinon elle risque de perdre sadimension critique et de devenir un droit suprême de l'homme sur la nature, ce qu'elle n'est pas.

Pour êtrepleinement un atout, elle doit conserver un sens contingent qu'il convient de mettre constamment en doute, malgrésa nécessité naturelle.

La conscience est donc bien un atout, mais pas un privilège : Spinoza dans l' Ethique dit ainsi que l'homme n'est pas "un Empire dans un Empire", celui de la nature divine.. »

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