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Conscience et morale ?

Publié le 09/07/2004

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conscience
C'est sans aucun doute dans les rapports qu'elle est susceptible d'entretenir avec ce que les hommes appellent la morale, que la conscience montre à quel point elle peut également étendre sa signification originelle et même, dans une certaine mesure, s'en écarter quelque peu. Dans cette dernière perspective, il ne s'agit plus en effet de la relation directe qui unit la conscience à la connaissance, mais d'une identification de la première à un ensemble de conventions plus ou moins arbitraires comme tout ce qui relève du seul domaine des « mœurs « — d'où dérive le terme de « morale « — et qui, par là même, ne peuvent apparaître que comme éminemment relatives, puisque rien n'est plus changeant et instable que les mœurs qui, par définition, doivent sans cesse se modifier selon les époques afin de s'adapter à la mentalité des peuples auxquels la « morale « est essentiellement destinée. Cependant, certains se sont efforcés de fournir une base plus solide à la notion de « conscience morale «, alors que d'autres, tels que Nietzsche (1844-1900), se sont surtout attachés à mettre en évidence l'ambiguïté qui la caractérise au point de vue philosophique.

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« Les trois règles énoncées successivement par Kant sont en effet les suivantes :— « Agis de telle sorte que la maxime de ton action puisse être érigée par ta volonté en une loi universelle ». — « Agis de telle sorte que tu traites l'humanité en toi-même et en autrui comme une fin et jamais comme un moyen».— « Agis comme si tu étais législateur et sujet dans la république des volontés libres et raisonnables ».Ce qu'il importe de noter encore à ce propos, c'est que Kant fait reposer le fondement de sa loi morale surl'existence même de Dieu, ce qui suffit à lui garantir tout à la fois sa validité et sa légitimité philosophique. LA CONCEPTION NIETZSCHÉENNE À l'inverse, Nietzsche (1844-1900) conteste que les valeurs « morales » puissent être autre chose que l'expressionde ce qu'il dénonce avec vigueur comme une morale du « ressentiment », c'est-à-dire et en définitive une moralefaite par et pour les « faibles », et qui chercheraient à compenser par là une infériorité intellectuelle les dépossédantainsi de tout pouvoir effectif.Autrement dit, la question fondamentale que Nietzsche soulève à ce sujet, porte avant tout sur l'authenticité durapport existant entre la morale et la , rapport qui, selon lui, ne peut être que profondément falsifié, ainsi que nousle montre l'analyse philosophique rigoureuse de la « généalogie » de nos valeurs morales.On comprend par là que la problématique impliquée dans la conception d'une « conscience morale » en tant quetelle, est assez complexe donc difficile à trancher avec certitude, puisqu'au fond, elle touche directement à laquestion de la liberté humaine et de la faculté que tout homme possède de se déterminer par rapport à ses propresvaleurs. « La conscience morale n'est pas quelque chose que l'on soit susceptible d'acquérir, et il n'y a pas de devoirordonnant de se procurer cette conscience; mais tout homme, en tant qu'être moral, possède en lui, originairement,une telle conscience.

» Kant, Doctrine de la vertu, 1797. « Fouille en dedans.

C'est en dedans qu'est la source du bien et elle peut jaillir sans cesse, si tu fouilles toujours.» Marc-Aurèle, Pensées pour moi-même, IIe s.

apr.

J.-C.« La conscience morale est la raison pratique représentant à l'être humain son devoir dans chaque cas où intervientune loi, que ce soit pour l'acquitter ou pour le condamner.

»Kant, Doctrine de la vertu, 1797. « Il est [...] au fond des âmes un principe inné de justice et de vertu, sur lequel, malgré nos propres maximes,nous jugeons nos actions et celles d'autrui comme bonnes ou mauvaises, et c'est à ce principe que je donne le nomde conscience.

» Rousseau, Émile ou De l'éducation, 1762. « Conscience ! conscience ! instinct divin, immortelle et céleste voix; guide assuré d'un être ignorant et borné,mais intelligent et libre; juge infaillible du bien et du mal, qui rends l'homme semblable à Dieu, c'est toi qui faisl'excellence de sa nature et la moralité de ses actions.

» Rousseau, Émile ou De l'éducation, 1762. « Si tu écoutes tel ou tel jugement, comme la voix de ta conscience, en sorte que tu considères quelque chosecomme juste, c'est peut-être parce que tu n'as jamais réfléchi sur toi-même et que tu as accepté aveuglément cequi, depuis ton enfance, t'a été désigné comme juste.

» Nietzsche, Le Gai Savoir, 1883. « Au cours de mes années de bagne, je n'ai pas constaté chez mes camarades le moindre regret, le moindremalaise de conscience [...].

Le criminel, insurgé contre la société, la hait; il considère presque toujours qu'il a raisonet qu'elle a tort.

» Dostoïevski, Souvenirs de la maison des morts, 1862.. »

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