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La conscience peut-elle errer?

Publié le 17/02/2005

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conscience
Analyse du sujet   Le mot conscience vient du latin cum scientia qui signifie « accompagné de savoir ». Etre conscient, c'est en effet agir, sentir ou penser et savoir qu'on agit, qu'on sent et qu'on pense. Le fait d'être conscient constitue donc pour l'homme un événement décisif qui l'installe au monde et lui commande d'y prendre position. Car l'homme, dans la mesure où il est conscient, n'est plus simplement dans le monde, chose parmi les choses,  vivant parmi les vivants. Il est au contraire devant le monde et, dans ce vis-à-vis, le monde se constitue pour lui comme monde à connaître, à comprendre, à juger ou à transformer. Le monde est ainsi mis à distance et tout l'effort de penser ou d'agir naît de cette expérience originelle de la séparation de l'homme et du monde, instaurée par la conscience. Or, ce qu'il s'agit d'interroger ici c'est précisément ce rapport de confiance quasi instinctive, pour ne pas dire encore naïve, vis-à-vis de sa propre conscience de soi et du monde. Il y a effectivement, du moins nous semble-t-il, une confiance spontanée envers la conscience qui tend à en faire une norme de validité voire de vérité. Seulement, avoir conscience de quelque chose est-ce bien synonyme de connaître cette chose en question ? Peut-être justement que la conscience s'égare, outre passe ses propres compétences, lorsqu'elle étend ainsi son empire de la conscience à la connaissance. Or c'est précisément cette capacité d'égarement qui est ici mise à la question. Se demander si la conscience peut errer, c'est en réalité se demander s'il appartient à l'essence de la conscience de se tromper, d'être source d'illusion (sans précisément qu'elle en est elle-même conscience). Tout se passe comme si la capacité d'errer se trouvait nécessairement, du point de vue ontologique, dans l'essence même de la conscience comme puissance qui pouvait s'actualiser à tout moment. C'est donc à la fois sur la nature de la conscience, mais aussi sur ses pouvoirs qu'il va falloir porter l'étude. Il s'agira en effet de soumettre au doute la confiance spontanée que l'on accorde à la conscience pour en définir la véritable nature. Car au fond cette nature, même ambivalente, peut nous être utile pour affirmer quelque chose du sujet conscient lui-même, à savoir de l'homme.   Problématique               La conscience peut-elle servir de fondement ultime et légitime à toutes les certitudes de soi et du monde, ou bien faut-il se défier d'elle en tant qu'elle serait capable de nous induire en erreur, de produire des illusions ? Faut-il donc se défier de la conscience ? Car, même si on reconnaît la conscience comme capable d'errer, cela signifie-t-il pour autant une discréditation absolue et définitive de la conscience elle-même ?
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« Deuxième partie : La conscience et l'imaginaire « L'imagination [...], c'est la conscience tout entière en tant qu'elle réalise sa liberté.

» Sartre , L'Imaginaire, 1940 . Il faut remarquer qu'aussi conscient que l'homme soit de ses actes, il ne se représente pas non plus le monde selonle plan unique de la réalité ou de la fidélité à l'expérience.

Bien souvent, la vie ne se supporte qu'à entrer dans unmonde parallèle tissé de rêve et de fantaisie.

La conscience n'abdique pas pour autant, elle est parfaitement àmême d'établir la différence entre la chose et son image, mais elle a cependant un besoin passionné de cette image.Ce penchant commence dans l'enfance où il est représenté par le « faire comme si », mais il se prolonge dansl'univers adulte, entretenu prioritairement par l'art et les productions originales de celui-ci.

Le poète n'est pasl'homme de la mimésis, mais celui qui dit métaphoriquement cette réalité.

L'imagination est « la grande fonction "irréalisante" de la conscience ».

Sartre, L'Imaginaire, 1940 .

La conscience n'est donc pas que la capacité d'évaluation de la pertinence du présent mais elle est aussi jeu sur la temporalité, anticipation de l'avenir, ce qui faitsa richesse : « La conscience est un trait d'union entre ce qui a été et ce qui sera, un pont jeté entre le passé et l'avenir.

» Bergson, L'Energie spirituelle , 1919. « Sans donner de la conscience une définition qui serait moins claire qu'elle, je puis la caractériser par son trait le plus apparent : conscience signifie d'abord mémoire.

» Bergson,L'Energie spirituelle , 1919. On constate donc bien que sans errer à proprement parler, la conscience est écartelée entre des tendances qui ne sont pas toutes de pure rationalité : elle est mouvement, avancée et retour, elletravaille sur elle-même et ses possibles. Troisième partie : La conscience et ses limites La psychanalyse a signifié la défaite de la conscience comme prétention à la domination de soi et à la maîtrise desdifférents processus mentaux.

« L'hypothèse de l'inconscient est nécessaire [...], parce que les données de la conscience sont extrêmement lacunaires.

» Freud , Métapsychologie , 1952 (posth.) .

La conscience de ce point de vue erre, sans le savoir le plus souvent, donnant des réponses inappropriées parce que des souvenirs ensevelisempêchent la clarification objective de certaines situations auxquelles le sujet est confronté.

L'inconscient déjoue laconscience, la pousse à la dérive, à faire de faux choix, et à croire à des apparences trompeuses.

Le travailanalytique consiste à faire passer à la conscience ce qui est refoulé et donne ainsi d'autres significations auxcomportements que les significations les plus immédiatement accréditées.

« La conscience est conscience de part en part.

Elle ne saurait donc être limitée que par elle-même.,» Sartre, L'Être et le Néant, 1943. Conclusion : « La seule façon d'exister pour la conscience c'est d'avoir conscience qu'elle existe.

» Sartre, L'Imagination , 1936. L'interrogation liminaire trouve donc ici sa conclusion : ce n'est pas l'homme qui serait doté d'une conscience à la perspicacité absolue, mais la conscience qui dans sa complexité serait susceptible de redonner à l'homme conscience de lui-même dans les multiples occasions où il n'agirait pas sous l'impulsion de celle-ci.. »

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