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La conscience peut-elle être objective ?

Publié le 25/02/2004

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conscience
  • Dire que la conscience morale peut être objective, c'est dire que la vérité des principes et des jugements moraux est indépendante de la conscience qui les conçoit, ainsi que de l'époque et de l'endroit auxquels elle les conçoit. Une morale objective sera donc immuable et universelle.
 
  • On a tenté de plusieurs manières de démontrer l'existence d'une vérité morale ou, si l'on préfère, d'une morale objective. Voici les principales positions.
Ce sujet peut être traité dans des perspectives différentes selon le sens que l'on donne au mot «conscience«. Si l'on considère la simple conscience psychologique, celle qu'a un sujet des objets extérieurs, la question portera sur le problème de l'objectivité de notre connaissance du monde. En revanche, si l'on considère la conscience morale, on centrera la question sur le problème de l'objectivité éthique. Les deux problématiques ne sont d'ailleurs pas exclusives. Nous examinerons ici seulement celle de la morale, en rappelant quelques grandes positions philosophiques; pour le problème de la connaissance, on trouvera des éléments de réflexion dans les différents sujets sur la vérité.

conscience

« tendait qu'à m'assurer, et à rejeter la terre mouvante & le sable, pour trouver le roc & l'argile.

» (« Discoursde la méthode », 3ième partie).Ce qu'on appelle métaphysique est justement la discipline qui recherche les fondements du savoir & deschoses, qui tente de trouver « les premiers principes & les premières causes ».

Descartes, dans ce tempsd'incertitude et de soupçon généralisé, cherche la vérité, quelque chose dot on ne puisse en aucun casdouter, qui résiste à l'examen le plus impitoyable.

Cherchant quelque chose d'absolument certain, il vacommencer par rejeter comme faux tout ce qui peut paraître douteux.« Parce qu'alors je désirais vaquer seulement à la recherche de la vérité, je pensais qu'il fallait [...] que jerejetasse comme absolument faux tout ce en quoi je pourrais imaginer le moindre doute, afin de voir s'il neresterait point après cela quelque chose [...] qui fut entièrement indubitable.

»Le doute de Descartes est provisoire et a pour but de trouver une certitude entière & irrécusable.Or il est sûr que les sens nous trompent parfois.

Les illusions d'optique en témoignent assez.

Je dois doncrejeter comme faux & illusoire tout ce que les sens me fournissent.

Le principe est aussi facile à comprendreque difficile à admettre, car comment saurais-je alors que le monde existe, que les autres m'entourent, quej'ai un corps ? En toute rigueur, je dois temporairement considérer tout cela comme faux.A ceux qui prétendent que cette attitude est pure folie, Descartes réplique par l'argument du rêve.

Pendantque je rêve, je suis persuadé que ce que je vois et sens est vrai & réel, et pourtant ce n'est qu'illusion.

Lesentiment que j'ai pendant la veille que tout ce qui m'entoure est vrai & réel n'est donc pas une preuvesuffisante de la réalité du monde, puisque ce sentiment est tout aussi fort durant mes rêves.

Par suite je dois,si je cherche la vérité : « feindre que toutes les choses qui m'étaient jamais entrées en l'esprit n'étaient nonplus vraies que l'illusion des songes ».Mais le doute de Descartes va bien plus loin dans la mesure où il rejette aussi les évidences intellectuelles, lesvérités mathématiques.

« Je rejetai comme fausses toutes les raisons que j'avais prises auparavant pourdémonstrations.

»Nous voilà perdu dans ce que Descartes appelle « l'océan du doute ».

Je dois feindre que tout ce quim'entoure n'est qu'illusion, que mon corps n'existe pas, et que tout ce que je pense, imagine, sens, meremémore est faux.

Ce doute est radical, total, exorbitant.

Quelque chose peut-il résister ? Vais-je me noyerdans cet océan ? Où trouver « le roc ou l'argile » sur quoi tout reconstruire ? On mesure ici les exigences derigueur et de radicalité de notre auteur, et à quel point il a pris acte de la suspicion que la révolutiongaliléenne avait jetée sur les sens (qui nous ont assuré que le soleil tournait autour de la Terre) et sur ce quela science avait cru pouvoir démontrer.« Mais aussitôt après je pris garde que, cependant que je voulais ainsi penser que tout était faux, il fallaitnécessairement que moi, qui pensais, fusse quelque chose.

Et remarquant que cette vérité : je pense donc jesuis, était si ferme et si assurée, que les plus extravagantes suppositions des sceptiques n'étaient pascapables de l'ébranler, je jugeai que je pouvais la recevoir, sans scrupule, pour le premier principe de laphilosophie que je cherchais.

»Il y a un fait qui échappe au doute ; mon existence comme pensée.

Que ce que je pense soit vrai ou faux, jepense.

Et si je pense, je suis.

Le néant ne peut pas penser.

La première certitude que j'ai est donc celle demon existence, mais comme pure pensée, puisque, en toute rigueur, je n'ai pas encore de preuve del'existence de mon corps.

Quand bien même je nierais que le monde existe, que mon corps existe, que jepuisse penser correctement, je ne pourrais remettre en cause ce fait : je pense, et par suite, je suis.

Lavolonté sceptique de douter de tout, l'idée qu'aucune vérité n'est accessible à l'homme, se brise sur ce fait :je pense.

Voilà le roc, voilà l'argile.

Voilà le point ferme grâce auquel j'échappe à la noyade dans l'océan dudoute, par lequel je retrouverai la terre ferme de la science vraie.La difficulté provient de l'interprétation à donner à ce « je ».

Il n'est pas l'individu concret.

Ce n'est pasDescartes, homme du XVIIième siècle, c'est tout individu pensant qui peut dire « je pense donc je suis », pourpeu qu'il refasse, pour lui-même, l'expérience entreprise.Ce « je » est, par définition, désincarné ; tout ce que je peux affirmer, à ce moment, de l'itinéraire cartésien,c'est mon existence comme pensée, puisque, répétons-le, je dois encore, temporairement, nier l'existence ducorps. [Parce que la conscience, c'est ce qui refuse l'inconscient et ne cesse d'en être troublé sans le savoir, ellene peut donner qu'une approche partielle et totalement subjective de la réalité.

«Le moi n'est pas maître dans sa propre maison», nous dit Freud.] Les illusions de la conscienceSpinoza, au livre III de l'Éthique, stigmatise la conscience comme source d'illusions: "Les hommes se trompenten ce qu'ils pensent être libres et cette opinion consiste en cela seul qu'ils sont conscients de leurs actions,et ignorants des causes par lesquelles ils sont déterminés." Le sentiment, la conscience de notre liberté estillusoire.

Nous n'avons pas conscience des lois qui nous déterminent à agir et, conscients seulement des désirsdans lesquels nous persévérons, nous pensons choisir ceux-ci librement.. »

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