Devoir de Philosophie

la conscience de soi est elle une connaissance de soi?

Publié le 02/03/2011

Extrait du document

conscience

Il existe dès le départ une relation entre la conscience et la connaissance par l'étymologie latine du mot conscience, « conscientia » dérivé de cum qui veut dire \"avec\" et de \"scienta\",la science donc cela signifie \"ce qui est avec le savoir\".On peut distinguer trois types de conscience : la conscience spontanée, réfléchie et morale. La conscience de soi semble correspondre le mieux à la conscience réfléchie qui implique un retour sur soi. En ce sens, être conscient de soi, c’est être conscient d’être conscient, donc savoir qu’on est conscient. On voit bien dans cette formule, de même que dans la formule d’Alain « Je sais que je sais ; je sais que je désire ; je sais que je veux » dans «Vigiles de l’esprit» que la conscience de soi implique une connaissance. Mais si la conscience implique une connaissance, s’agit-il d'une connaissance de soi ? La connaissance de soi est le savoir qu'une personne acquiert sur elle même, en termes psychologique ou spirituels,au cours de sa vie à l'occasion de ses expériences.

Précédemment, nous avons vu que la conscience de soi est une connaissance. Mais peut t' on affirmer que c'est une connaissance de soi? A priori, chaque être humain est doté de capacité pour que lorsqu'il y est conscience, la connaissance suive. Néanmoins, ce n'est pas toujours le cas puisque la connaissance découle du monde plutôt que du soi,étant donné que le moi est plus compliqué à connaître. Nous tenterons alors de répondre à la question la conscience peut elle se connaitre elle même? Dans un premier temps, nous verrons que la conscience induit la connaissance de soi puis nous continuerons par la conscience ne provoque pas une connaissance de soi objective pour terminer avec l'inconscient engendrant la conscience vers une meilleure connaissance de soi.

 

Pour commencer, la conscience de soi amène à une certaine connaissance de soi. Mais, dans un premier temps, qu'appelle t' on exactement la conscience de soi? Être conscient de ce que l'on est, ce la signifie qu'il y a une conscience d'être conscient ce qui implique par la suite de se connaître en tant qu'être conscient. Dans le même ordre d'idée, le \"soi\" se rapporte à \"on\" comme \"moi\" à \"je\":il indique alors le rapport du sujet à lui même. Ce qui amène à dire que la conscience de soi est la connaissance plus ou moins claire que le sujet possède de lui même c'est à dire que la connaissance de soi est entraîné par la conscience de soi car elle a la capacité de faire retour sur ses pensées et actions, de les analyser et de les juger, c'est à dire d'établir une connaissance.

En outre, la conscience de soi renvoie à la conscience réfléchie, au cogito cartésien de Descartes dans le «Discours de la méthode» écrit en 1637. Celui-ci a douté de tout ce qui était donné par la sensation. Il en est arrivé au point de douter de son existence. Lorsqu'il enclenche le doute c'est qu'il a une certitude. C'est pourquoi il met en doute sa propre existence afin de démontrer qu'il existe vraiment. Le doute entraîne une pensée fausse qui entraîne à son tour la pensée d'un objet donc faire l'action de pensée et le sujet de la pensée prouve l'existence du sujet. Descartes résume sa pensée comme «je pense donc je suis» ce qui donne en latin «cogito ergo sum»,qui donnera le nom de cogito. Ainsi, peut on assimiler la connaissance d''être cogitans à une véritable connaissance de soi?

Toutes ces questions nous ramènent continuellement vers le sujet conscient, le sujet qui dit \"moi\", \"moi\" en parlant de lui-même. En terme général, cela signifie le fait, pour une conscience, de s'observer elle-même. On peut dire que je suis mes pensées, mes pensées font ce que je suis. C'est pourquoi une approche introspective est obligatoire pour étudier la connaissance de soi. Cette démarche se retrouve également dans la littérature autobiographique, la littérature du Journal intime comme celui du Journal d'Anne Frank écrit par elle même. C'est une tentative d'auto-analyse, de retour sur soi. Il faut que je puisse préciser qui suis-je «moi» pou découvrir et savoir qui je suis soit par mon histoire personnelle, avec la configuration de pensée qui m'est propre, avec mes opinions, l'image que j'ai de moi, ce que représente mon intériorité. Le sens du moi prend racine dans un passé et il tisse les souvenirs. Soit, il faut que je parvienne à comprendre ce qu'est le moi et quel rôle joue t' il dans ma vie. Tout cela est donné dans la conscience actuelle. Cependant,cela ne suffit pas à me faire connaître qui je suis mais seulement à savoir que je suis. Pourtant, la conscience est aussi perception de que je vis et de ce que cela suscite en moi comme pensées, désirs, émotions... Il suffirait donc que je m'observe moi-même pour pouvoir m'analyser et me comprendre.

 

Après avoir analysé que la conscience de soi entraîne une connaissance de soi, nous allons observer qu'elle n'engendre pas une connaissance de soi objective. Effectivement, pour que ce que je suis réellement et ce que je crois être coïncident exactement, il faudrait d'abord que je n'ignore rien de ce que je suis,c'est à dire avoir une parfaite connaissance de moi. La conscience que j'ai de moi-même, autrement dit, doit être complète, sans qu'aucune partie de mon esprit ne m'échappe. Donc, il ne faut absolument aucune part d'inconscience. Précédemment,nous avons vu que pour Descartes tout ce qui est pensé est conscient. Or,on peut fort bien sentir sans y penser,sans en avoir conscience. Par exemple,on sursaute lorsque le tic-tac de l'horloge, bruit familier que l'on croyait ne plus entendre tant on y est habitué, s'arrête soudain. C'est donc qu'on l'entendait bien,mais on n'en n'avait pas conscience.

Par ailleurs, un cartésien dira qu'on ne peut s'exprimer sans en avoir conscience. Et pourtant, ne peut-on pas parler sans penser à ce que l'on dit? Il y a des situations où la parole tient plutôt du réflexe social comme «bonjour, ça va?» ou encore « merci», «au revoir»... Tout ce qui relève en général de la politesse et du code de savoir vivre en communauté. Dans le même ordre d'idée, les structures de langages sont également inconscientes. En effet, Freud explique que les rêves et les lapsus en apparence insignifiantes, ont pourtant un sens qui m'est caché. Par exemple,parfois,un souvenir qu'on croyait effacé de la mémoire, resurgit. Ne serait-ce pas le signe que le moi conscient n'est que la partie émergée du moi?Comment, dans ces conditions, affirmer qu'il est possible de se connaître soi-même de façon complète et achevée?

De plus, l'amour-propre, ainsi que l'indique la composition du mot, est le sentiment qui nous fait aimer notre propre personne. Il désigne non pas tout instinct égoïste, mais cet instinct plus délicat qui nous fait rechercher l'estime ou les éloges de nos semblables. Ce sentiment tient une trop grande place dans la nature humaine pour que l'éducation ne se soit pas préoccupée du parti à en tirer et des moyens de le régler. L'amour-propre n'est nulle part plus manifeste que chez les enfants ; il trouve, en effet, libre carrière à son développement dans l'imagination et les illusions du jeune âge, tandis que plus tard il décroîtra en proportion même des progrès de la réflexion. Donc, ce qui amène toujours à penser que la connaissance n'est pas objective.

 

Troisièmement, nous avons pu voir que la conscience de soi est incomplète puisqu'il manque une part d'inconscience ce qui amène à une mauvaise connaissance de soi. C'est pourquoi nous allons terminer par l'inconscient entraînant la conscience vers une meilleure connaissance de soi. Tout d'abord, l'inconscience s'exprime par des actes manqués qui sont des actes restant caractéristiques de l'homme normal mais où l'intention de la conscience est manquée au profit d'une autre. Par exemple, un élève faisant ses devoirs le soir à la maison préfèrerait lire un livre ou encore quand on lit quelque chose et qu'on fait une erreur de lecture... Il en existe trois grands types: les pertes d'objet, les oublis de mots ou de projets et les lapsus.

D'après l'analyse de Freud avec «Cinq leçons sur la psychanalyse», s'il est vrai que notre psychisme est pour l'essentiel inconscient,il est clair que la conscience de soi ne peut être le moyen de se connaître.\"le moi est réduit à se contenter de renseignements rares et fragmentaires sur ce qui se passe en dehors de sa conscience dans sa vie psychique\". Freud montre que la lucidité est barrée sur ce qu'il appelle inconscient,c'est l'écart entre le sens que chacun donne consciemment à ses faits et gestes et le sens que ces même faits et gestes ont dans l'interprétation analytique. Prenons l'exemple de ce lapsus qui est un homme se trouve à la terrasse d'un café accompagné de trois jeunes femmes très séduisantes et apparemment pas très farouches. Il boit un jus d' orange et dit \"oh la la il y a énormément de VULVE dans mon jus\"! Il commet donc un lapsus et prononce vulve à la place de pulpe puisqu'il est perturbé de façon inconsciente par les demoiselles. On voit que le lapsus est donc le produit d'une interférence entre deux intentions, l'une connue du sujet (pulpe), l'autre inconsciente ou tout au moins non admise par le sujet puisqu'elle apparaît malgré lui (vulve). On dit en terme psychanalytique que son inconscience a été plus ou moins refoulée. Le refoulement est à moitié réussi et à moitié manqué. Il y a eu une défaillance intérieure de la conscience qui a permis à la tendance inconsciente de se manifester de façon intempestive. Étant supprimée dans le discours, la tendance refoulée se manifeste malgré la personne qui parle, soit en modifiant la tendance avouée, soit en prenant sa place. Le lapsus qui en résulte permet donc à la fois de satisfaire aux exigences de la censure tout en ayant quand même un début d'expression. L'acte manqué est donc bien un compromis entre deux intentions antagonistes qui veulent s'exprimer ensemble et ne le peuvent qu'au prix d'une concession mutuelle. La plupart du temps la tendance inconsciente résiste puisque la conscience lutte perpétuellement contre l'inconscient. Donc, il y a un combat intérieur menant nul part. On peut en déduire que la conscience est déterminée à son inssus par l'inconscience qui subit une influence dont elle n'a pas conscience. Notre conscience est alors assujettis à notre inconscience d'où le fait que l'on puisse affirmer que notre inconscience permet une meilleure connaissance de soi.

 

 

Pour conclure,la conscience de soi n'est pas naturellement une connaissance de soi. Il faut, pour affirmer une connaissance quelle qu'elle soit, que ce soit avant tout une conscience de soi réfléchie qui permette à l'homme d'être capable non seulement de juger, mais aussi de se juger. Il faut également passer par la case inconscience entraînant une meilleure conscience de soi qui permet à son tour de mieux se connaître soi même. En bref, la conscience de soi peut être une connaissance de soi mais de façon conditionnelle.

Liens utiles