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La conscience de soi doit-elle quelque chose a la présence d'autrui ?

Publié le 23/09/2005

Extrait du document

conscience
1. Réfléchissez, tout d'abord, sur les concepts essentiels du devoir : conscience de soi et autrui. Jetez immédiatement sur le papier les enseignements de l'année scolaire consacrés à ces sujets. Rassemblez vos connaissances là-dessus, même dans le désordre : cette base scolaire va vous fournir les premiers matériaux. 2. Les analyses de Hegel pourront être utilisés en les adaptant : elles doivent être intégrées à ce sujet précis. 3. Le terme « présence », pris au sens le plus fort, mérite une analyse approfondie : autrui s'impose dans notre existence. 4. L'opposition entre « conscience de soi » et « autrui » peut constituer le problème soulevé par la question.

 

  • 1. Réfléchissez, tout d'abord, sur les concepts essentiels du devoir : conscience de soi et autrui. Jetez immédiatement sur le papier les enseignements de l'année scolaire consacrés à ces sujets. Rassemblez vos connaissances là-dessus, même dans le désordre : cette base scolaire va vous fournir les premiers matériaux.
  •  2. Les analyses de Hegel pourront être utilisés en les adaptant : elles doivent être intégrées à ce sujet précis.
  •  3. Le terme « présence «, pris au sens le plus fort, mérite une analyse approfondie : autrui s'impose dans notre existence.
  •  4. L'opposition entre « conscience de soi « et « autrui « peut constituer le problème soulevé par la question.

 

conscience

« « Imaginons que j'en sois venu, par jalousie, par intérêt, à coller mon oreille contre une porte, à regarder par le trou d'une serrure.

Je suis seul [...] Cela signifie d'abord qu'il n'y a pas de moi pour habiter ma conscience.

Rien donc, à quoi je puisse rapporter mes actes pour les qualifier.

Ils ne sontnullement connus, mais je les suis et, de ce seul fait, ils portent en eux-mêmes leur totale justification.

Je suis pure conscience des choses [...].Cela signifie que, derrière cette porte, un spectacle se propose comme « à voir », une conversation comme « à entendre ».

La porte, la serrure sontà la fois des instruments et des obstacles : ils se présentent comme « à manier avec précaution » ; la serrure se donne comme « à regarder de prèset un peu de côté », etc.

Dès lors « je fais ce que j'ai à faire » ; aucune vue transcendante ne vient conférer à mes actions un caractère de donné surquoi puisse s'exercer un jugement : ma conscience colle à mes actes, elle est mes actes ; ils sont seulement commandés par les fins à atteindre etpar les instruments à employer.

Mon attitude, par exemple, n'a aucun « dehors », elle est pure mise en rapport de l'instrument (trou de la serrure)avec la fin à atteindre (spectacle à voir), pure manière de me perdre dans le monde, de me faire boire par les choses comme l'encre par un buvard[...].

Or voici que j'ai entendu des pas dans le corridor : on me regarde.

Q u'est-ce que cela veut dire ? C'est que je suis soudain atteint dans monêtre et que des modifications essentielles apparaissent dans mes structures [...].

D'abord, voici que j'existe en tant que moi pour ma conscience irréfléchie.

C'est même cette irruption du moi qu'on a le plus souvent décrite :je me vois parce qu'on me voit, a-t-on pu écrire [...] ; pour l'autre je suis penché sur le trou de la serrure, comme cet arbre est incliné par le vent.[...] S'il y a un Autre, quel qu'il soit, où qu'il soit, quels que soient ses rapports avec moi, sans même qu'il agisse autrement sur moi que par le pursurgissement de son être, j'ai un dehors, j'ai une nature ; ma chute originelle c'est l'existence de l'autre.

» Sartre , « L'Etre et le Néant », Gallimard, pp.

305-306. Le texte de Sartre décrit clairement deux états de la conscience.

Dans le premier, une conscience solitaire est occupée, par jalousie, à regarder par le trou d'une serrure ce qui se passe derrière la porte.

Cette conscience est alors entièrement livrée à la contemplation du spectacle jusqu'à s'yfondre; elle est tout entière ce spectacle qu'elle regarde, elle est la série des actes motivés par la jalousie (se pencher, ne pas faire de bruit,regarder).

C ette conscience ne se connaît même pas comme jalouse (ce qui supposerait un recul réflexif): elle est rapport au monde sur la mode dela jalousie.

La conscience n'a pas de consistance propre qui lui permette de s'appréhender comme moi; elle se confond immédiatement avec toutesces choses sur lesquelles elle s'ouvre.Brusquement surgit un autre (j'entends des pas, on me regarde): je suis surpris, il va penser que moi, je suis jaloux.

C 'est alors (dans le cadre d'uneexpérience de la honte d'avoir été surpris) que ma jalousie prend consistance (et par là-même aussi mon être comme jaloux); elle n'est plusseulement une manière diffuse d'agir dans ce monde: elle est cette qualification de ma personne, ce jugement sur moi porté par un tiers.

Je suisquelqu'un, je ne suis plus une pure ouverture sur le monde: on me détermine comme un homme jaloux (on me donne une " nature ”, je deviens "quelque chose ” sous le regard de l'autre (autrui me chosifie). Mais au moment où je deviens quelqu'un, je suis dépossédé de moi-même: c'est à l'autre de décider si je suis un curieux, un jaloux ou encore unvicieux.

2° L'autre comme médiation nécessaire entre moi et moiPourquoi désirer ce q'autrui désire ? P ourquoi sommes-nous si sensibles au jugement d'autrui porte sur nous ? En fait, si je désire posséder l'objet même dont il a envie, c'estpour qu'il m'admire, qu'il m'estime.

Ce n'est que pour cela que je désire cet objet, et non pour lui-même, pour ses qualités propres, pour le plaisir qu'il me procurerait.

Mon vrai désir,c'est le désir de l'amour d'autrui.

Presque tous les désirs humains ont en réalité cette fin.

C 'est ce qu'affirme clairement Hegel : le désir humain fondamental n'est pas le désir de consommation de l'objet, le désir de plaisir, de jouissance physique, qui est aussi bien celui de l'animal, mais c'est le désir de l'estime, de l'admiration, de l'amour d'autrui, ou encore,comme le nomme Hegel , le désir de reconnaissance (le désir du désir d'autrui), cad le désir d'être reconnu par autrui comme un être qui a un valeur (qui est donc lui-même désirable). Et cela médiatise le désir d'objet, objet dont la possession n'est qu'un moyen pour ramener sur soi l'envie qu'autrui lui porte.

Si je veux avoir de multiples objets, ce n'est pas pour leplaisir qu'ils m'apportent directement, mais c'est pour tenter de capter et de détourner au profit de mon être la valeur qu'autrui leur reconnaît.

LA CONNAISSANCE DE SO I PASSEPAR LA RECONNAISSA NCE D'AUTRUI.

SANS AUTRUI, POINT DE VÉRITÉ SUR MOI OU SUR LE MONDE.

Le besoin et sa représentation sociale.

« Dans la mesure où dans le besoin social, comme liaison du besoin immédiat ou naturel et du besoin spirituel de la représentation, c'est ce dernier qui est universel et devient donc prépondérant, il y a dans ce moment social le côtélibérateur dans lequel la rigoureuse nécessité naturelle du besoin est occultée, et où l'homme se rapporte à son opinion,qui est ici opinion universelle, et à une nécessité qui n'existe que de son fait : au lieu de rapporter sa conduite à unecontingence uniquement extérieure, il la rapporte à une contingence intérieure, à l'arbitraire de son choix.Remarque : l'idée que dans un prétendu état de nature où il n'aurait que des besoins naturels prétendument simples etemploierait uniquement pour les satisfaire les moyens qu'une nature contingente lui fournirait immédiatement , l'hommevivrait en liberté pour ce qui concerne les besoins, est –même si nous faisons momentanément abstraction du moment delibération que comporte le travail, sur lequel nous reviendrons ultérieurement- le produit d'une opinion erronée, parce quece besoin naturel, en tant que tel, et sa satisfaction immédiate ne seraient jamais que l'état où la spiritualité est enfoncéedans la nature, un état frustre et non libre, alors que la liberté ne peut résider que dans la réflexion en soi-même del'élément spirituel, dans sa différenciation d'avec ce qui est naturel et sa projection en retour sur cette nature.

» Hegel, « Principes de la philosophie du droit », $194. Toute conscience cherche à se faire reconnaître d'autrui.

Et ce désir de reconnaissance passe d'abord par la négation de l'autre.

« Toute conscience , dit Hegel , poursuit la mort de l'autre ».

Il s'agit non pas de tuer réellement autrui, mais de le supprimer en tant qu'opposé à soi et agissant contre soi, autrement dit de l'asservir.

Au terme de cette lutte à mort pour la reconnaissance, la conscience qui n'a pas eu peur de la mort, qui est allée jusqu'au bout dans le risque de la mort, prend la figure du Maître, tandis que l'autre qui a préféré lavie à la liberté, entre dans le rapport de servitude.

L'Esclave a perdu toute dignité.

Il n'est plus qu'un instrument, une chose aux mains du Maître qui l'a épargné et s'est réservé lajouissance.Mais, par le travail, l'Esclave transforme le monde, lui donne la forme de son activité.

Il peut se reconnaître dans ce monde effectivement transformé par lui et qui porte la marque deson intériorité.

Il peut ainsi jouir de lui-même comme d'une réalité extérieure et accéder à une certaine reconnaissance de soi et à la dignité.

Il se libère aussi de sa propre nature, enparticulier de son angoisse de la mort qui le liait au monde sensible.

Tandis que le Maître qui ne travaille pas dépend de l'Esclave et ne produit rien en dehors de lui.

Sa jouissancen'intéresse personne, elle reste purement subjective, elle est privée de vérité objective.

Certes, il est reconnu par l'Esclave, mais il ne peut être satisfait par une tellereconnaissance, car l'Esclave n'est qu'une chose.En libérant l'Esclave du monde sensible, le travail l'a libéré de lui-même, de sa propre nature d'Esclave.

Il lui suffit de se faire reconnaître par le Maître pour que s'établisse lareconnaissance mutuelle : « Ils se reconnaissent comme se reconnaissant mutuellement ». Cette dialectique hégélienne du conflit des consciences qui se trouve dans « La phénoménologie de l'esprit » et dans « Propédeutique philosophique », a été popularisée par Kojève et est devenue célèbre.

Elle signifie que toute conscience ne peut se poser qu'en s'opposant à ce qui n'est pas elle, mais que le conflit n'est qu'un moment qui, comme tel, est. »

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