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La conscience est-elle source de liberté ou de contrainte ?

Publié le 23/09/2005

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conscience
Mais la conscience pourrait être aussi comprise comme la condition d'existence de la contrainte : l'homme conscient peut s'organiser, commander ou obéir, imposer sa volonté, en un mot, contraindre le monde. De la même manière, la conscience lui permet de connaître des affects comme la peur, l'angoisse, qui font qu'il peut considérer sa conscience comme un fardeau. C'est cette articulation difficile entre les différents concepts en jeu qu'il faudra élucider. Proposition de plan I. L'efficace de la conscience La faculté humaine de la conscience fonde le rapport que l'homme entretient avec le monde, et fonde donc aussi son état de liberté ou de contrainte, en ce qu'elle lui permet de penser ces états. Cette caractéristique de la conscience - celle de permettre la pensée - est une première manière d'aborder le problème des rapports de la conscience avec la liberté et la contrainte : grâce à elle, l'homme peut penser et agir en sachant comment il pense et agit. La conscience est donc à la fois une garantie de liberté dans les actes, en ce qu'elle délivre l'homme de l'automatisme animal, et une source de contrainte, en ce qu'elle rend l'homme responsable de ce qu'il fait. Epictète « Quand on ignore qui on est, pourquoi on est né, dans quel monde et avec quels compagnons on vit, ce qu'est le bien et le mal, le beau et le laid, quand on ne connaît rien à la démonstration ni au raisonnement ni à la nature du vrai et du faux, quand incapable de les distinguer, on ne se conforme à la nature ni dans ses désirs, ni dans ses aversions, ni dans sa volonté, ni dans ses intentions, ni dans ses assentiments, ses négations ou ses doutes, on tourne de tout côté comme un sourd et un aveugle, on croit être un homme et l'on n'est personne. Depuis que la race humaine existe, toutes nos fautes, tous nos malheurs ne sont-ils pas nés d'une pareille ignorance ? » Rousseau, Profession de foi du vicaire savoyard « Conscience ! conscience ! instinct divin, immortelle et céleste voix ; guide assuré d'un être ignorant et borné, mais intelligent et libre ; juge infaillible du bien et du mal, qui rends l'homme semblable à Dieu, c'est toi qui fais l'excellence de sa nature et la moralité de ses actions ; sans toi je ne sens rien en moi qui m'élève au-dessus des bêtes, que le triste privilège de m'égarer d'erreurs en erreurs à l'aide d'un entendement sans règle et d'une raison sans principe.

La conscience est une faculté, caractéristique de l'homme, à avoir une connaissance de qu'il est et de ce qu'il fait, et donc à pouvoir penser le monde qui l'entoure et les rapports qu'il entretient avec lui. La conscience est ici interrogée en rapport avec la notion de liberté, puisqu'on nous demande de choisir entre deux affirmations possibles : la conscience est source de liberté d'une part, la conscience est source de contrainte d'autre part.

L'expression « source de «, d'abord, renvoie à la fois à une cause et à une origine : la conscience rendrait possible et provoquerait, au choix, la liberté ou la contrainte.

Ces deux termes semblent opposés l'un à l'autre, mais il conviendra d'interroger cette opposition et peut-être de la remettre en question. On définit en effet souvent la liberté comme un état d'absence de contrainte, un état dans lequel je peux faire tout ce que je veux. La contrainte est alors comprise à la fois comme une obligation et comme un empêchement, une entrave.

Il faudra ici s'efforcer de mettre en relation les concepts de liberté et de contrainte en relation avec le concept de conscience, dont il faudra envisager les différents aspects : la conscience en effet permet à l'homme d'agir sur le monde, de le transformer, mais aussi de se connaître et de connaître la peur, l'angoisse, le souci du futur par exemple, ainsi que de se sentir responsable du monde qui l'entoure, ce qui peut être compris comme une forme de contrainte.

Comment penser alors le rapport de la conscience et de la liberté ? La conscience est-elle une condition de la liberté ? – peut-on ainsi dire d'un animal, qui n'a pas la conscience que l'homme a de lui-même, mais qui peut faire ce qu'il veut quand il le veut parce qu'il n'est pris par aucune contrainte, qu'il est libre ? Mais la conscience pourrait être aussi comprise comme la condition d'existence de la contrainte : l'homme conscient peut s'organiser, commander ou obéir, imposer sa volonté, en un mot, contraindre le monde. De la même manière, la conscience lui permet de connaître des affects comme la peur, l'angoisse, qui font qu'il peut considérer sa conscience comme un fardeau. C'est cette articulation difficile entre les différents concepts en jeu qu'il faudra élucider.

 

conscience

« conscience à la fois avec le concept de liberté et avec le concept de contrainte.

Il faut maintenant rétrécir la perspective, et interroger le rapport que l'homme entretient avec sa propre conscience, individuelle, et l'état deliberté ou de contrainte qui en découle. II.

Conscience, conscience de soi et liberté Le concept central ici est celui de « conscience de soi », qui suppose une attention à soi, un travail sur soi.

Lerapport que l'homme entretient avec sa conscience doit être actif.

La dialectique hégélienne du maître et del'esclave permet de penser l'efficace libératrice d'un rapport de travail actif à sa conscience.

L'élément de laconscience qui apparaît alors comme décisif pour déterminer si la conscience est source de contrainte ou de libertéest l'élément du choix et de l'action. Hegel, Phénoménologie de l'esprit « Le maître se rapporte médiatement à la chose par l'intermédiaire de l'esclave ; l'esclave, comme conscience de soien général, se comporte négativement à l'égard de la chose et la supprime ; mais elle est en même tempsindépendante pour lui, il ne peut donc par son acte de nier venir à bout de la chose et l'anéantir ; l'esclave latransforme donc seulement par son travail.

Inversement, par cette médiation, le rapport immédiat devient pour lemaître la pure négation de cette même chose ou la jouissance ; ce qui n'est pas exécuté par le désir est exécutépar la jouissance du maître ; en finir avec la chose : l'assouvissement dans la jouissance.

Cela n'est pas exécuté parle désir à cause de l'indépendance de la chose ; mais le maître, qui a interposé l'esclave entre la chose et lui, serelie ainsi seulement à la dépendance de la chose, et purement en jouit.

Il abandonne le côté de l'indépendance dela chose à l'esclave, qui l'élabore.

» Bergson, L'énergie spirituelle « Qu'arrive-t-il quand une de nos actions cesse d'être spontanée pour devenir automatique ? La conscience s'enretire.

Dans l'apprentissage d'un exercice, par exemple, nous commençons par être conscients de chacun desmouvements que nous exécutons, parce qu'il vient de nous, parce qu'il résulte d'une décision et implique un choix ;puis, à mesure que ces mouvements s'enchaînent davantage entre eux et se déterminent plus mécaniquement lesuns les autres, nous dispensant ainsi de nous décider et de choisir, la conscience que nous en avons diminue etdisparaît.

Quels sont, d'autre part les moments où notre conscience atteint le plus de vivacité ? Ne sont-ce pas lesmoments de crise intérieure, où nous hésitons entre deux ou plusieurs partis à prendre, où nous sentons que notreavenir sera ce que nous l'aurons fait ? Les variations d'intensité de notre conscience semblent donc biencorrespondre à la somme plus ou moins considérable de choix ou, si vous voulez de création, que nous distribuonssur notre conduite.

Tout porte à croire qu'il en est ainsi de la conscience en général.

Si conscience signifie mémoireet anticipation, c'est que conscience est synonyme de choix.

» Transition : La conscience comme faculté que l'on se contente de constater peut être indifféremment source de liberté ou de contrainte.

En revanche, la conscience comme faculté que l'on s'efforce de cultiver activement permetde penser une efficace libératrice.

Le point important dans cette idée est la responsabilité de l'homme face à saconscience, et la complexité des rapports dans lesquels la conscience peut être prise : c'est cette idée qu'il faudradévelopper en troisième partie. III.

La conscience est prise dans le monde, et elle est créatrice et responsable de son rapport à lacontrainte ou à la liberté La conscience n'existe pas de manière autonome : elle existe en un homme, et cet homme existe lui-même dans unmonde, avec lequel il doit interagir en permanence.

Pour savoir si la conscience est source de liberté ou decontrainte, il ne faut pas occulter ce fait que l'homme se trouve toujours en situation et en interaction avec lemonde.

La liberté se trouve garantie si l'homme est capable de faire bon usage des rapports que sa conscienceentretient avec le monde et avec sa conscience. Merleau-Ponty « Qu'est-ce donc que la liberté ? Naître, c'est à la fois naître du monde et naître au monde.

Le monde est déjàconstitué, mais aussi jamais complètement constitué.

Sous le premier rapport, nous sommes sollicités, sous lesecond nous sommes ouverts à une infinité de possibles.

Mais cette analyse est encore abstraite, car nous existonssous les deux rapports à la fois.

Il n'y a donc jamais déterminisme et jamais choix absolu, jamais je ne suis chose etjamais conscience nue.

En particulier, même nos initiatives, même les situations que nous avons choisies nousportent, une fois assumées, comme par une grâce d'état.

La généralité du rôle et de la situation vient au secours dela décision, et, dans cet échange entre la situation et celui qui l'assume, il est impossible de délimiter la part desituation et la part de liberté.

On torture un homme pour le faire parler.

S'il refuse de donner les noms et lesadresses qu'on veut lui arracher, ce n'est pas par une décision solitaire et sans appuis ; il se sentait encore avecses camarades, et, encore engagé dans la lutte commune, il était comme incapable de parler ; ou bien, depuis desmois ou des années, il a affronté en pensée cette épreuve et misé toute sa vie sur elle ; ou enfin, il veut prouver enla surmontant ce qu'il a toujours pensé et dit de la liberté.

Ces motifs n'annulent pas la liberté, ils font du moinsqu'elle ne soit pas sans étais dans l'être.

Ce n'est pas finalement une conscience nue qui résiste à la douleur, maisle prisonnier avec ses camarades ou avec ceux qu'il aime et sous le regard de qui il vit, ou enfin la conscience avecsa solitude orgueilleusement voulue, c'est-à-dire encore un certain mode du Mit-Sein (= être-avec-autrui).

». »

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