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La conscience est-elle toujours choix ?

Publié le 19/02/2004

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Il n'en est pas autrement de la conscience. Tant qu'un intérêt persiste, la conscience reste sensibilisée pour les objets qui nous intéressent: ce sont ceux-là qu'elle nous fait connaître; mais elle ne les choisit, pas plus que l'appareil de radio réglé à 200 ne choisit les concerts émis par France-lnter. Par suite, c'est seulement par analogie que, dans le domaine psychologique conscience signifie choix. Il ne suit pas de là que, dans le domaine psychologique, il n'y ait jamais choix et que nous ressemblions au récepteur de T.S.F. qui, si une intervention extérieure à lui ne se produit, fait toujours entendre les émissions de la longueur d'onde sur laquelle il est réglé. Nous avons le privilège de pouvoir, dans une certaine mesure, nous régler nous-mêmes, de nous sensibiliser pour une certaine catégorie d'objets, c'est-à-dire, en termes psychologiques, de nous rendre attentifs : si les sélections faites par la conscience ne sont pas de véritables choix, il nous arrive de choisir, au sens propre du mot, le genre d'impressions que sélectionnera la conscience. Ainsi le jour où je me résoudrai à éliminer les médisances de mes conversations, des antennes mystérieuses me préviendront à temps d'une réflexion maligne que je suis sur le point d'extérioriser, tandis que les autres s'exprimeront spontanément. Mais, ici encore, il ne semble pas qu'on puisse attribuer à la conscience de véritables choix; sensibilisée pour une catégorie particulière d'objets, elle réagit plus vivement en leur présence, mais elle ne choisit pas les types d'objets auxquels elle réagira.

Les premières analyses de la conscience concernent essentiellement le problème de la connaissance et de la érité. Pourtant, notre relation au monde, notre conscience pose également un autre problème, celui du sens, de nos choix et orientations dans un monde où nous sommes situés, où se dessinent multiples et hiérarchisés.

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« attention privilégiée à une certaine catégorie d'objets ou d'images, par exemple : dans une rue commerçante, leslivres, les chapeaux de dame, ou le prix des légumes ; au cours d'une rêverie, les rêves d'amour ou de voyage...Nous nous intéressons à ceci ou à cela sans l'avoir voulu : ou du moins notre choix volontaire n'est pas actuel.Actuellement, c'est l'intérêt qui commande l'attention et, par suite, la conscience : un intérêt nous sensibilise enquelque sorte pour une catégorie d'impressions, tout comme tel produit chimique rend la plaque photographiquesensible au rouge et la laisse insensible aux autres couleurs.

Sans doute, la sensibilité de la plaque est fixe etdéfinitive, tandis que nous observons dans la nôtre des variations constantes et parfois des changements subits.Aussi vaudrait-il mieux comparer la conscience au poste récepteur de T.S.F.

qui peut, en un instant, nous fairepasser des ondes de 25 mètres à celles de 200, de l'émission de Londres à celle de Moscou.

Cet appareil a, lui aussi,une sensibilité variable.

Mais, une fois réglé, ce sont toujours les mêmes longueurs d'onde qu'il sélectionne.

Il n'enest pas autrement de la conscience.

Tant qu'un intérêt persiste, la conscience reste sensibilisée pour les objets quinous intéressent: ce sont ceux-là qu'elle nous fait connaître; mais elle ne les choisit, pas plus que l'appareil de radioréglé à 200 ne choisit les concerts émis par France-lnter.Par suite, c'est seulement par analogie que, dans le domaine psychologique conscience signifie choix.Il ne suit pas de là que, dans le domaine psychologique, il n'y ait jamais choix et que nous ressemblions au récepteurde T.S.F.

qui, si une intervention extérieure à lui ne se produit, fait toujours entendre les émissions de la longueurd'onde sur laquelle il est réglé.

Nous avons le privilège de pouvoir, dans une certaine mesure, nous régler nous-mêmes, de nous sensibiliser pour une certaine catégorie d'objets, c'est-à-dire, en termes psychologiques, de nousrendre attentifs : si les sélections faites par la conscience ne sont pas de véritables choix, il nous arrive de choisir,au sens propre du mot, le genre d'impressions que sélectionnera la conscience.

Ainsi le jour où je me résoudrai àéliminer les médisances de mes conversations, des antennes mystérieuses me préviendront à temps d'une réflexionmaligne que je suis sur le point d'extérioriser, tandis que les autres s'exprimeront spontanément.Mais, ici encore, il ne semble pas qu'on puisse attribuer à la conscience de véritables choix; sensibilisée pour unecatégorie particulière d'objets, elle réagit plus vivement en leur présence, mais elle ne choisit pas les types d'objetsauxquels elle réagira.

Le choix doit être imputé à la volonté. B.

C'est donc volonté et non pas conscience qui, en psychologie, signifie choix, au sens propre du mot ; ou plutôt :c'est la volonté qui a le pouvoir de choisir.Vouloir, en effet, n'équivaut pas à choisir et toute volition ne comporte pas un choix véritable.

La volition neconstitue un choix que dans le cas particulier de l'acte libre.

C'est donc volonté libre ou liberté, et non volonté, quisignifie choix.Mais l'acte libre pose au philosophe un difficile problème.

Tout acte volontaire, en effet, qu'il soit libre ou non, estmotivé par des raisons.

Comment, étant donné un contexte de motifs, pouvons-nous rester libres d'optercontrairement à ces motifs tout en nous guidant d'après la raison ?Nous répondrons en distinguant dans l'ordre rationnel différents niveaux entre lesquels le choix reste possible : lejouisseur qui calcule méthodiquement les moyens d'obtenir la plus grande somme de plaisirs agit rationnellement ;mais l'ascète qui cherche à établir en lui la maîtrise de l'esprit est conduit par une rationalité d'un autre ordre,d'ordre moral.

Nous sommes ainsi amenés à supposer que le choix véritable que nous cherchons vainement dans ledomaine psychologique a peut-être sa place dans la vie morale où conscience signifierait choix.. »

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