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La constatation de l'existence du mal dans le monde réagit-elle sur vos convictions et sur votre conduite ?

Publié le 22/03/2004

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Guidé par le principe du meilleur, il porte à l'existence la totalité la plus harmonieuse. Ce qui apparaît aux créatures comme une déficience, comme un mal, comme une imperfection, doit être en vérité compris comme l'élément d'un ensemble : «Ainsi il peut se faire que, dans une construction ou une décoration, on ne choisisse pas la pierre la plus belle, ou la plus précieuse, mais celle qui remplit le mieux la place vide. » Il faut donc comprendre non pas que le mal n'existe pas, que l'imperfection n'existe pas, mais qu'ils permettent la beauté de l'ensemble. La créature, l'homme prend la partie pour le tout. Il est nécessaire d'admettre au contraire qu'« il faut qu'il y ait une raison pour que Dieu permette le mal plutôt que ne le permette pas; or la raison de la volonté divine ne peut être prise que du bien ». « Tout est pour le mieux » ne doit donc pas être compris comme «tout est bien », et la pensée de Leibniz n'a rien d'un optimisme béat. Il ne pouvait rien avoir de meilleur qu'un monde où le péché originel existe. «Dieu permet quelques maux, pour que beaucoup de biens ne soient pas empêchés. » Le mal et le péché ne sont donc que des éléments servant la beauté et l'harmonie de l'ensemble. Mais leur cause essentielle est l'imperfection, la limitation des créatures.

« « En outre, si Dieu n'avait pas choisi la meilleure suite universelle (suite dans laquelle le péché intervient), il auraitadmis quelque chose de pire que tout péché des créatures.

»Le Dieu de Leibniz n'est pas un despote, ni, comme chez Descartes, un « libre créateur des vérités éternel-les ».Dieu est en quelque sorte « assujetti » à la logique.

Si son esprit comprend et conçoit tout ce qui peut ou pourraitexister, il ne crée pas les vérités : il les comprend.

La création consiste alors à élire, parmi toutes les possibilitésconcevables et calculables, celle qui offre le plus de perfection, compte tenu de la limitation des créatures, de leurimperfection.

Le Dieu de Leibniz est avant tout calculateur, logicien.

Guidé par leprincipe du meilleur, il porte à l'existence la totalité la plus harmonieuse.Ce qui apparaît aux créatures comme une déficience, comme un mal, comme une imperfection, doit être en véritécompris comme l'élément d'un ensemble :«Ainsi il peut se faire que, dans une construction ou une décoration, on ne choisisse pas la pierre la plus belle, ou laplus précieuse, mais celle qui remplit le mieux la place vide.

»Il faut donc comprendre non pas que le mal n'existe pas, que l'imperfection n'existe pas, mais qu'ils permettent labeauté de l'ensemble.

La créature, l'homme prend la partie pour le tout.

Il est nécessaire d'admettre au contrairequ'« il faut qu'il y ait une raison pour que Dieu permette le mal plutôt que ne le permette pas; or la raison de lavolonté divine ne peut être prise que du bien ».« Tout est pour le mieux » ne doit donc pas être compris comme «tout est bien », et la pensée de Leibniz n'a riend'un optimisme béat.

Il ne pouvait rien avoir de meilleur qu'un monde où le péché originel existe.

«Dieu permetquelques maux, pour que beaucoup de biens ne soient pas empêchés.

»Le mal et le péché ne sont donc que des éléments servant la beauté et l'harmonie de l'ensemble.

Mais leur causeessentielle est l'imperfection, la limitation des créatures.

Leibniz emploie pour l'expliquer l'image du fleuve.

Quand unfleuve emporte avec soi des embarcations, la différence de leur vitesse vient de ['inertie des bateaux.

« Ici donc, larapidité vient du fleuve, et la lenteur du fardeau; le positif de la vertu du moteur, le privatif de l'inertie du mobile.

»Les perfections accordées par Dieu sont comparables à ce fleuve, et les maux à la limitation des êtres créés et finis.Resterait à expliquer en quoi la liberté de l'homme, c'est-à-dire sa capacité de choix, est compatible avecl'omniscience divine.

La solution de Leibniz est d'une subtilité logique telle qu'il est difficile de la résumer.

On pourraitdire que nos actions sont prévues, puisqu'elles concourent elles aussi à la perfection de l'ensemble, sans êtrenécessaires.

En toute logique, le contraire de telle action est possible.« Dieu a vu les choses dans la suite idéale des possibles, telles qu'elles allaient être, et parmi elles, l'homme péchantlibrement; et en décrétant l'existence de cette suite, il n'a pas changé la nature de la chose, ni n'a rendunécessaire ce qui était contingent.

»Notre action est libre, elle n'est en aucun cas nécessaire, c'est-à-dire telle qu'il serait logiquement impossible defaire autrement.

Mais que nos actes soient contingents n'empêche pas Dieu de les prévoir, et donc d'élire, parmi lasuite des possibles, celle qui inclut l'acte qui concourra à la plus grande perfection possible de l'ensemble. « Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles » ne signifie donc pas que «tout est pour le mieuxdans le meilleur des mondes ».

Voltaire a certainement eu raison de s'insurger contre ce qui demeure unejustification du mal, mais Leibniz est plus difficile à réfuter qu'à parodier.

Ce qui est remarquable dans ce dialogueposthume du logicien, de l'inventeur de l'infinitésimale et du défenseur des Calas, c'est que toute théologie doit seconfronter au problème du mal, et qu'aucune solution jamais ne satisfera pleinement : en quoi le mal est-iljustifiable?. »

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