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Y a-t-il contradiction entre la prétention des sciences à la vérité et le fait qu'elles ont une histoire ?

Publié le 05/02/2004

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« En fait, la vérité scientifique est une prédiction, mieux une prédication. Nous appelons les esprits à la convergence en annonçant la nouvelle scientifique, en transmettant du même coup une pensée et une expérience, liant la pensée à l'expérience dans une vérification : le monde scientifique est donc notre vérification. » Le Nouvel esprit scientifique.   L'histoire des sciences est ainsi faite d'une succession de vérités de plus en plus précises et fondées, dont chacune vient corriger ce que la précédente avait d'approximatif ou de trop ambitieux. La vérité, puisqu'elle n'est jamais donnée initialement, ne peut être que construite en fonction des moyens (techniques et intellectuels) dont dispose chaque époque. Il n'empêche que la science cherche toujours la vérité, même s'il lui arrive, en cours de route, d'en trouver plusieurs : elle est animée par la recherche d'une vérité « absolue », alors même que son histoire lui enseigne que cette dernière risque bien de n'être jamais atteinte. Mais le projet scientifique est ainsi fait qu'il lui faut admettre qu'au-delà des vérités établies, il doit en exister d'autres, et c'est ce qui justifie qu'il soit maintenu.On peut néanmoins se demander si, dans ce contexte, l'usage du terme « vérité » est complètement légitime. En effet, ce terme est généralement compris comme évoquant l'absolu et le définitif, qualités que ne peuvent présenter les « vérités scientifiques » (les lois de Newton sont définitives, mais non absolues, celles d'Einstein ne le sont pas davantage). On comprend alors que Popper préfère considérer que le caractère principal d'une théorie authentiquement scientifique réside, non pas dans sa vérité, mais dans ce qu'il nomme sa « falsifiabilité » ou réfutabilité : le fait qu'elle puisse être contredite par une expérience, dans le champ qu'elle concerne.
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« Y a-t-il vraiment contradiction entre les vérités scientifiques dites définitives et rédhibitoires et l'historicité même des sciences qui montre leur tâtonnement, et donc leurs erreurs successives ? Ne peut-on pas, au contraire,penser dialectiquement l'historicité des sciences et leur prétention à la vérité définitive pour dépasser l'apparentecontradiction ? Il s'agira donc de mettre en place une définition de la vérité, mais aussi de l'histoire des sciences.Car c'est au fond notre conception de la vérité, comme fixe et substantielle, qui est ici mise à la question.

Plan I- L'historicité des sciences comme signes de leur impossibilité à trouver quelque vérité définitive · La pensée même de l'histoire des sciences met en branle sa prétention à la vérité puisqu'elle suggère, en la rendant historique, qu'elle s'est déjà trompée et donc qu'elle adéjà été dans l'erreur et l'illusion. · Le progrès même des sciences est donc en réalité, du fait de la dimension dynamique que cela implique, symptomatique de ses échecs successifs.

Cela montre, afortiori, que ne saurait faire, de droit, du savoir scientifique, un savoir clos et définitif. · C'est alors la conception de la vérité qui est ici à la question : car si ce qui est vrai à un instant donné du développement des sciences devient faux à l'instant d'après(par exemple parce que de nouvelles techniques permettent un calcul ou desobservations plus précis), alors cela signifie par conséquent que la vérité scientifiqueest relative à l'état historique de cette science en question. · Une théorie scientifique n'est donc valide que pour autant que le savant n'a pas encore démontré sa fausseté.

L'histoire des sciences vient donc contredire de pleinfouet la notion de fixité et d'éternité de la vérité scientifique. · Mais, ce qui est clairement en question ce n'est pas tant la prétention des sciences (au sens négatif du terme) d'atteindre une vérité close et définitive (et que vientcontredire pour le coup leur historicité), que leur prétention au sens de mouvement,tension vers la vérité.

Dans cette dernière acception, alors c'est précisément leurhistoricité qui vient conférer une valeur à cette prétention. II- La prétention des sciences à la vérité : un moteur de leur progrès malgré leur histoire · Car en effet prétendre ne doit pas seulement s'entendre selon une connotation négative qui ferait que la science est illégitimement sûre de trouver la vérité en tantque telle puisqu'elle a une histoire et donc puisqu'elle s'est déjà trompée, a déjà étésource d'illusion. · A l'inverse, on peut donner un sens positif à cette « prétention » comme mouvement vers, comme tension vers laquelle s'élève à la vérité le savoir scientifique. · Or cette même prétention n'est possible, au ce sens dynamique et progressif (voire progressiste), que pour autant que les sciences ont une histoire, et donc a fortiori ontconnu des ajustements, des remises en question, etc. · La prétention n'est donc pas seulement le droit qu'on croit avoir sur une chose (ici un droit illégitime des sciences, du fait de leur historicité, sur une vérité close etdéfinitive), mais elle est aussi une exigence : elle est une exigence que se donnent lessciences, elle est cette fin ultime à laquelle elles s'obligent elles-mêmes.

L'histoire dessciences, c'est donc le progrès des sciences et leur ascension toujours plus approchantde la vérité. · On comprend alors que l'histoire des sciences traduit en réalité une vérité historique : elles s'insèrent effectivement dans une époque, dans une évolution précisedes techniques qui permettent plus de précision, et donc d'approcher sans cesse lavérité. · On peut penser ainsi par exemple à l'histoire de la théorie de l'atome : cette dernière progresse, notamment grâce à l'évolution des techniques qui se font de plus enplus précises.

Elle n'est donc pas fausse en elle-même dans l'Antiquité par exemple, elleest vraie par rapport à nos possibilités de connaissances à cet instant précis. III- Une pensée dialectique de la contradiction · On s'aperçoit dès lors que les sciences ne produisent pas en elles-mêmes des erreurs, mais disent, en raison de leur histoire, quelque chose de vrai sur l'époque danslaquelle elles se développent. · On comprend ainsi que l'histoire des sciences marque non pas l'incapacité des sciences à trouver quelque vérité mais au contraire permet de penser dynamiquement. »

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