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La contrainte annule-t-elle la liberté ?

Publié le 05/03/2009

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 La contrainte peut se concevoir comme un obstacle à un mouvement, à une action. Elle est une entrave à la volonté. Or la liberté est l’exercice de sa puissance naturelle à agir sur le monde extérieur et soi-même. Dès lors, la contrainte semble être un obstacle à ma liberté. La liberté doit faire face à une limitation de la puissance. Il y a donc une opposition intrinsèque entre la liberté et la contrainte. Pourtant, est-ce à dire qu’il y a annulation ? L’annulation ici est l’anéantissement, la mise à mort, la disparition. La contrainte sonnerait alors le glas de la liberté. Mais y a-t-il lieu de les opposer si frontalement ? La liberté ne peut-on pas comprendre une part de contrainte ? La question est alors celle du sens que l’on donne au concept de liberté : pense-t-on la liberté comme faire ce que l’on désire, ou veut ou ce que l’on doit vouloir ? La différence est de taille puisque la première conçoit la liberté comme totalité ne pouvant inclure la contrainte tandis que la seconde se comprend dans un mouvement dialectique de dépassement de la contrainte par la liberté, sans doute en en changeant la valeur. Le problème est alors la détermination de la valeur de la liberté à l’aune de la contrainte.

            Dès lors, si la contrainte nuit à la liberté pouvant aller jusqu’à sa disparition (1ère partie), il n’en reste pas moins que la contrainte se comprend aussi comme régulation d’une liberté naturelle afin de déterminer une liberté civile (2nd partie), développant ainsi une autonomie du sujet (3ème partie).

 

I – Contrainte et fin de la liberté

II – Contrainte, liberté et obéissance

III – Liberté civile, liberté naturelle : contrainte & autonomie

« qu'exige son intérêt authentique, est soumis au pire des esclavages.

Au contraire, on devra proclamer libre l'individuqui choisit volontairement de guider sa vie sur la raison.

Quant à la conduite déclenchée par un commandement,c'est-à-dire l'obéissance, bien qu'elle supprime en un sens la liberté, elle n'entraîne cependant pas immédiatementpour un agent la qualité d'esclave.

Il faut considérer avant tout, à cet égard, la signification particulière de l'action.A supposer que la fin de l'action serve l'intérêt non de l'agent, mais de celui qui commande l'action, celui quil'accomplit n'est en effet qu'un esclave, hors d'état de réaliser son intérêt propre.

Toutefois dans toute libreRépublique et dans tout Etat où n'est point pris pour loi suprême le salut de la personne qui donne les ordres, maiscelui du peuple entier, l'individu docile à la souveraine Puissance ne doit pas être qualifié d'esclave hors d'état deréaliser son intérêt propre.

Il est bien un sujet.

Ainsi la communauté politique la plus libre est celle dont les loiss'appuient sur la saine raison.

»b) Bien plus, la contrainte est essentielle à l'existence de la liberté.

Rousseau au livre I, ch.

7 du Contrat social écrit : « Afin donc que ce pacte social ne soit pas un vain formulaire, il renferme tacitement cet engagement, quiseul peut donner de la force aux autres, que quiconque refusera d'obéir à la volonté générale, y sera contraint partout le corps; ce qui ne signifie autre chose sinon qu'on le forcera à être libre, car telle est la condition qui, donnantchaque citoyen à la patrie, le garantit de toute dépendance personnelle, condition qui fait l'artifice et le Jeu de lamachine politique, et qui seule rend légitimes les engagements civils, lesquels, sans cela, seraient absurdes,tyranniques, et sujets aux plus énormes abus.

» En effet, par le pacte social comme le note Rousseau au livre I, chapitre 6 du Contrat social : « Chacun de nous met en commun sa personne et toute sa puissance sous la suprême direction de la volonté générale; et nous recevons encore chaque membre comme partie indivisible du tout.» Ainsipersonne n'a intérêt a rendre onéreux pour autrui toute décision dans la mesure où il en fera aussi les frais et risqueà terme aussi de mettre à bas le pacte social.

En effet, « la condition étant égale pour tous, nul n'a intérêt de larendre onéreuse aux autres.

» L'aliénation est sans réserve et crée un corps politique que l'on nomme cité ourépublique.

L'égalité entre les citoyens est alors parfaite.

« Chacun se donnant à tous ne se donne à personne ; etcomme il n'y a pas un associé sur lequel on n'acquière le même droit qu'on lui cède sur soi, on gagne l'équivalent detout ce qu'on perd, et plus de force pour conserver ce qu'on a.

» C'est pour cela que la contrainte est nécessaire,sinon le pacte social serait rompu car onéreux à une partie des contractant.c) La question de liberté et de la politique, donc de la liaison de l'obéissance, de contrainte et de la liberté peut secomprendre alors à la manière de Montesquieu dans le livre XI de De l'esprit des lois .

A cette occasion, Montesquieu s'interroge sur les rapports entre constitution et liberté à travers la question de la liberté politique donc du lien entre obéissance et liberté.

Et l'on peut en dégager plusieurs thèses fondamentales nous permettant desaisir comment et pourquoi l'expression « libre obéissance » a un sens et que la liaison contrainte liberté estpossible.

Etre libre politiquement, ce n'est pas faire ce que l'on veut.

La liberté dans la société civile est toujourslimitée en raison même de l'existence d'une pluralité de volontés et de libertés concurrentes.

La contrainte estnécessaire.

En ce sens, « dans un Etat, c'est-à-dire dans une société où il y a des lois, la liberté ne peut consisterqu'à pouvoir faire ce que l'on doit vouloir, et à n'être point contraint de faire ce que l'on ne doit pas vouloir ».

Il y adonc une distinction nécessaire entre obéissance et contrainte, cette dernière plus directement en conflit avec laliberté bien qu'elle soit nécessaire dans l'ordre social.

Ainsi, la liberté se définit comme le droit de faire tout ce queles lois permettent.

En effet, si un citoyen pouvait ce qu'elles défendent, il n'y aurait plus alors de liberté, parce quele autres auraient aussi ce pouvoir.

Transition : Ainsi la contrainte n'est-elle pas l'annulation de la liberté, bien au contraire, la liberté doit se comprendre en lienétroit avec la contrainte.

Celle-ci assure l'usage possible de la liberté en société.

Dès lors la contrainte est lamarque de la distinction entre la liberté naturelle et la liberté civile.

III – Liberté civile, liberté naturelle : contrainte & autonomie a) Comme le note Kant dans la Doctrine du droit , l'Etat est le lieu qui est crée justement en vue de la possibilité pour les individus d'exprimer leurs libertés.

En ce sens ce qu'il faut bien saisir c'est le passage de ce que l'on peutappeler la liberté naturelle à la liberté civile.

La liberté est sauvegardée dans les deux cas, mais elle a changé deforme.

La liberté naturelle est le puissance que j'ai sur chaque chose tandis que la liberté civile est la liberté en tantque je fais partie d'une société.

L'Etat est finalisé au développement de la liberté individuelle.

C'est pourquoi l'Etatkantien se définit comme fin en soi.

En ce sens, l'existence de la contrainte est justement, avec le contrat, cepassage du naturel au civil.

La liberté est sauvegardée mais elle a changé de forme.

L'Etat kantien civil n'a pas defins à prescrire aux individus, sa fin propre est d'abord de permette que chaque individu puisse attendre ses propresbuts.

Et cela est clairement dans l'esprit de son article Qu'est-ce que les Lumières ? puisqu'il s'agit de ne pas maintenir l'homme dans son état de tutelle, c'est-à-dire de minorité.

Il faut le rendre majeur.

L'Etat est libre parcequ'il respecte la liberté de ses citoyens.

C'est pourquoi l'impératif du droit dans l'Introduction à la Doctrine du droit est le suivant : « Agis extérieurement de telle manière que l'usage de ton arbitre puisse coexister avec la liberté detout homme selon la loi universelle ».b) Kant dans le texte Théorie et Pratique explique que l'Etat kantien est tout orienté vers la réalisation d'un seul et unique objectif : la réalisation de la liberté.

On peut le percevoir notamment à travers la définition même du droitpuisque c'est l'ensemble concept des conditions sous lesquelles l'arbitre de l'un peut être concilié avec l'arbitre del'autre selon une loi universelle de la liberté.

Le droit rend donc possible la liberté.

Et le droit émane de l'Etat et de lavolonté du législateur.

Or le droit, la loi est une contrainte sur l'usage personnel de la liberté.

De là la définition dujuste dans la Doctrine du droit §B : est juste « toute action qui peut faire coexister la liberté de l'arbitre de chacun avec la liberté de tout autre selon une loi universelle, ou dont la maxime permet cette coexistence ».

La maxime, oul'impératif du droit est ici un cadre, une limite formelle de l'action : elle est une contrainte.

Pourtant c'est bien elle. »

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