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— S. Conviendrais-tu qu'il arrive souvent à l'homme qui ne voit

Publié le 22/10/2012

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— S. Conviendrais-tu qu'il arrive souvent à l'homme qui ne voit pas clairement les choses qu'il regarde, parce qu'il les voit de loin, de souhaiter « discerner « ce qu'il voit ? — P. J'en conviens. — S. Là-dessus, ne se ferait-il pas à lui-même la question que voici ? — P. Laquelle ? — S. Que peut bien être ce qui m'apparaît contre le rocher debout sous un arbre ? Es-tu d'avis que c'est là ce que se dit celui aux yeux de qui de telles apparences se sont manifestées ? — P. Bien sûr. — S. Et qu'ensuite en se répondant à lui-même : c'est un homme, il se peut qu'il tombe juste ? — P. Parfaitement. — S. Ou au contraire, en se fourvoyant, que peut-être il déclare que ce qu'il a vu est une statue, en pensant que c'est l'oeuvre de bergers ? — P. Il se peut. — S. Et si quelqu'un se trouve à ses côtés formulant en paroles les choses qu'il s'est dites à lui-même, il lui en fera la déclaration à haute voix, et ainsi sera devenu discours ce que naguère nous nommions opinion ? — P. Bien sûr. — S. S'il est seul, se faisant pour lui-même cette même réflexion, il arrive parfois qu'il poursuive sa route en la gardant assez longtemps pour lui. Philèbe, 38be 5. DISCOURS ET VÉRITÉ a) Définition du discours. [L'ÉTRANGER-THÉÉTÉTE] Commençons par prendre discours et opinion pour établir si le non-être s'attache à eux ou bien s'ils sont absolument vrais l'un et l'autre, jamais faux ni l'un ni l'autre. — T. Bien. — É. Allons, tout de même que nous avons parlé des formes et des lettres, mettons-nous maintenant à examiner les noms. Car c'est de ce côté que se montre ce que nous sommes en train de chercher. — T. Où veux-tu en venir s'agissant des noms ? — É. Je voudrais savoir si tous s'accordent entre eux, ou bien aucun ; si les uns se prêtent à l'accord, les autres pas. — T. La dernière hypothèse est évidente : les uns s'y prêtent, les autres non. — É. Peut-être veux-tu dire ceci : les uns, énoncés d'affilée et manifestant quelque chose, s'accordent ; les autres, dont l'enchaînement ne signifie rien, ne s'accordent pas. — T. Que veux-tu dire par là ? — É. Rien d'autre que ce que je croyais que tu entendais en me donnant ton accord. Nous disposons en effet de deux genres d'énoncés vocaux concernant l'être. — T. Comment cela ? — É. L'un c'est les noms, l'autre, les verbes. — T. Explique chacun. — É. C'est celui qui signifie les actions que nous appelons : verbe. — T. Oui. — É. Quant au signe vocal qui s'applique aux sujets qui font ces actions, c'est le nom. — T. Parfaitement. — É. Ainsi des noms tout seuls énoncés bout à bout ne font jamais un discours, non plus que des verbes énoncés à part de tout nom. [...] Par exemple marche «, « court «, « dort « et tous autres verbes signifiant des actions ; et même en les disant tous d'affilée, ils n'en forment pas davantage un discours. — Naturellement. — É. De même si on dit : lion, cerf, cheval et tous les autres noms désignant les sujets qui font les actions, c'est encore une continuité dont il ne saurait résulter un discours ; car ni dans l'un, ni dans l'autre cas, les sons proférés ne manifestent ni action, ni absence d'action, ni être, que ce soit de ce qui est ou de ce qui n'est pas, tant qu'on n'a pas mêlé les verbes aux noms. C'est alors seulement que s'est fait l'accord, que la première liaison s'est aussitôt constituée en discours, pour ainsi dire le premier et le plus petit discours. — T. Qu'entends-tu par là ? — É. Quand quelqu'un dit : « l'homme apprend «, ne dis-tu pas que c'est là le plus petit des discours et le premier ? — T. Je l'accorde. — É. C'est que, dès ce moment, il donne quelque indication sur ce qui est ou devient, ou fut, ou sera et qu'il ne se borne pas à dénommer, mais il détermine quelque chose en entrelaçant les verbes aux noms. Voilà pourquoi nous disons qu'il discourt et pas seulement qu'il nomme, et c'est à cet agencement que nous donnons le nom de discours. — T. À juste titre. — É. Ainsi donc, de même que dans les choses les unes s'accordaient entre elles, les autres non, de même dans les signes vocaux certains ne s'accordent pas, d'autres en s'accordant ont créé le discours. — T. Parfaitement. — É. Encore une petite remarque. — T. Laquelle ? — É. Un discours, dès lors qu'il est, est nécessairement un discours sur quelque chose ; qu'il ne porte sur rien est impossible. — T. C'est juste. — É. Ne faut-il pas qu'il ait aussi une qualité 1 ? — T. Sans doute. Sophiste, 261c-262e b) Rhétorique et vérité. [SOCRATE-PHÈDRE] — S. Examinons ce qui fait qu'un discours est bon ou ne l'est pas, qu'il soit oral ou écrit. [...] L'excellence du discours n'exige-t-elle pas que celui qui le tient dispose en pensée de la vérité sur les sujets qu'il se propose de traiter ? — P. Voici, mon cher Socrate, ce que j'ai entendu dire là-dessus : le futur orateur n'a pas à s'informer de ce qui est vraiment juste, mais bien de ce qui paraît tel à la foule, car c'est elle qui jugera ; ni non plus de ce qui est beau et bon, mais de ce qui paraît tel. Car c'est de là, et non de la vérité que procède la persuasion. — S. La sentence des gens habiles, il ne faut pas la rejeter, mais il faut examiner ce qu'elle veut dire ; ce que tu viens de dire en particulier n'est pas négligeable. — P. Tu as raison. — S. Voici comment nous allons l'examiner. — P. Comment ? — S. Suppose que moi, je te persuade de te procurer un cheval pour aller à la guerre et que nous ignorions tous deux ce qu'est un cheval ; tout ce que je sais de toi c'est que Phèdre croit que 1. Qu'il soit vrai ou faux ; cf. Phil., 37b.

« 28 PLATON PAR LUI-MÊME noms? É.

Je voudrais savoir si tous s'accordent entre eux, ou bien aucun ; si les uns se prêtent à l'accord, les autres pas.

- T.

La dernière hypothèse est évidente : les uns s'y prêtent, les autres non.

- É.

Peut-être veux-tu dire ceci : les uns, énoncés d'affilée et manifestant quelque chose, s'accordent; les autres, dont l'enchaînement ne signifie rien, ne s'accordent pas.

- T.

Que veux-tu dire par là?- É.

Rien d'autre que ce que je croyais que tu entendais en me donnant ton accord.

Nous disposons en effet de deux genres d'énoncés vocaux concernant l'être.

- T.

Comment cela? - É.

L'un c'est les noms, l'autre, les verbes.

- T.

Explique chacun.

- É.

C'est celui qui signifie les actions que nous appelons: verbe.- T.

Oui.- É.

Quant au signe vocal qui s'applique aux sujets qui font ces actions, c'est le nom.

- T.

Parfaitement.

- É.

Ainsi des noms tout seuls énoncés bout à bout ne font jamais un discours, non plus que des verbes énoncés à part de tout nom.

[ ...

] Par exemple , , et tous autres verbes signifiant des actions ; et même en les disant tous d'affilée, ils n'en forment pas davantage un discours.

-Naturellement.

-É.

De même si on dit : lion, cerf, cheval et tous les autres noms désignant les sujets qui font les actions, c'est encore une continuité dont il ne saurait résulter un discours; car ni dans l'un, ni dans l'autre cas, les sons proférés ne manifestent ni action, ni absence d'action, ni être, que ce soit de ce qui est ou de ce qui n'est pas, tant qu'on n'a pas mêlé les verbes aux noms.

C'est alors seulement que s'est fait l'accord, que la première liaison s'est aussitôt consti­ tuée en discours, pour ainsi dire le premier et le plus petit discours.

- T.

Qu'entends-tu par là? - É.

Quand quelqu'un dit :. »

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