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Correction commentaire composé: Utopie

Publié le 13/02/2011

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Introduction

 

            Qu’il s’agisse de Fénelon  dans Les Aventures de Télémaque, roman inspiré de L’Odyssée et destiné à l’éducation du Prince, de Montesquieu dans les Lettres Persanes, un roman épistolaire à succès ou de Voltaire dans cet extrait de Candide, le plus célèbre de ses contes philosophiques, il est clair que ces trois auteurs, précurseur ou illustres représentants des Lumières, au-delà d’un dépaysement inhérent à l’évocation de contrées merveilleuses ou exotiques et de sociétés utopiques, cherchent à nous faire partager leur propre conception du bonheur et qu’à travers les valeurs qu’ils promeuvent peut se lire une critique acerbe des sociétés européennes du XVIIIème siècle.

 

I – Dépayser

 

            A – Les lieux

                        -  Pays merveilleux (toponymes et patronymes dans Fénelon et Montesquieu)

                        -  Exotisme (paysage, climat, fruits dans Fénelon et Voltaire – toponymes dans Voltaire)

            B – La société

                        - Utopie dans Fénelon et Montesquieu (champ lexical du bonheur et de la bonté)

                        -  Perfection de cet îlot de bonheur que constitue la ferme du sage musulman

                        - Evocation explicite (Fénelon) ou implicite (vertu et innocence originelles suggérées dans les trois textes) du Paradis terrestre ou de l’Âge d’or

 

 

II – Argumenter

 

            A – Personnages-relais

                        - L’épistolier dans Montesquieu, le sage musulman dans Voltaire, un locuteur collectif dans Fénelon                       

                        - Cela permet d’introduire une argumentation directe et  le recours à la rhétorique  (questions oratoires, exclamations, accumulations, gradations, formules…)

 

            B – Critique des sociétés européennes

                        - La perfection de ce qui est présentée fait ressortir les défauts de l’Europe (contraste au début du texte de Voltaire entre la ville et la ferme, lexique négatif chez Fénelon et Montesquieu)

                        - Voltaire dénonce le despotisme et le fanatisme, Fénelon le goût du lucre et du luxe et Montesquieu l’individualisme et le manque de générosité.

 

            C – Conceptions du bonheur

                        - Par le biais de ces personnages romanesques et par-delà la critique de l’Europe, les auteurs défendent ici des conceptions précises du bonheur (thème commun aux trois textes : champ lexical)

                        - Fénelon valorise frugalité et simplicité, Montesquieu la solidarité et il  recommande  une vie naturelle ; Voltaire fait l’éloge du travail préconise un repli prudent.

 

 

 

Conclusion

 

            Ces rois textes sont des fictions mais des fictions qui ne visent pas seulement à plaire et distraire (à travers le merveilleux, l’exotisme  et le dépaysement) mais cherchent d’abord à faire partager des idées et à faire réfléchir.

            Ce type d’argumentation indirecte est fréquent à l’époque des Lumières. L’esprit critique et l’interrogation sur le bonheur sont également emblématiques de la pensée de cette époque.

 

REPRISE PLUS DEVELOPPEE DU II

(pour approfondir mais ce ne sont pas du tout là des analyses exigibles… et surtout pas pour 4 points)

 

 

            A – Personnages-relais

                        - Par nature dans Montesquieu : les épistoliers peuvent de façon vraisemblable exprimer avec insistance (relever des procédés) leur étonnement (façon de souligner combien les choses sont différentes là-bas), leur curiosité et leur intérêt

                        - Personnage de rencontre dans Voltaire dont la parole sage (formule finale) et autoritaire (les négations de la première réplique) est propre à marquer le lecteur

                        - Chez  Fénelon, recours didactique (qui ne s’encombre pas de vraisemblance romanesque) à un locuteur collectif qui peut déployer les procédés rhétoriques de la persuasion (questions oratoires, exclamations, accumulations, gradations…)

 

            B – Critique des sociétés européennes

                        - La perfection de ce qui est présentée fait ressortir les défauts de l’Europe ; certes ce contraste a quelque chose de manichéen, mais il possède une efficacité didactique : ainsi au début du texte de Voltaire le contraste entre les horreurs alentour (étrangler, empaler, catastrophe) et la ferme du vieillard (bon, prendre le frais, berceau) ; ainsi les deux premiers textes multiplient-ils un lexique négatif qui implique en permanence une comparaison de ces utopies avec les réalités européennes

                        - Il est clair que la critique voltairienne est politique et qu’à travers les vizirs et le muphti étranglés sont dénoncés le despotisme et le fanatisme ; Fénelon et Montesquieu, en se référant nettement à un Paradis perdu, suggèrent  l’image d’une chute due à une corruption morale des hommes. Les deux auteurs pourtant se distinguent nettement : l’analyse de Fénelon reprend les antiques critiques du goût du lucre (vocabulaire de l’argent et de l’économie) et dénonce le  renoncement à l’antique frugalité  et l’abondance dans laquelle vivent l’aristocratie et les Grands du Royaume (le roman est destiné à l’éducation du Duc de Bourgogne, héritier possible du trône) et du luxe (champ lexical); et même si on retrouve ces mêmes mots dans Montesquieu, son analyse est plus sociale qu’économique puisqu’il dénonce pour sa part l’individualisme et le manque de générosité. Toutefois cette scène bucolique digne de Virgile n’est peut-être pas réductible à la nostalgie d’un monde archaïque… la fausse dévotion y est montrée du doigt (3ème §)

 

            C – Conceptions du bonheur

                        - Par le biais de ces personnages romanesques et par-delà la critique de l’Europe, les auteurs défendent ici des conceptions précises du bonheur (thème commun aux trois textes : champ lexical)

                        - Les valeurs fondamentales sur lesquelles le bonheur peut se construire sont néanmoins différentes dans les trois textes : chez  Fénelon le refus du superflu et la valorisation de la frugalité font dépendre le bonheur de la satisfaction de besoins simples. Voltaire au contraire ne condamne pas le luxe (voir les exemples de nourritures) et n’entend pas limiter de façon drastique l’activité économique puisqu’il fait l’éloge du travail. Il recommande pourtant de ne pas participer aux affaires et préconise un repli prudent. Montesquieu prône une vie naturelle qui permet de conserver l’égalité et la solidarité.           

                        - En dépit de ces différences ces trois textes empruntent – mais chacun différemment – à l’épicurisme (qui, comme les Lumières, fait du bonheur une question centrale) : Fénelon par l’idée qu’être heureux c’est satisfaire ses besoins et rien de plus, Montesquieu parce que ses Troglodytes sont délivrés de la crainte des dieux, Voltaire par le repli sur soi d’une petite communauté.

 

 

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