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cours sur le bonheur

Publié le 16/08/2012

Extrait du document

Mais si Marcuse a formé cette « utopie ï¿½ d’une « civilisation non répressive ï¿½ à une époque — les années 60 — où la transformation de la société capitaliste semblait à la fois urgente et possible, il semble que le seul mod�le concret où se trouve réalisée l’équation ultime du bonheur, à savoir le libre accomplissement des instincts dans un travail producteur et profitable pour tous, soit l’artiste. La libération de l’imagination individuelle semble en effet la condition d’une expression productive de soi où le désir, loin d’être bafoué ou annihilé, est conservé comme forme instinctive et dans le même temps transformé en un produit objectif. Marcuse cite André Breton, fondateur du mouvement surréaliste :  « Réduire l’imagination à l’esclavage, quand bien même il y irait de ce qu’on appelle grossi�rement le bonheur, c’est se dérober à tout ce qu’on trouve au fond de soi de justice suprême. ï¿½ (Premier manifeste du surréalisme)  Autrement dit, l’imagination comme faculté des fantasmes et de l’irréel n’est pas une puissance nuisible à l’accomplissement de soi, elle est plutôt ce qui rend compatible celui-ci avec la construction du réel. L’œuvre d’art serait donc une forme de bonheur incarné et le travail artistique ce type particulier d’activité où, à l’opposé du labeur de l’ouvrier, l’expérience de la pénibilité laisse la place à l’accomplissement de soi dans la passion créatrice.



« simplement renoncer au bonheur ? Faut-il consentir à délaisser cet idéal pour enfin être heureux ? T : En réalité, ce n'est pas au bonheur qu'il faut renoncer, mais à cette quête difficile qui nous rend inquiets et accroît notre trouble, à cette idée même que notrebonheur réside dans l'acquisition de quelque chose que nous n'avons pas encore, qu'il s'agisse de biens matériels ou spirituels.

Nos sociétés font la promotiond'unbonheur dynamique où l'atteinte du bonheur repose sur l'activité, les efforts et les sacrifices de l'individu ; ne peut-on pas envisager une autre conception dubonheur où ce sont justement les causes de l'angoisse qui seraient éliminées ? Où le bonheur n'imposerait pas une course effrénée, mais nous offrirait un havre depaix ? II.

Le bonheur par le vide 1) L'ataraxie ou la suspension des jugements — On pourrait considérer en effet que la cause de notre malheur n'est pas dans le fait de ne pas avoir ce que nousdésirons, mais plutôt dans le fait de désirer ce que nous n'avons pas.

Le bonheur nous échappe continûment parce que nous sommes continûment en quête desatisfactions pour des désirs multiples et croissants.

Au lieu d'obtenir ce que l'on n'a pas, il faut envisager une autre conception du bonheur où être heureux supposed'éliminer toutes les sources de tensions : bonheur statique où l'on jouit de ne plus chercher, de ne plus courir après ce qui nous manque.

C'est le but avoué duscepticisme grec : le bonheur n'est possible que par l'élimination de tout ce qui contribue à instaurer un déséquilibre intérieur, le désir, mais aussi le jugement oul'évaluation qui rend possible le désir.

Sextus Empiricus écrit : « Celui qui croit qu'une chose est par nature bonne ou mauvaise se trouble à tout propos ; lorsque ce qui lui semble un bien n'est pas à sa disposition, il pense qu'ilsubit en châtiment des maux réels, et il poursuit le bien ; après l'avoir précisément atteint, il tombe dans de plus nombreux troubles, et dans la crainte de toutchangement, il fait en sorte de ne pas perdre ce qu'il estime un bien.

Mais celui qui est dans l'incertitude de la nature des biens ou des maux ne fuit rien, ne poursuitrien avec effort ; aussi jouit-il de l'ataraxie » (Esquisses pyrrhoniennes, I, 12). Ce qui rend malheureux, ce n'est pas le fait d'être dépossédé du bien, c'est de croire qu'il y a quelque chose de bien et quelque chose de mal : ce sont les jugements quenous portons sur les choses et les comparaisons qui nous rendent malheureux puisque alors nous instaurons une différence entre ce qui bon, et donc désirable, etmauvais, et donc indésirable.

C'est cette évaluation qui fait obstacle à l'ataraxie, c'est-à-dire à la tranquillité de l'âme et à la modération des affects.

Le sceptique, c'est-à-dire celui qui est dans l'incertitude du vrai et du faux, du bien et du mal, vit dans un équilibre parfait puisqu'il ne donne son assentiment à rien.

Cette forme debonheur où tout motif de désir est éliminé pourra sembler desséchante, mais elle n'empêche pas que nous puissions atteindre un bonheur plus concret (la santé,l'épanouissement amoureux ou familial, la richesse, etc).

Toutefois, ce bonheur concret ne saurait être un objet de choix pour la volonté : il survient uniquement parhasard, il nous « tombe dessus », pour des raisons qui nous échappent et sur lesquelles nous n'avons que peu de prise.

Notre bonheur comme notre malheur nedépendent pas de nous : certains ont de la chance, d'autres n'en ont pas.

C'est pour cette raison que c'est une perte de temps de rechercher le bonheur. 2) Le zen ou l'idéal du néant — Il est difficile toutefois d'envisager la pérennité de l'ataraxie des sceptiques : les événements du monde ne se chargeront-ils pas denous troubler, de perturber l'équilibre des affects ? Si le bonheur doit se faire par la suppression des jugements et de toute tension, alors il faut aller plus loin encore :c'est l'expérience même du néant et l'abolition de toute vie intérieure qui sera sa plus pure expression.

Seul le travail purificateur de la méditation zen pourra nousamener à une tranquillité sans faille.

C'est en effet, selon Le Sûtra du Cœur, un texte canonique de la religion bouddhiste, le vide en nous-mêmes qui constitueral'accomplissement des « formes » de la méditation : « Les formes ne sont pas différentes du vide, le vide n'est pas différent des formes, les formes sont le vide, le vide est les formes.

Il en va de même des sensations, desperceptions, des constructions mentales et des consciences.

» Autrement dit, c'est notre rapport au monde qui est lui-même annihilé au profit d'une paix de l'âme où plus aucun changement n'est ressenti : « Tous ces éléments ayant l'aspect du vide, ils n'apparaissent ni ne disparaissent, ils ne sont ni souillés ni purs, ils ne croissent ni ne décroissent.

C'est ainsi que dans levide, il n'y a pas de forme ni de sensation, de perception, de construction mentale et de conscience… » L'idée même d'une recherche et d'une quête est donc éliminée : « Il n'y a pas d'ignorance et non plus cessation de l'ignorance et ainsi de suite il n'y a pas de vieillesse ni de mort et non plus cessation de la vieillesse et de la mort.

Iln'y a pas de souffrance, d'origine, d'extinction ni de chemin.

Il n'y a pas de connaissance et pas plus d'obtention puisqu'il n'y a rien à obtenir.

» Ainsi, « libéré des méprises et des pensées illusoires », dégagé de toute dynamique de progrès et de toute inquiétude, l'individu peut accéder au nirvâna, à un bonheurqui est total parce qu'il équivaut au néant. T : Identifier le bonheur à une forme de vide ou de paix intérieure semble une solution pertinente aux contradictions posées par la quête du bonheur.

Si cette dernièresuppose plus de travail et de souffrance qu'elle n'apporte de satisfaction, alors mieux vaut éliminer ce qui viendrait troubler notre tranquillité, le désir qui est la racinemême du mal. Mais, anesthésiant le sujet, détruisant nos pulsions, une telle démarche repose sur une exigence de pureté dont on peut craindre qu'elle soit elle-même destructrice.Peut-on ainsi sacrifier les désirs et notre vitalité ? Le bonheur n'est-il pas à chercher dans l'accomplissement effectif de notre désir plutôt que dans la tentative de sasuppression ? Un obstacle va cependant s'opposer à cet accomplissement : la société. III.

De la répression à la sublimation : l'utopie du bonheur 1) La répression du désir— Il est difficile en effet d'envisager que l'on puisse annihiler un désir ; il semble plutôt qu'on le détourne, qu'il change d'objet et se réformeen s'adaptant aux possibilités offertes.

Le désir, de ce point de vue, est à la fois indestructible et multiforme : il est l'énergie fondamentale à partir de laquellel'individu évolue et agit.

Selon Freud, cette énergie n'est autre que la libido, c'est-à-dire l'instinct sexuel, qui constitue pour la plus grande part le capital pulsionnel de. »

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