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Cours: TEMPS & MEMOIRE (5 de 9)

Publié le 22/02/2012

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temps

5)     La pathologie de l’oubli et le problème de la localisation

-        D’après le sens commun l’oubli est une perte de souvenir. Mais, en réalité, on peut être dans l’incapacité de se rappeler un nom maintenant et le retrouver quelques heures ou jours plus tard. L’impossibilité d’évoquer n’est pas nécessairement le signe d’une perte irréversible de la mémoire.

-        Nous avons vu que pour Freud l’oubli est un processus signifiant, à mettre au rang des actes manqués. Il y a néanmoins plus grave que ces petits accrocs quotidiens de la mémoire : les cas d’aphasie (perte totale ou forte réduction de la disposition aux langages articulés, l’intelligence et les autres fonctions du langage étant préservées : perte ou trouble de la parole, de la compréhension de la parole, de la compréhension de la parole – surdité verbale - ou de l’écrit – cécité verbale) et les cas d’amnésie. Ces handicaps rendent le sujet inapte à une vie sociale « normale «. L’oubli paralyse l’action, la rencontre, etc. : exemple de celui qui parle sans comprendre ce qu’il dit ou de celui qui injurie ses visiteurs au lieu de s’adresser à eux comme il se doit (cas de la femme, rapporté par le Dr Trousseau, qui se lève avec un air de bienveillance et dit au visiteur, en lui montrant un fauteuil : « cochon, animal, fichue bête «).

-        La pathologie de l’oubli est une pathologie de la sélection et de la re-distribution des fonctions de la mémoire. Comment expliquer ces affections ?

-        Une réponse physiologique a d’abord été donnée : l’aphasie, l’amnésie seraient dues à des lésions cérébrales dont certaines sont réversibles, d’autres non. L’aphasie dite de Broca correspondrait ainsi à la lésion de la troisième circonvolution frontale gauche. Cette explication est fondée sur l’hypothèse de la localisation : il y a, selon cette hypothèse, des lieux cérébraux de la mémoire. Certes, une altération grave de certaines parties du cerveau entraîne une altération des fonctions concernées par ces parties. Mais il ne faut pas confondre condition et détermination : que la mémoire ait, comme condition, un substrat organique, c’est évident ; pour autant, cela ne détermine pas nécessairement la forme de cette mémoire. De sorte que la mémoire ne se réduit pas à sa seule dimension physiologique.

-        L’assignation d’un lieu organique ne suffit pas à rendre compte du problème de la mémoire. La question « où les souvenirs sont-ils conservés « est une fausse question. La thèse de la localisation de la mémoire est limitée et ne rend pas compte de la mémoire en tant que question de sens et de langage.

-        La mémoire est une affaire de motricité mentale, d’opérations de pensée, de catégorisations linguistiques et intellectuelles. L’aphasie et l’amnésie constitueraient des troubles et des modifications de ces processus. Il s’agit, dans cette interprétation , de privilégier l’acte contre le lieu, l’opération contre la localisation, et de montrer que la mémoire est affaire de langage, de perception, d’imagination, d’individualité singulière. 

Conclusion sur la mémoire :

-        La mémoire, c’est la capacité de ne pas être emmuré dans l’instant présent, c’est la capacité de se représenter le temps comme tel. C’est elle qui crée l’identité et la saisie de la permanence. Elle est essentielle à la conscience. L’oubli manifeste que la mémoire n’est pas une simple faculté d’enregistrement, mais relève de la constitution de l’homme comme homme.

CONCLUSION SUR LA PREMIERE PARTIE :

-        La conception ordinaire du temps, née d’une intuition spontanée, fait apparaître trois caractères essentiels du temps : c’est un flux continu, ininterrompu, qui emporte tout ou dans lequel tout passe, se transforme, disparaît ou apparaît. Ce flux est irréversible et orienté : nous allons du passé au présent puis à l’avenir (ou l’avenir vient à nous, devient présent et s’engloutit dans le passé); nous ne pouvons pas remonter le temps pour nous retrouver dans une situation passée. Ces caractères du temps révèlent des difficultés, paradoxes, obscurités qui renvoient à la question fondamentale de la réalité ou de l’idéalité du temps.

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