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La création artistique est elle au service du réel

Publié le 11/04/2005

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    2-Le réel comme loi rappel à l'ordre un art qui voudrait s'en émanciper.   * On peut soutenir l'idée selon laquelle l'art n'atteint pas la réalité, mais une réalité. C'est en effet à la science de se mettre au service d'une réalité objective. * Un artiste qui prétend conformer son art à la science crée contre sa propre opinion. Cela semble être le cas des théories du roman naturaliste de Zola. Pour Zola, l'art doit être une application de la science et une fenêtre transparente sur le réel. Or cette opinion s'oppose à la puissance du fantastique et des métaphores de ses romans et renvoie à une vision idéologique de la science (le positivisme). * Il semble bien plus raisonnable d'affirmer que l'art ne dévoile pas une réalité, mais démultiplie nos points de vue sur la réalité. C'est la thèse de Proust. « Grâce à l'art, au lieu de voir un seul monde, le nôtre, nous voyons le monde se démultiplier, et, autant qu'il y a d'artistes originaux, autant nous avons de mondes à notre disposition, plus différents les uns des autres que ceux qui roulent à l'infini, et, bien des siècles après que s'est éteint le foyer dont il émanait, qu'il s'appelât Rembrandt ou Vermeer, nous envoient encore leur rayon spécial » * Dès lors, l'art est suspecté de faire plonger la réalité dans l'intériorité de l'artiste.

 

Analyse :

• Prenons deux sens de la notion de réel.

-Le réel, c’est le quotidien.

-Le réel, c’est ce qui est donné sous l’autorité d’une loi.

• Distinguons la création artistique de la production technique et de la création divine.

La production technique engendre des objets reproductibles par des règles intelligibles. La création divine crée un monde singulier par des règles qui nous échappent.

On pressent la position médiane de la création artistique. Un Vermeer et un Rembrandt sont deux tableaux, mais leurs règles d’engendrement ne sont pas tout à fait identiques. 

 

Problématique :

La force d’une singularité artistique n’a-t-elle pas pour finalité de nous libérer des pesantes habitudes et conventions sociales qui restreignent le réel à la réalité du quotidien ? Mais échapper au réel n’est-ce pas s’opposer à la loi sans laquelle nous sommes plongés dans le désordre de l’intériorité subjective ?

Le service le plus élevé de l’art n’est-il pas de jeter un pont entre les lois humaines et les lois divines ?

 

« de le distinguer pratiquement d'un autre.

» Bergson vise ici les mots de notre langage qui sont interposés, commedes étiquettes le sont sur des produits de consommation, entre les objets et nous.Ces mots nous procurent cette « commodité » qui est celle de la communication, laquelle rend l'échange plus facile,le travail plus aisé et, avec lui, une meilleure satisfaction des besoins.

« Il fallait vivre, écrit Bergson dans Le Rire, etla vie exige que nous appréhendions les choses dans le rapport qu'elles ont à nos besoins.

Vivre consiste à agir.Vivre, c'est n'accepter des objets que l'impression utile pour y répondre par des réactions appropriées.

»Ce que nous regardons du monde extérieur est donc simplement ce que nos sens en extraient pour éclairer notreconduite en vue de satisfaire nos besoins.

Comment cette « simplification pratique », par laquelle nous écartons del'objet tout ce qui ne correspond pas à son utilité, s'opère-t-elle ?Les mots ne sont pas des étiquettes blanches.

Ils renvoient à un sens, ils englobent une définition que nous avonstoujours à l'esprit quand nous regardons le monde.

Cette définition, que le philosophe appelle le « concept» del'objet, se résume le plus souvent à une formule qui porte sur sa fonction, à laquelle il est réduit.Quand nous voyons des chaussures comme celles que Van Gogh a représentées en 1886 dans son tableau Souliersavec lacets, ne voyons-nous pas autre chose qu'une paire de semelles recouvertes de cuir, le tout assemblé avecdes clous et de la couture, pour servir à chausser des pieds ? Or le concept qui est associé au mot « chaussures »et qui les réduit à leur fonction la plus générale, convient à toutes les paires de chaussures, et nous empêche devoir cette paire-ci dans sa singularité, dans l'épaisseur de sa présence unique.Ce sont donc bien ces conventions (les mots et leurs concepts) qui constituent ce voile dont parlait Bergson.Cependant, l'artiste est seul capable de « mettre le feu à toutes ces conventions », en portant sur le monde un oeilqui n'est pas celui de la consommation.

Son regard est désintéressé et il redécouvre les êtres et les objets dans leurmystère et dans leur plénitude.

Cette attitude concerne aussi bien les réalités naturelles que les objets techniques.Lorsque le peintre représente, sous forme de « natures mortes », des aliments, des fruits par exemple, il oublie cequ'ils signifient pour nos yeux de consommateurs et les regarde pour eux-mêmes.

La contemplation se substituealors à l'intérêt.C'est pourquoi le regard de l'artiste est un « voir » plus profonde, car il est plus entier.

Il repose sur le mépris de «l'usage pratique et [des] commodités de la vie », conversion du regard qui seule peut nous amener à pénétrer laréalité de la manière la plus intense.C'est pourquoi Bergson écrit, dans Le Rire, que l'art, « qu'il soit peinture, sculpture, poésie ou musique, [...] n'ad'autre objet que d'écarter les symboles pratiquement utiles [...

] pour nous mettre face à face avec la réalitémême ».

• Mais l'art qui libère du réel quotidien permet-il vraiment d'accéder à la réalité sans voile ? La réalité, conçuecomme une donnée universelle et nécessaire, ne s'oppose-elle pas aux multiples réalités engendrées par la créationartistique ? 2-Le réel comme loi rappel à l'ordre un art qui voudrait s'en émanciper . • On peut soutenir l'idée selon laquelle l'art n'atteint pas la réalité, mais une réalité.

C'est en effet à la science de semettre au service d'une réalité objective.• Un artiste qui prétend conformer son art à la science crée contre sa propre opinion.

Cela semble être le cas desthéories du roman naturaliste de Zola.

Pour Zola, l'art doit être une application de la science et une fenêtretransparente sur le réel.

Or cette opinion s'oppose à la puissance du fantastique et des métaphores de ses romanset renvoie à une vision idéologique de la science (le positivisme).• Il semble bien plus raisonnable d'affirmer que l'art ne dévoile pas une réalité, mais démultiplie nos points de vue surla réalité.

C'est la thèse de Proust.« Grâce à l'art, au lieu de voir un seul monde, le nôtre, nous voyons le monde se démultiplier, et, autant qu'il y ad'artistes originaux, autant nous avons de mondes à notre disposition, plus différents les uns des autres que ceuxqui roulent à l'infini, et, bien des siècles après que s'est éteint le foyer dont il émanait, qu'il s'appelât Rembrandt ouVermeer, nous envoient encore leur rayon spécial »• Dès lors, l'art est suspecté de faire plonger la réalité dans l'intériorité de l'artiste.

Par son imagination, ses désirs,ses peurs l'artiste devient le principe dominant de son monde.

Le risque est alors grand de plonger avec lui dans sonpropre fantasme.

D'où les critiques constantes de Platon contre l'art qui fait passer l'image pour la réalité et enfermele désir dans des spectacles éphémères et futiles.•Néanmoins peut-on soutenir absolument que l'art ne se rapporte au réel comme loi que pour le transgresser ? Sonquestionnement de la loi n'a-t-il pas pour fonction d'inscrire une loi plus juste dans notre réel ? 3-L'art rend service au réel, non en s'opposant à sa loi, mais en la modifiant.

• On peut remarquer que l'art le plus transgressif ne s'oppose pas à toute loi puisqu'il cherche au moins à se fairereconnaître comme art.

L'art contemporain, dans sa fantaisie et son excentricité, ne fait pas l'économie des lieuxd'exposition et des galeries marchandes.• Dans son processus de création, l'oeuvre ne peut être une simple plongée dans l'intériorité de l'artiste.

Car ellen'est pas l'équivalente extérieure d'une réalité intérieure.

Les images initiales et les plans d'une oeuvre ne suffisent. »

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