Devoir de Philosophie

La crise de l'esprit, Paul Valéry

Publié le 07/12/2011

Extrait du document

esprit

Edvard Munch peint Le Cri en 1893, et Paul Valéry rédige La Crise de l’Esprit en 1919. Tous les deux poètes dans une discipline différente, ils tentent de faire part de leur malaise face à la  décadence engendrée par ce siècle de nouveautés mais aussi de perdition pour l’âme humaine et  l’homme en général.

esprit

« aussi bien géographiquement que moralement avec les peuples d’Europe et surtout avec lesintellectuels.

De cette première approche, il en déduit que la création n’est pas forcément employée àbon escient comme il le démontre avec l’exemple de da Vinci.La guerre est la base d’une large réflexion sur l’état des intellectuels européens imagés àtravers le personnage d’Hamlet.

Cette pensée nous amène à nous demander si la création est vraimentbénéfique. Tout d’abord, nous nous rendons compte que Valéry essaie de nous faire comprendre quel’invention en soit n’est pas néfaste, c’est ce que les hommes en fait qui peut devenir dangereux.Lorsque Valéry cite da Vinci, la métaphore de l’homme volant nous fait penser aux bombardiersallemands qui criblaient les campagnes françaises pendant la guerre, ligne 13 « a, de nos jours,d’autres emplois que d’aller prendre de la neige à la cime des monts pour les jeter, les jours dechaleurs, sur le pavé des villes… » Le groupe adverbial de temps « de nos jours » resitue le contexteactuel dans lequel Valéry rédige ce pamphlet.

De plus la métaphore des bombardiers/canadairs quidéversent leur torrent de munition tel de la neige, révèle à nouveau l’idée évoquée précédemment.Ainsi, la création de Leonardo da Vinci, est totalement desservie de son but et utilisé pour détruire lacivilisation Cette idée fait douter Paul Valéry à propos de l’importance de la création : les inventionspeuvent être utilisées à d’autres fins que celles imaginées par les intellectuels.De plus, nous remarquons que sa réflexion ne semble pas aboutir forcément à une solution.Valéry fait intervenir directement l’intellectuel grâce au jeu des pronoms personnel, ligne 20 « Et moi,se dit-il, moi, l’intellectuel européen, que vais-je devenir ? », amplifié par l’apostrophe répétitif dupronom personnel indirect « moi ».

Valéry va utiliser le procédé de la question rhétorique ou oratoirepour montrer ce manque d’aboutissement, ligne 21 « Et qu’est-ce-que la paix ? », ou encore, ligne 24« Mais moi, ne suis-je pas fatigué de produire ? N’ai-je pas épuisé le désir des tentatives extrêmes etn’ai-je pas abusé des savants mélanges ? » Le rythme binaire de la dernière interrogation, qui est enfait double puisque la conjonction de coordination « et » relie les deux questions, illustre ce contactdirect avec l’intellectuel qui livre ses propres craintes.

De plus, l’emploi de la structure négativemarque le pessimisme de l’intellectuel à croire que ces inventions peuvent être bénéfiques pour lasociété « n’ai-je pas».

Nous pouvons voir, à la suite de ces questions, que Valéry continue à employerle thème d’Hamlet dans sa métaphore filée en utilisant cette fois-ci une partie des autres protagonistesde la pièce.

En effet, il fait référence à Polonius, père de Laërte et d’Ophélie, il sert les intérêts duroyaume et décèle chez Hamlet sa sombre folie, mais aussi à Laërte, ennemi d’Hamlet qui a tué sonpère et enfin Rosenkrantz, ami d’Hamlet qui le surveille sur les ordres de Claudius.

À travers cesidentifications, l’auteur compare la création à la corruption.

En effet, une création devient corrompuelorsque cette dernière est manipulée de telle ou telle manière, ligne 28 « faire comme Polonius, quidirige maintenant un grand journal ? Comme Laërte, qui est quelque part dans l’aviation ? CommeRosenkrantz, qui fait je ne sais quoi sous un nom russe ? » Le fait d’utiliser ces personnages montre lecaractère universel du problème, n’importe quel intellectuel peut se cacher sous ces personnages.Paul Valéry éprouve un manque terrible à pouvoir donner une réponse satisfaisante à sesquestions, il est en proie aux mêmes craintes que ces intellectuels européens déguisés sous la parured’Hamlet. Paul Valéry n’arrive pas, semble-t-il à s’expliquer formellement sur les conséquences de cetteguerre qui le marquera à jamais.

Cet essai retranscrit parfaitement le trouble duquel l’auteur est enproie ; il ne cherche pas à débattre, mais simplement à affirmer ce qui est et ce qu’il veut combattre.Ainsi, nous pouvons nous demander si la pensée de Paul Valéry ne serait-elle pas proche de Rousseaulorsque celui-ci dit dans le Discours sur l’Origine & les Fondements de l’Inégalité parmi les Hommes(1755) « il fallut faire bien des progrès, acquérir de l’industrie et des lumières […] mais il n’avaientpas assez d’expérience pour en prévoir les dangers.

». »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles