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LA CRITIQUE MORALE DU LIBERTINAGE : CHODERLOS DE LACLOS DANS LES LIAISONS DANGEREUSES

Publié le 17/05/2011

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morale

« Rien de plus différent de ces suites d'anecdotes licencieuses qui forment la trame des romans légers du XVIII° siècle que le chef-d'oeuvre du genre, Les Liaisons dangereuses 1. Certes on y rencontre des historiettes dans le goût de Crébillon, mais l'originalité du livre est d'abord dans l'extrême tension du dynamisme qui nous achemine de son début à sa fin.  Tout y concourt, et d'abord une technique romanesque rigoureuse, caractérisée notamment par un emploi nouveau du procédé à la mode : le roman par lettres. Ici, la correspondance n'est plus ce qu'elle est chez Richardson et dans une certaine mesure chez Rousseau, un simple procédé de narration à l'usage de l'auteur ; elle est aussi, pour les personnages eux-mêmes, un mode d'action.  Avec ces dialogues par lettres, où rien ne semble écrit pour le lecteur, mais tout pour le correspondant, Laclos dispose d'une forme parfaitement adaptée à la peinture des conflits tragiques qui sont au coeur de son roman. Le premier oppose dès l'origine les deux libertins il reflète la contradiction qui existe entre les deux sexes dans la société et le milieu que peint Laclos. Ennemis par le sexe, l'alliance que Valmont et la marquise ont scellée n'a fait que transposer entre eux l'état de guerre (l'expression est de Laclos) sous la forme d'une émulation de libertinage. Mais ce libertinage est, pour elle. une nécessité et pour lui, un luxe. S'il s'y montre inférieur, comme elle l'affirme, il lui reste la ressource d'y manquer tout à fait. C'est marquer le point décisif que lui seul, parce qu'il est l'homme, peut marquer. Quand cela se produit, c'est « la guerre «.   

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« réussite qui lui était refusée, comme technicien de la guerre, dans une armée où les quartiers de noblesse comptentplus que le talent personnel.

On peut regarder Les Liaisons comme une étape de cette réussite et l'on conçoit alorsaisément que Laclos soit, comme on l'a dit « l'homme d'un seul livre ».On conçoit aussi que Laclos ait voulu un livre « commercial ».

Sans ressembler à aucun autre, son roman rassembledes éléments qui tous ont fait leurs preuves dans les divers genres de roman au cours du siècle 1 et il se placedélibérément sous le patronage des deux plus grands succès du demi-siècle : Clarisse de Richardson et La NouvelleHéloïse de Rousseau.Que l'oeuvre dût avoir quelque chose de livresque, on le conçoit d'autant mieux que cet artilleur choisissaitdélibérément de parler d'un milieu qu'il n'avait jamais connu par lui-même : la « bonne compagnie ».

Cette oeuvrelivresque est cependant une oeuvre puissante et originale. Le roman La technique romanesque.« Rien de plus différent de ces suites d'anecdotes licencieuses qui forment la trame des romans légers du XVIII°siècle que le chef d'oeuvre du genre, Les Liaisons dangereuses 1.

Certes on y rencontre des historiettes dans legoût de Crébillon, mais l'originalité du livre est d'abord dans l'extrême tension du dynamisme qui nous achemine deson début à sa fin.Tout y concourt, et d'abord une technique romanesque rigoureuse, caractérisée notamment par un emploi nouveaudu procédé à la mode : le roman par lettres.

Ici, la correspondance n'est plus ce qu'elle est chez Richardson et dansune certaine mesure chez Rousseau, un simple procédé de narration à l'usage de l'auteur ; elle est aussi, pour lespersonnages eux-mêmes, un mode d'action.Avec ces dialogues par lettres, où rien ne semble écrit pour le lecteur, mais tout pour le correspondant, Laclosdispose d'une forme parfaitement adaptée à la peinture des conflits tragiques qui sont au coeur de son roman.

Lepremier oppose dès l'origine les deux libertins il reflète la contradiction qui existe entre les deux sexes dans lasociété et le milieu que peint Laclos.

Ennemis par le sexe, l'alliance que Valmont et la marquise ont scellée n'a faitque transposer entre eux l'état de guerre (l'expression est de Laclos) sous la forme d'une émulation de libertinage.Mais ce libertinage est, pour elle.

une nécessité et pour lui, un luxe.

S'il s'y montre inférieur, comme elle l'affirme, illui reste la ressource d'y manquer tout à fait.

C'est marquer le point décisif que lui seul, parce qu'il est l'homme,peut marquer.

Quand cela se produit, c'est « la guerre ».Un second conflit oppose les deux libertins à un être qui n'appartient pas à leur univers, la Présidente, femmenaturelle, femme sensible, foncièrement différente de celles aux dépens de qui le libertinage de Valmont est fait pours'exercer victorieusement.

En raison.

de cette différence qui reflète une différence sociale, la Présidente suscitel'amour de Valmont.

De là des manquements de plus en plus graves aux règles du libertinage d'où sortira la ruptureavec la Merteuil, suivie de ses conséquences nécessaires.

C'est donc de façon nécessaire que la Présidente, ens'acheminant vers sa propre destruction, amène aussi non seulement la dissolution de l'alliance des deux libertinsmais la fin même de leur libertinage.Par cette dramatisation, si contraire à l'esprit du conte libertin proprement dit, Les Liaisons passent du plan de lachronique à celui de la tragédie.

Il y a là tout autre chose qu'une question de forme ; l'allure de la chronique, qui estsi souvent celle à laquelle Sade aura recours, sert à merveille un certain satanisme : elle permet de consigner desexploits.

Or, Les Liaisons sont tout le contraire d'un roman satanique.

Il y a quelques années qu'on s'en est avisé, leroman de Laclos est effectivement ce que son auteur a dit qu'il était, non pas un monument au Mal métaphysique,mais la description réaliste et critique d'une aristocratie parisienne corrompue.Au demeurant, on peut s'assurer en lisant les fragments philosophiques de Laclos que le Mal comme notionmétaphysique n'existait pas dans son esprit.

C'est avec toute la raideur d'un disciple que Laclos reprend la thèserousseauiste sur la nature sociale du mal.

Et c'est bien pourquoi il ne traite pas du libertinage comme absolu mais leconsidère dans sa relativité, en le faisant tomber sous le coup du conflit des sexes et des antagonismes de classesqui sont en jeu dans la société réelle. La peinture des moeurs. Le libertinage est, en outre, inséré dans une description complexe de l'aristocratie parisienne, en sorte que le romanest moins la peinture du libertinage que celle du milieu qui le suscite.

La variété des personnages doit frapper si l'ontient compte qu'ils forment un milieu socialement homogène (on en exclut la Présidente) .

L'âge ordonne leursdifférences, donnée hautement réaliste, systématiquement estompée par la convention romanesque traditionnelle.On mesurera, ici, le progrès dans le réalisme, par rapport à Manon, oeuvre réaliste, mais bien autrement dépendantede la convention romanesque, en remarquant que Danceny a quatre ans de plus que Des Grieux au début de sonhistoire.On distinguera de la sorte, un âge de la candeur (Cécile, Danceny) un âge de la vertu (Mme de Volanges) ; un âgede la retraite (Mme de Rosemonde) et, entre le premier et le second, un âge de la galanterie.

C'est celui deslibertins (Valmont, la marquise, Prévan) , mais on voit que leur libertinage se distingue de la galanterie vulgaire,évoquée assez abondamment pour qu'ils puissent avec orgueil se situer par rapport à elle.

Elle est représentée eneffet par Belle-roche, par la vicomtesse, par Mme de Volanges jeune, enfin par la foule indistincte des « manoeuvresd'amour » et des « femmes faciles ».

On ne saurait donc mettre en cause le caractère réaliste du roman, comme onl'a beaucoup fait, en avançant que les héros libertins de Laclos sont vrais, mais exceptionnels.

Il a lui-même situé. »

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