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Peut-on critiquer la démocratie ?

Publié le 19/03/2004

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* Il y a en permanence risque de perversion DÉMAGOGUE : Du grec, démagôgos, meneur du peuple; en un sens négatif, celui qui excite les passions pour obtenir une réussite électorale. démagogique (puisqu'il s'agit de rassembler sur un candidat un maximum de voix). Thème déjà présent chez Platon, à la fin de La République: la démocratie signifie le règne des incompétents (puisque le démos est inculte).

* critique marxiste: la démocratie masque la lutte des classes alors que, comme tout État, elle ne représente que les intérêts de la classe dominante (cf. la critique, dès La Question juive, de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen).

* Point de vue nietzschéen: si tout individu vaut, en démocratie, autant que son voisin, on se condamne à un affaiblissement des valeurs. C'est la « médiocratie«, la majorité ne pouvant représenter autre chose que la voix moyenne (Socrate et le christianisme comme représentants symboliques de la mentalité démocratique).

* Inefficacité des démocraties contre la montée des totalitarismes historiques (Mussolini, Hitler) qui se réclament précisément d'un «sursaut« devant permettre de sortir de l'avachissement de la nation.

* Problème interne: jusqu'où doit aller la liberté d'expression?

La democratie se définit comme l'Etat politique dans lequel la souveraineté appartient à la totalité des citoyens.

La démocratie postule donc l'égalité en droit de tous les citoyens, et se fonde sur la volonté générale (ROUSSEAU).

Dans ce cas, comment une critique de la démocratie peut-elle être légitime ?

A-t-on la possibilité voire le droit même, de remettre en cause ce qui a longtemps semblé être le mode de gouvernement, le meilleur ? Peut-on remettre en cause la légitimité de l'Etat démocratique ? Alors que ce dernier donne le plus de pouvoir et de liberté au peuple ?

« « Au fur et à mesure que le progrès de l'industrie moderne développait,élargissait, intensifiait l'antagonisme de classe entre le capital et le travail, lepouvoir d'État prenait de plus en plus le caractère d'un pouvoir public organiséaux fins d'asservissement social d'un appareil de domination d'une classe.Après chaque révolution, qui marque un progrès de la lutte des classes, lecaractère purement répressif du pouvoir d'État apparaît de façon de plus enplus ouverte» [La Guerre civile en France, p.

60-61].

La conception marxistede l'État est ici résumée dans son principe essentiel : l'État capitaliste estl'appareil de domination de la classe ouvrière par la bourgeoisie, y compris parla violence comme ce fut le cas, par exemple, durant les journées de juin1848.

Durant celles-ci, la république bourgeoise avait montré le despotismeabsolu d'une classe sur les autres classes.Ainsi, l'État n'est pas extérieur ou au-dessus de la société.

« Il est bien plutôtun produit de la société à un stade déterminé de son développement ; il estl'aveu que cette société s'empêtre dans une insoluble contradiction avec elle-même, s'étant scindée en oppositions inconciliables qu'elle est impuissante àconjurer.

Mais pour que les antagonistes, les classes aux intérêtséconomiques opposés, ne se consument pas — elles et la société — en unelutte stérile, le besoin s'impose d'un pouvoir qui, placé en apparence au-dessus de la société, doit estomper le conflit, le maintenir dans les limites del'"ordre" ; et ce pouvoir, né de la société, mais qui se place au-dessus d'elleet lui devient de plus en plus étranger, c'est l'État» [L'Origine de la famille, de la propriété privée et de l'État, p.

156].Si l'histoire de toute société jusqu'à nos jours n'a été que l'histoire des luttes des classes, pour les mêmes raisons,l'État ou les différents États qui se sont succédé dans l'histoire ont toujours été ceux de la domination d'une classesur les autres, dans le but de maintenir — souvent par la violence [Anti-Dühring, p.

208 sq.] — l'ordre social.

D'oùl'idée d'une disparition de l'État dans une société sans classe, le communisme, avec quelques difficultés sur lesmoyens d'y parvenir. • Point de vue nietzschéen: si tout individu vaut, en démocratie, autant que son voisin, on se condamne à unaffaiblissement des valeurs.

C'est la « médiocratie», la majorité ne pouvant représenter autre chose que la voixmoyenne (Socrate et le christianisme comme représentants symboliques de la mentalité démocratique).• Inefficacité des démocraties contre la montée des totalitarismes historiques (Mussolini, Hitler) qui se réclamentprécisément d'un «sursaut» devant permettre de sortir de l'avachissement de la nation.• Problème interne: jusqu'où doit aller la liberté d'expression? La démocratie, au nom de ses propres principes, a dumal à interdire les partis extrémistes. III.

Remèdes possibles — Maintenir fermement la séparation des pouvoirs (législatif, exécutif, judiciaire) de façon à garantir l'exercice librede la justice et le contrôle de l'exécutif.— En fait, les principales difficultés de la démocratie viennent de ce qu'elle suppose une éducation politiquesuffisante des citoyens.

Or celle-ci n'est jamais menée tout à fait à bien.

C'est pourtant aussi en ce sens que « nuln'est sensé ignorer la loi» (ne serait-ce que pour se défendre).C'est cet espoir mis dans la formation politique de chacun qui justifie le passage de la connotation péjorative duterme (chez Platon) au sens positif (pour les modernes): il suffit d'éduquer le démos! (Ce qui renvoie à une idéologiedes Lumières.

Cf.

Kant).

Cela devrait lui permettre de ne plus être victime de la démagogie, et de mieux comprendrela porté réelle et les dangers des thèses extrémistes.— Confiante dans le Droit, la démocratie moderne reste imparfaite et fragile.

Ne serait-ce que dans la mesure où, ausortir d'une période totalitaire, le «peuple» est impatient de goûter les avantages de la liberté civile (avantages passeulement intellectuels, également économiques).

Or le réel change moins vite que les systèmes politiques: il opposeune inertie, une lenteur dans les transformations que les discours démagogiques peuvent toujours tenter d'exploiter. Conclusion La démocratie n'est pas une solution de facilité ; elle exige au contraire de chaque citoyen lucidité et vigilance.

Maisles critiques qu'on peut lui adresser restent moins graves que celles que l'on peut faire à d'autres systèmes, parcequ'elle a au moins l'avantage de parier sur la raison humaine en même temps que sur l'égalité: que celle-ci reste àétablir, c'est peut-être ce qui confère à la démocratie sa dignité morale.. »

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