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La culture remplace-t-elle la nature ?

Publié le 25/02/2004

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Il faut comprendre que famille et village sont régis par le besoin, par la nécessité naturelle de la vie, et ne sont pas propres à l'humanité. Le cas de la « polis » est différent. « Ainsi, formée au début pour satisfaire les besoins vitaux, elle existe pour permettre de bien vivre. » Dans la « polis » se réalise tout autre chose que la simple satisfaction des besoins : sa fonction initiale (satisfaire les besoins vitaux) découvre autre chose de beaucoup plus important : non plus le vivre mais le bien vivre. Non plus la simple vie biologique mais l'accès à la vie proprement humaine, qui dépasse la sphère économique pour atteindre la sphère morale. « Car c'est le caractère propre de l'homme par rapport aux autres animaux d'être le seul à avoir le sentiment du bien et du mal, du juste et de l'injuste, et des autres notions morales, et c'est la communauté de ces sentiments qui engendre famille et cité. » Seule la cité, la « polis », transcende les simples nécessités vitales et animales et permet à l'homme d'accéder à sa pleine humanité. Elle naît de la mise en commun de ce qui est spécifiquement humain : la raison et les sentiments moraux. Ainsi les modernes ont-ils tort de parler « d'animal social » : ce qu'Aristote désigne est moins l'appartenance à une communauté quelconque, ou encore régie par des intérêts « économiques », que l'accès à une sphère autre, seulement politique, et qui permet à l'homme de s'épanouir en tant qu'homme, de viser le bonheur, d'entretenir avec les autres hommes des liens libres, libérés de tout enjeu vital. Plus étranges peuvent paraître les deux autres thèses, liées, d'Aristote, affirmant que la cité est une réalité naturelle, et surtout, qu'elle est antérieure par nature à l'individu.

La culture est la sphère de la liberté et de la raison triomphantes. En revanche, le monde de la nature est celui des instincts et de la loi du plus fort. Naute et culture obéissent à deux ordres séparés. L'un est humain. L'autre est animal. Mais, la culture ne saurait se substituer totalement à la nature. Elle n'en est que le prolongement et le perfectionnement.

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« Dans « Les structures élémentaires de la parenté », Lévi-Strauss a tenté de répondre à cette doublequestion.La première méthode, dit-il, et la plus simple pour repérer ce qui est naturel en l'homme, consisterait à l'isolerun enfant nouveau-né, et à observer pendant les premiers jours de sa naissance.

Mais une telle approches'avère peu certaine parce qu'un enfant né est déjà un enfant conditionné.

Une partie du biologique à lanaissance est déjà fortement socialisé.

En particulier les conditions de vie de la mère pendant la périodeprécédant l'accouchement constituent des conditions sociales pouvant influer sur le développement del'enfant.

On ne peut donc espérer trouver chez l'homme l'illustration de comportement préculturel.La deuxième méthode consisterait à recréer ce qui est préculturel en l'animal.

Observons les insectes.

Queconstatons-nous ? Que les conduites essentielles à la survivance de l'individu et de l'espèce sont transmiseshéréditairement.

Les instincts, l'équipement anatomique sont tout.

Nulle trace de ce qu'on pourrait appeler «le modèle culturel universel » (langage, outil, institutions sociales, et système de valeurs esthétiques, moralesou religieuses).Tournons-nous alors vers les mammifères supérieurs.

Nous constatons qu'il n'existe, au niveau du langage, desoutils, des institutions, des valeurs que de pauvres esquisses, de simples ébauches.

Même les grands singes,dit Lévi-Strauss, sont décourageants à cet égard : « Aucun obstacle anatomique n'interdit au singe d'articulerles sons du langage, et même des ensembles syllabiques, on ne peut qu'être frappé davantage par sa totaleincapacité d'attribuer aux sons émis ou entendus le caractères de signes .

» Les recherches poursuivies cesdernières décennies montret, dit Lévi-Strauss que « dans certaines limites le chimpanzé peut utiliser des outilsélémentaires et éventuellement en improviser », que « des relations temporaires de solidarité et desubordination peuvent apparaître et se défaire au sein d'un groupe donné » et enfin qu' « on peut se plaire àreconnaître dans certaines attitudes singulières l'esquisse de formes désintéressées d'activité ou decontemplation ».

Mais, ajoute Lévi-Strauss, « si tous ces phénomènes plaident par leur présence, ils sont pluséloquents encore –et dans un tout autre sens, par leur pauvreté ».

De plus, et c'est là sans doute lacaractéristique la plus importante, « la vie sociale des singes ne se prête à la formulation d'aucune norme ».A partir de cette constatation, Lévi-Strauss indique ce qui lui semble être le critère de la culture : « Partoutoù la règle se manifeste, nous savons avec certitude être à l'étage de la culture.

» Mais les règlesinstitutionnelles qui fondent la culture sont particulières et varient d'une société à l'autre.

On peut doncaffirmer que l'universel, ce qui est commun à tous les hommes, et la marque de leur nature.

C'est donc cedouble critère de la norme (règle) et de l'universalité qui permet –dans certain cas- de séparer les élémentsnaturels des éléments culturels chez l'homme : « Posons donc que tout ce qui est universel chez l'hommerelève de la nature et se caractérise par la spontanéité, que tout ce qui est astreint à une norme appartient àla culture et présente les attributs du relatif et du particulier.

» Mais ce double critère posé, nous noustrouvons confrontés avec un fait unique en son genre : la prohibition de l'inceste.

Celle-ci, en tantqu'institution relève de la règle et donc de la culture.

Mais, en même temps, elle est un phénomène universelet semble donc relever de la nature.

Une contradiction donc, un mystère redoutable : « La prohibition del'inceste possède, à la fois, l'universalité des tendances et des instincts, et le caractère coercitif des lois etdes institutions.

» L'homme est un animal politiqueC'est au second chapitre du premier livre de la « Politique » que l'onretrouve en substance la formule d'Aristote.

On traduit souvent mal endisant : l'homme est un « animal social », se méprenant sur le sens dumot « politique », qui désigne l'appartenance de l'individu à la « polis »,la cité, qui est une forme spécifique de la vie politique, particulière aumonde grec.En disant de l'homme qu'il est l'animal politique au suprême degré, et enjustifiant sa position, Aristote, à la fois se fait l'écho de la traditiongrecque, reprend la conception classique de la « cité » et se démarquedes thèses de son maître Platon.Aristote veut montrer que la cité, la « polis », est le lieu spécifiquementhumain, celui où seul peut s'accomplir la véritable nature de l'homme :la « polis » permet non seulement de vivre mais de « bien vivre ».

Ilaffirme de même que la cité est une réalité naturelle antérieure àl'individu : thèse extrêmement surprenante pour un moderne, et queHobbes & Rousseau voudront réfuter, puisqu'elle signifie que l'individun'a pas d'existence autonome et indépendante, mais appartientnaturellement à une communauté politique qui lui est « supérieure ».Enfin Aristote tente de différencier les rapports d'autorité qui se fontjour dans la famille, le village, l'Etat, et enfin la cité proprement dite.. »

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