Dans la fable « le Villageois et le serpent », La Fontaine a écrit : « Il est bon d'être charitable — mais envers qui ? C'est là le point.» Approuvez-vous cette restriction mise par le poète à la pratique de la charité ?

On ne peut que l'approuver. Il est certain qu'il est non seulement inutile, mais encore nuisible de faire la charité à des mendiants professionnels : on les encourage dans la paresse et l'hypocrisie, et l'on prive les vrais pauvres de l'argent qu'on n'a plus à leur donner. On peut même dire qu'il est fâcheux être charitable sans discernement, même envers de vrais pauvres; certains pauvres, sans l'être par profession, le sont, du moins en partie, par leurs fautes, par des défauts dont ils ne sauront pas se corriger. Mieux vaut secourir ceux qui sont victimes de maux dont ils ne sont pas la cause et qui seront capables de se relever. Ajoutons seulement qu'il vaut mieux pécher par excès de charité que de prendre prétexte des faux pauvres ou des pauvres coupables pour ne rien donner. Remarquons que ce sujet aurait fort bien pu être donné sous cette forme : « Que pensez-vous de la charité? » C'est vous qui auriez eu à en faire l'éloge en songeant aux restrictions. que le texte précédent vous demandait explicitement de discuter.