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Dans quelle mesure peut-on se libérer du passé ?

Publié le 02/01/2004

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L'idée de " se libérer " du passé implique que d'une certaine manière nous sommes prisonniers de notre passé. Comment comprendre cette idée du passé comme prison, qui ne va pas de soi (puisque, après tout, le passé est le passé, il n'existe plus) ? En quel sens peut-on ou doit-on s'en libérer ? Si le passé joue un rôle de modèle, la vie ou le présent est réduit à une répétition. Le passé joue un rôle de déterminisme pour qui n'arrive pas à s'en libérer. Dans quelle mesure le passé est-il la marque de ce que nous sommes, et dans quelle mesure pouvons-nous dépasser notre passé ? En quel sens l'homme peut-il "revenir" sur son passé pour s'en libérer ? Se libérer, est-ce revenir sur son passé ? Est-ce l'oublier ? La psychanalyse ne nous aide-t-elle pas au contraire à nous libérer du passé par sa compréhension, son acceptation ? Le passé n'est-il pas donné une fois pour toutes, ce sur quoi l'on aurait d'autant moins de prise et qui aurait donc d'autant plus de poids et d'influence qu'il n'existerait plus, qu'on ne pourrait pas revenir sur lui ?
1. Le passé possède une irrésistible force contraignante.
2. Les techniques de libération du passé.
3. Il est possible mais pas nécessairement souhaitable de se libérer du passé. 

« [On peut se libérer du passé] Le poids du passé n'est pas fatalCertes, les événements du passé ont eu une influence sur notre présent.

Les choix de mes aïeux, les événements que je vis pendant l'enfance ont desrépercussions sur ma situation actuelle.

T outefois, cette influence n'est aucunement une fatalité.

Sartre montrera que le sens de mon passé dépend demes actes présents. La signification du passé est étroitement dépendante de mon projet présent.

Cela ne signifie nullement que jepuis faire varier au gré de mes caprices le sens de mes actes antérieurs; mais, bien au contraire, que le projetfondamental que je suis décide absolument de la signification que peut avoir pour moi et pour les autres le passéque j'ai à être.

Moi seul en effet peux décider à chaque moment de la portée du passé: non pas en discutant, endélibérant et en appréciant en chaque cas l'importance de tel ou tel événement antérieur, mais en me « pro-jetant » vers mes buts, je sauve le passé avec moi et je décide par l'action de sa signification.

Cette crisemystique de ma quinzième année, qui décidera si elle « a été » pur accident de puberté ou au contraire premiersigne d'une conversion future? Moi, selon que je déciderai - à vingt ans, à trente ans - de me convertir.

Le projetde conversion confère d'un seul coup à une crise d'adolescence la valeur d'une prémonition que je n'avais pasprise au sérieux.

Qui décidera si le séjour en prison que j'ai fait, après un vol, a été fructueux ou déplorable? Moi,selon que je renonce à voler ou que je m'endurcis.

Qui peut décider de la valeur d'enseignement d'un voyage, dela sincérité d'un serment d'amour, de la pureté d'une intention passée, etc.

? C'est moi, toujours moi, selon lesfins par lesquelles je les éclaire. Conseils pratiques. • N'oubliez pas que Sartre dans toute son oeuvre, donne à voir l'univers de la liberté humaine.

C hez lui, j'existeet je suis libre se présentent comme deux propositions rigoureusement équivalentes.

Il y a, en un sens, identitéde l'existence et de la liberté.

Ce qui signifie que même le passé ne saurait se constituer c omme un donnéopaque me gouvernant et régissant ma vie.

La liberté est ce pouvoir de rompre la chaîne infinie des causes etdes effets...

A moi de décider et de choisir... • Définir c lairement les termes ou expressions importantes : ~ Passé : Il désigne, selon une définition générale, une dimension du temps écoulé, en tant qu'il n'est plus là et exprime une irréversibilitéabsolue.Chez Sartre, le pass é se définit c omme un « pour-soi noyé par l'en-soi », à savoir une manière d'être de l'existant humain figée dans ce qui est, demanière stable.~ Projet : aspec t de la consc ience humaine, toujours en avant d'elle-même, vers l'avenir.~ Se projeter vers : se transcender, au-delà de soi-même, dans le monde, dans la temporalité, vers le futur.~ Projet fondamental : projet originel c ommandant nos déterminations particulières .

Choix par lequel c haque personne se fait pers onne.

Un choixunique de notre vie unifierait, en effet, nos choix particuliers et informerait toutes nos actions et tous nos goûts.~ Projet prés ent : libre production de la fin, censée exister dans le moment où je parle.~ Signe : élément représentant ou symbolisant un élément futur.

Donné gros d'autre chose que lui-même.~ Fin : but vers lequel je tends. • Structure du texte : Dans un premier mouvement, la pensée de Sartre est théorique.

T hèse sur la signification du passé humain, sur le caractère choisi et c onstruit dupassé.

Ensuite, une série d'exemples nous est prés entée.

Passage de l'abstrait au concret, de l'élucidation philosophique à l'illustration c oncrète. 1) « La signification du passé ...

sa signification » : mon « projet originel » et mon projet prés ent décident de la signification de mon passé, lequeln'est donc pas un bloc figé.a) « La signification...

projet présent » : énonc é de la thèse générale, selon laquelle le passé est informé par le présent.b) « Cela...

j'ai à être » : c e ne sont pas des déterminations arbitraires et fantais istes qui décident de mon pas sé, mais bien mon projet originel.c) « Moi seul...

signification » : ma projection permanente vers le futur déc ide de mon passé.2) « Cette crise mystique...

je les éclaire » : les exemples illustrent la thèse générale énoncée.a) « Cette crise mystique...au sérieux » : exemple d'une crise mystique, d'une phase critique où j'ai eu le s entiment d'entrer en rapport direct avecDieu.

A moi de lui donner un sens à travers mon projet présent.b) « Qui décidera...

m'endurc is » : exemple d'un moment dont je construis perpétuellement le sens (le séjour en prison).c) « Qui peut...

éclaire » : ce sont les buts vers lesquels je tends qui éclairent les diverses modalités de mon pas sé (voyages, serment d'amour).• Quelle est l'idée directrice du texte ? Le présent, le futur et le « projet fondamental » de mon existence décident du sens du pass é, lequel n'estpas un bloc figé, mais une perpétuelle transformation.• Le problème s oulevé par le texte : si le passé pèse sur moi, tel un ensemble de déterminismes, ou bien s'il est une matière pour la libertéhumaine.

Le passé, obstac le ou organe d'une liberté ?• Quel es t l'enjeu du texte, c e qu'il me fait gagner ou perdre, théoriquement et pratiquement ? S'il s'avère que je décide librement, dans l'instantprésent, de mon pas sé, alors je redécouvre le champ de ma liberté et de ma pratique dans le monde, la sphère des infinis possibles.

Si l'analyse deSartre est exacte, alors rien ne me structure de manière définitive et je décide seul de mon des tin et de ma vie.

Loin d'être opacité, le passé estorgane de ma liberté et je puis donc échapper à tout ce qui tend à me figer en « essenc e ».• Quant à l'intérêt philosophique : ces lignes me renvoient à la liberté du sujet pleinement responsable de lui-même.

Leur intérêt est de merecentrer sur ma totale responsabilité et sur mon choix. On peut rejeter les traditions injustesA la Révolution française, les hommes du XVIIIe siècle ont mis fin à un régime féodal qui durait depuis des siècles et ont instauré de nouveauxprincipes de gouvernement.

En 1989, les Berlinois ont détruit le Mur qui divisait leur ville, donnant le signal de l'effondrement des régimescommunistes en Europe.

O n peut toujours se libérer du poids d'un passé injus te.

Les hommes dotés de liberté ont leur des tin en main.L'homme est capable de procéder à des inventions techniques, à des progrès dans les sciences, à des réformes ou à des révolutions dans lesdomaines politique et éthique.

Introduire de la nouveauté est toujours possible grâce aux efforts de l'imagination ou du savoir, et c'est ainsi quel'emprise du pas sé peut être dépassée. Toutefois, cette dis cussion laisse indiscuté le prés upposé majeur de la question.

Si l'on s'interroge s ur la possibilité de s'affranchir du passé, c'estqu'implicitement on le considère c omme un obstacle ou comme une limite à la liberté.

Il faut donc à présent aussi s e demander si le passé estnécessairement une prison. On peut surmonter un passé malheureuxDu point de vue de l'histoire personnelle, l'individu peut se libérer, comme l'a montré Freud, des événements traumatiques qu'il a vécus durant sonenfanc e et qui l'empêc hent d'être heureux.

La c ure psychanalytique, en favorisant la prise de conscience de tels événements et la compréhension del'angoisse' qu'ils provoquent, permet de les surmonter pour s'en libérer.. »

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