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Dans quelle mesure peut-on se libérer du passé ?

Publié le 30/01/2004

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L'idée de "se libérer" du passé implique que d'une certaine manière nous sommes prisonniers de notre passé. Comment comprendre cette idée du passé comme prison, qui ne va pas de soi (puisque, après tout, le passé est le passé, il n'existe plus) ? En quel sens peut-on ou doit-on s'en libérer ? Si le passé joue un rôle de modèle, la vie ou le présent est réduit à une répétition. Le passé joue un rôle de déterminisme pour qui n'arrive pas à s'en libérer. Dans quelle mesure le passé est-il la marque de ce que nous sommes, et dans quelle mesure pouvons-nous dépasser notre passé ? En quel sens l'homme peut-il "revenir" sur son passé pour s'en libérer ? Se libérer, est-ce revenir sur son passé ? Est-ce l'oublier ? La psychanalyse ne nous aide-t-elle pas au contraire à nous libérer du passé par sa compréhension, son acceptation ? Le passé n'est-il pas donné une fois pour toutes, ce sur quoi l'on aurait d'autant moins de prise et qui aurait donc d'autant plus de poids et d'influence qu'il n'existerait plus, qu'on ne pourrait pas revenir sur lui ? Références utiles : Nietzsche, Deuxièmes Considérations inactuelles, "De l'utilité de l'histoire" ; Sartre, L'Être et le Néant, "Le passé comme projet".

« enfance et qui l'empêc hent d'être heureux.

La c ure psychanalytique, en favorisant la prise de conscience de tels événements et la compréhension del'angoisse' qu'ils provoquent, permet de les surmonter pour s'en libérer. Dans la trente et unième des « Nouvelles conférences d'introduction à la psychanalyse » (1932), intitulé « La décomposition de la personnalité psychique », Freud décrit le but du traitement psychanalytique par cette formule : « Là où « çà » était, « je » dois devenir », où le « ça » représente l'inconscient.

Il est remarquable que la traduction de la phrase allemande ait prêté à c ontroverses. Pour comprendre l'enjeu de cette phrase, il faut garder à l'esprit que la psychanalyse, avant d'être une discipline, voire une science, est avant tout une thérapie, une faç on de guérir des patients. Dans notre texte, Freud affirme « C'est que l'être humain tombe malade en raison du conflit entre les revendications de la vie puls ionnelle et la résistance qui s'élève en lui contre elles ».

La maladie provient d'un c onflit entre les normes « éthiques, esthétiques et sociales » et des désirs qui « semblent remonter d'un véritable enfer ». Or ces désirs censurés ne sont pas plus conscients que la censure elle-même.

Le malade subit donc un c ombatinterne dont il n'a ni la maîtrise, ni la connaissance : « La psychanalyse entreprend d'élucider ces cas morbides inquiétants, elle organise de longues et minutieuses recherches, elle se forge des notions de sec ours et desconstructions scientifiques et, finalement peut dire au moi : « il n'y a rien d'étranger qui se soit introduit en toi, c'est une part de ta propre vie psychique qui s'est soustraite à ta cons cience et à la maîtrise de ton vouloir. » En quoi consiste alors le traitement ? A traduire l'inconscient en consc ient : « On ne prête pas assez attention dans cette affaire à un point es sentiel, à savoir que le conflit pathogène des névrosés n'est pas comparable à unelutte normale que des tendances psychiques se livrent sur le même terrain [...] Il y a lutte entre des forces dontquelques-unes ont atteint la phase du [...] conscient, tandis que les autres n'ont pas dépass é la limite del'inconscient.

C 'est pourquoi le conflit ne peut aboutir que lors que les deux se retrouvent sur le même terrain.

Et je crois que la seule tâche de lathérapeutique consiste à rendre cette rencontre possible. » (« Introduction à la psychanalyse »). Le but de la cure est donc de faire que le patient, au lieu de subir un conflit dont il n'a pas la maîtrise, puisse prendre c onscience de celui-ci.

Un conflit qui existe mais n'est pas posé ne peut être résolu.

Seule la claire conscience des dés irs qui agitent le patient, et des choix qu'il doit faire entreses désirs et ses normes , peut amener à la guérison.

Supprimer le refoulement conduit à remplac er une censure dont je n'ai pas conscience, par unjugement et un choix c onscient : « En amenant l'inconscient dans la cons cience, nous supprimons les refoulements [...] nous transformons le c onflit pathogène en un conflit normal, qui, d'une manière ou d'une autre, finira bien par être résolu. » Autrement dit, la cure n'a d'autre but que de remplacer chez le patient le ç a, l'inconscient, par la consc ience.

De favoriser le jugement et le choix et d'éliminer un conflit vécu mais ni connu ni maîtrisé.

Le psychanalyste n'a donc pas à trancher le conflit à la place de son patient, ni à transformercelui-ci.

A l'inverse, il doit permettre à ce dernier sa propre reprise en main.

Là où le patient était un individu s cindé, déchiré entre cons cience etinconscient , la cure devrait favoris er une réunification du sujet. « Vous vous étiez fait de la guérison du nerveux une autre idée, vous vous étiez figuré, qu'après s'être soumis au travail pénible d'une psychanalyse, il deviendrait un autre homme ; et voilà que je viens vous dire que sa guérison consiste en ce qu'il a un peu plus de conscient et un peumoins d'inconscient qu'auparavant ! Or, vous sous-es timez certainement l'importance d'un c hangement intérieur de cet ordre. » Le but du traitement analytique tel que le déc rit Freud est de rendre au sujet, déchiré par un conflit dont il n'a pas conscienc e, la maîtrise de soi.

Loin que la psychanalyse soit une apologie de l'inconscient, elle s'ass igne comme but la promotion du sujet, de la conscience, et la réduction du ça, del'inconscient.

Ni confess eur, ni gourou, le psychanalyste, sachant que tout être humain est d'abord et avant tout un être scindé, déchiré,« décomposé » pour reprendre le mot de Freud , s'efforce de favoris er la recomposition du sujet et l'avènement de la maîtrise de la conscience. [On ne peut pas se libérer du passé.] Le passé détermine le présentLe présent tel que nous le c onnaissons est l'aboutissement d'une longue évolution.

Notre nationalité, notre langue,nos coutumes, nos traditions ont été forgées par des siècles d'histoire.

C haque époque a laissé ses s trates dansl'édific e du prés ent.

Les changements ne sont qu'apparents.

Les struc tures profondes restent les mêmes.

L'Histoire,comme le dit Hegel, se répète. Le passé peut ressurgirAinsi, nous subissons encore aujourd'hui les conséquences d'événements qui ont eu lieu il y a longtemps.

La guerreen ex-Y ougoslavie, par exemple, était le résultat de conflits et d'antagonismes qui remontent au M oyen Age.

EnFrance, on réexamine l'his toire du régime de Vichy près de 50 ans après les faits.

L'on ne peut occulter le passé.

T ôtou tard, il ressurgit. Le passé nous marqueDe même, les événements qui affectent notre vie personnelle nous marquent et nous transforment, en particulierlorsqu'ils nous caus ent des souffrances.

U n enfant mal-aimé, abandonné ou battu aura toutes les peines du monde àretrouver une existenc e normale.

Celui qui a vécu des deuils ou des événements traumatiques sait que l'on ne peutse libérer d'un passé tragique.. »

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