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Dans quelle mesure pourriez-vous accepter et dans quel sens jugeriez-vous bon de modifier ces paroles de Sartre évoquant la comédie de Molière ? « ...C'est l'élite tout entière qui opère, au nom de sa morale, les nettoyages et les purges nécessaires à sa santé; ce n'est jamais d'un point de vue extérieur à la classe dirigeante qu'on moque les Marquis ridicules ou les Plaideurs ou les Précieuses; il s'agit toujours de ces originaux inassimilables par une société policée et qui vivent

Publié le 03/03/2011

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   Le sujet porte sur Molière (bien que « les Plaideurs «, dans le texte de M. Jean-Paul Sartre, montre que celui-ci pense à la comédie du XVIIe siècle en général). On vous invite à une discussion : dans quelle mesure pourriez-vous accepter? c'est-à-dire le jugement, en fait, vous paraît-il vrai? dans quel sens jugeriez-vous bon de modifier? c'est-à-dire le jugement vous paraît-il complet? ne faut-il pas l'élargir, le dépasser?

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« b) Le Misanthrope.

Alceste, trop franc, manque à la politesse et aux bienséances; trop égocentriste, il pèche contrel'idéal de l'honnête homme.

Célimène choque aussi la bienséance, moins par sa coquetterie précieuse que par lescandale mondain qu'elle cause lorsque les événements tournent contre elle.

Arsinoé est trop prude, doncsocialement désagréable par sa médisance.

Oronte sort de sa dignité de grand seigneur par ses prétentionslittéraires.

La fatuité des marquis les rend peu galants et peu discrets, ce ne sont pas d'honnêtes gens. FEUILLE 2 : Derrière ces critiques, on aperçoit l'idéal de la classe dirigeante, a) Celui des bourgeois : ne pas sortir deson rang; ne pas se perdre dans des raffinements intellectuels ou sociaux inutiles et dangereux; la femme doit êtreune bonne épouse, une bonne mère, s'occuper de la famille, b) Celui des nobles : la politesse et la bienséance;l'honnête homme; la peur du scandale. FEUILLE 3 : Pensons aux critiques de « l'extérieur » que méritent ces deux formes de société, critiques adresséeseffectivement par Rousseau qui se retrouve dans Alceste : oisifs hypocrites, enfants gâtés de la fortune, méchantspar désœuvrement dans un milieu mondain où l'on étouffe, voilà les nobles; et qu'eût pu dire Beaumarchais d'unejustice qui tolère un procès comme celui d'Alceste? Quant aux bourgeois, ils sont bornés intellectuellement,étroitement braqués sur leur confort, ils ressemblent déjà à leur caricature dans la littérature des XIXe et XXesiècles.

FEUILLE 4 : Au lieu de ces critiques, Molière semble vouloir réprimer les originalités, ramener les anormaux auconformisme de leur classe en les rendant ridicules.

Les Précieuses devront se marier bourgeoisement et faire lasoupe, au lieu de se cultiver.

Alceste ira au désert ou apprendra à ne pas dire ce qu'il pense.

Célimène, aprèsquelque mise en quarantaine, sera réintégrée dans le monde si elle apprend à couvrir ses coquetteries; Oronteabandonnera la littérature, etc. FEUILLE 5 : Ces conclusions sont incontestables.

Il est incontestable aussi qu'il n'y a chez Molière aucune critiquede classe au sens moderne, car c'était inconcevable à son époque.

Il peut paraître néanmoins exagéré de faire deMolière le chien de garde de la classe dirigeante.

Même si Alceste est ridicule et finalement condamné, il témoignebien contre sa classe, et Rousseau l'a bien vu.

Arsinoé prend une autre dimension sociale, si on pense que c'est unTartuffe femelle, et Molière se révolte bien contre le parti des dévots qui est un sous-produit des classesdirigeantes dans leur lutte pour l'influence et la richesse.

Le bourgeois Molière met aussi en lumière la bêtise,l'obstination, l'étroitesse intellectuelle de sa classe (on peut élargir ces remarques par des allusions à Dom Juan pourla noblesse, à Tartuffe, aux Femmes savantes pour la bourgeoisie). FEUILLE 6 : On peut aussi se demander s'il est juste de juger Molière du point de vue de la conscience de classe.

Sacritique dépasse ce point de vue tout moderne.

Elle se fonde sur d'autres valeurs que les valeurs sociales, parexemple des valeurs personnelles (dans Le Misanthrope, il y a un drame d'amour, qu'a peut-être vécu Molière, et quiexplique aussi les personnages d'Alceste et de Célimène), des valeurs philosophiques et humanistes comme le bonsens, l'art de vivre raisonnable, l'épicurisme, et même des valeurs de « révolte » comme dirait Camus : haine del'hypocrisie, de la bêtise, de la cruauté et du despotisme moral.. »

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