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Est-ce dans la solitude que l'homme peut prendre conscience de lui même ?

Publié le 01/09/2005

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Or, pour cet effet, il ne sera pas nécessaire que je montre qu'elles sont toutes fausses, de quoi peut-être je ne viendrais jamais à bout. Mais, d'autant que la raison me persuade déjà que je ne dois pas moins soigneusement m'empêcher de donner créance aux choses qui ne sont pas entièrement certaines et indubitables qu'à celles qui me paraissent manifestement être fausses, ce me sera assez pour les rejeter toutes, si je puis trouver en chacune quelque raison de douter. Et pour cela il ne sera pas aussi besoin que je les examine chacune en particulier, ce qui serait d'un travail infini; mais, parce que la ruine des fondements entraîne nécessairement avec soi tout le reste de l'édifice, je m'attaquerai d'abord aux principes sur lesquels toutes mes anciennes opinions étaient appuyées.  Une première piste pourrait consister à s'intéresser à la démarche du doute cartésien, qui a lieu dans un état de solitude. Cette solitude dans laquelle Descartes se retranche pour examiner et remettre en cause la validité de ses opinions n'est que relative et momentanée, mais elle devient une solitude absolue dans l'ordre de la pensée : en effet, par le doute, Descartes s'abstrait totalement de tout ce qui l'entoure, puisque, considérant que ses sens sont trompeurs, celui-ci doute de tout ce qu'il perçoit grâce à eux : le monde extérieur, les autres hommes, et même lui-même dans une certaine mesure. Il accède ainsi à une conscience de soi particulière, parce qu'elle vaut pour tout individu abstrait et pas seulement pour lui-même ; Descartes apporte donc une réponse assez paradoxale au sujet : la solitude absolue lui permet une prise de conscience de soi, mais le « soi » concerné n'est pas le soi unique de l'individu mais un soi abstrait qui concerne chacun. Cela amène à demander s'il n'est pas nécessaire de s'inclure dans le monde, d'éprouver le rapport aux autres, et donc de refuser la solitude, pour prendre conscience de nous-mêmes non pas en tant que conscience abstraite mais en tant qu'individus uniques inclus d'une manière elle aussi unique dans le monde. * Rapport aux autres et prise de conscience de soi Marx « Plus on remonte dans le cours de l'histoire, plus l'individu - et par suite l'individu producteur lui aussi - apparaît dans un état de dépendance, membre d'un ensemble plus grand : cet état se manifeste tout d'abord de façon tout à fait naturelle dans la famille et dans la famille élargie jusqu'à former la tribu ; puis dans les différentes formes de communautés, issues de l'opposition et de la fusion des tribus. Ce n'est qu'au dix-huitième siècle, dans la "société bourgeoise", que les différentes formes de l'ensemble social se présentent à l'individu comme un simple moyen de réaliser ses buts particuliers, comme une nécessité extérieure. Mais l'époque qui engendre ce point de vue, celui de l'individu isolé, est précisément celle ou les rapports sociaux (revêtant de ce point de vue un caractère général) ont atteint le plus grand développement qu'ils aient connu.
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« la solitude absolue lui permet une prise de conscience de soi, mais le « soi » concerné n'est pas le soi unique del'individu mais un soi abstrait qui concerne chacun. Cela amène à demander s'il n'est pas nécessaire de s'inclure dans le monde, d'éprouver le rapport aux autres, etdonc de refuser la solitude, pour prendre conscience de nous-mêmes non pas en tant que conscience abstraite maisen tant qu'individus uniques inclus d'une manière elle aussi unique dans le monde. * Rapport aux autres et prise de conscience de soi Marx « Plus on remonte dans le cours de l'histoire, plus l'individu - et par suite l'individu producteur lui aussi - apparaîtdans un état de dépendance, membre d'un ensemble plus grand : cet état se manifeste tout d'abord de façon toutà fait naturelle dans la famille et dans la famille élargie jusqu'à former la tribu ; puis dans les différentes formes decommunautés, issues de l'opposition et de la fusion des tribus.

Ce n'est qu'au dix-huitième siècle, dans la "sociétébourgeoise", que les différentes formes de l'ensemble social se présentent à l'individu comme un simple moyen deréaliser ses buts particuliers, comme une nécessité extérieure.

Mais l'époque qui engendre ce point de vue, celui del'individu isolé, est précisément celle ou les rapports sociaux (revêtant de ce point de vue un caractère général) ontatteint le plus grand développement qu'ils aient connu.

L'homme est, au sens littéral, un animal politique, nonseulement un animal sociable, mais un animal qui ne peut s'isoler que dans la société.

La production réalisée endehors de la société par l'individu isolé - fait exceptionnel qui peut bien arriver à un civilisé transporté par hasarddans un lieu désert et qui possède déjà en puissance les forces propres à la société - est chose aussi absurde quele serait le développement du langage sans la présence d'individus vivant et parlant ensemble.

» Pour travailler la question du lien entre le rapport aux autres et la prise de conscience de soi, on peut s'interrogersur l'identité sociale de tout individu : le rapport au groupe définirait celui-ci dans une très large mesure, si bien quela solitude gommerait toute une partie de la conscience de soi de l'individu.

Pour prendre conscience de soi commeindividu distinct, séparé des autres, il faut nécessairement que les autres existent – par exemple parce que pourm'identifier je dois acquérir le langage, qui nécessite le rapport avec l'autre.

Seul un être pris dans un réseau derelations avec les autres peut finalement dire « je », et par là avoir conscience de lui-même. * Une définition dynamique de la conscience comme rapport au monde Sartre « La conscience et le monde sont donnés d'un même coup : extérieur paressence à la conscience, le monde est, par essence, contraire à elle.

[...]Connaître, c'est s'éclater vers », s'arracher à la moite intimité gastrique pourfiler, là-bas, par-delà soi, vers ce qui n'est pas soi, là-bas, près de l'arbre etcependant hors de lui, car il m'échappe et me repousse et je ne peux pas plusme perdre en lui qu'il ne se peut diluer en moi : hors de lui, hors de moi.

Est-ce que vous ne reconnaissez pas dans cette description vos exigences et vospressentiments ? Vous saviez bien que l'arbre n'était pas vous, que vous nepouviez pas le faire entrer dans vos estomacs sombres, et que laconnaissance ne pouvait pas, sans malhonnêteté, se comparer à lapossession.

Du même coup, la conscience s'est purifiée, elle est claire commeun grand vent, il n'y a plus rien en elle, sauf un mouvement pour se fuir, unglissement hors de soi ; si, par impossible, vous entriez « dans » uneconscience, vous seriez saisi par un tourbillon et rejeté au dehors, près del'arbre, en pleine poussière, car la conscience n'a pas de « dedans » ; ellen'est rien que le dehors d'elle-même et c'est cette fuite absolue, ce refusd'être substance qui la constituent comme une conscience.

Imaginez àprésent une suite liée d'éclatements qui nous arrachent à nous-mêmes, qui nelaissent même pas à un nous-mêmes » le loisir de se former derrière eux, maisqui nous jettent au contraire au-delà d'eux, dans la poussière sèche dumonde, sur la terre rude, parmi les choses ; imaginez que nous sommes ainsi rejetés, délaissés par notre naturemême dans un monde indifférent, hostile et rétif ; vous aurez saisi le sens profond de la découverte que Husserlexprime dans cette fameuse phrase : Toute conscience est conscience de quelque chose.

» Il n'en faut pas pluspour mettre un terme à la philosophie douillette de l'immanence, où tout se fait par compromis, échangesprotoplasmiques, par une tiède chimie cellulaire.

La philosophie de la transcendance nous jette sur la grand'route, aumilieu des menaces, sous une aveuglante lumière.

Être, dit Heidegger, c'est être-dans-le-monde.

Comprenez cet «être dans au sens du mouvement.

Être, c'est éclater dans le monde, c'est partir d'un néant de monde et deconscience pour soudain s'éclater-conscience-dans-le-monde.

Que la conscience essaye de se reprendre, decoïncider enfin avec elle-même, tout au chaud, volets clos, elle s'anéantit.

Cette nécessité pour la conscienced'exister comme conscience d'autre chose que soi, Husserl la nomme intentionnalité.

» La conception marxiste amène à envisager une conception de la conscience de soi non pas comme un simplecontenu de représentations – qui pourrait exiger un état de solitude pour l'examiner au calme – mais comme unrapport toujours renouvelé au monde qui nous entoure.

La conception sartrienne de la conscience comme activitédynamique rend ainsi impossible de concevoir quelque chose comme une vie intérieure de la conscience qu'il faudrait. »

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