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dans son être intime, et celui-ci est ce qui liai est le plus immédiatement accessible.

Publié le 23/10/2012

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dans son être intime, et celui-ci est ce qui liai est le plus immédiatement accessible. Aussi est-ce là seulement qu'il peut espérer trouver la clé de l'énigme du monde, et le fil unique qui lui permette de saisir l'essence des choses. (Monde, II, 311-13.) 3. EXPÉRIENCE EXTERNE ET EXPÉRIENCE INTERNE L'objet de la métaphysique n'est pas l'examen de certaines expériences particulières, mais elle se propose d'expliquer correctement l'expérience dans son ensemble... La source de la métaphysique n'est pas seulement l'expérience externe, mais également l'expérience interne ; le propre même de la métaphysique, ce qui lui permet de faire le pas décisif vers la solution du grand problème, c'est, qu'au point convenable elle sache combiner l'expérience externe avec l'expérience interne, et qu'elle fasse de celle-ci la clé de celle-là. (Monde, II, 315-16.) 4. SIGNIFICATION ET PORTÉE DE LA MÉTAPHYSIQUE Et bien que personne ne puisse connaître la chose en soi à travers l'enveloppe des formes de l'intuition, d'autre part pourtant chacun porte cette chose en soi ; bien plus, chacun est cette chose ; aussi doit-elle nous être accessible, bien que d'une manière conditionnée, dans quelque partie de notre conscience. Donc le pont qui permet à la métaphysique de dépasser l'expérience n'est autre chose que l'analyse de l'expérience et la distinction entre le phénomène et la chose en soi, distinction où j'ai vu le plus sérieux mérite de Kant, car elle implique la notion d'un noyau du phénomène, distinct du phénomène. Ce noyau ne peut jamais sans doute être complètement détaché du phénomène et être considéré en lui-même comme un ens extramundanum ; il ne sera jamais connu que dans ses rapports au phénomène lui-même. Mais l'interprétation et l'explication du phénomène dans ses relations à son noyau intime, peut nous donner sur celui-ci des renseignements qui autrement n'auraient jamais pénétré dans la conscience. En ce sens donc, la métaphysique dépasse la nature pour atteindre à ce qui est caché dans elle ou tierriere elle, mais elle ne consulere cet élément caché que comme apparaissant dans la nature et non indépendamment de tout phénomène; elle demeure donc immanente, non transcendante. Et en effet elle ne se détache jamais entièrement de l'expérience ; elle en est la simple explication et interprétation, puisqu'elle ne parle de la chose en soi que dans ses rapports avec le phénomène. Du moins est-ce dans cet esprit que j'ai cherché à résoudre le problème de la métaphysique, en ne perdant jamais de vue les limites assignées par Kant à la connaissance humaine. C'est pourquoi je tiens pour vrais ses Prolégomènes à toute métaphysique, et les fais miens. La métaphysique ne dépasse donc réellement pas l'expérience ; elle ne fait que nous ouvrir la véritable intelligence du monde qui s'y révèle. La métaphysique n'est pas une science établie à l'aide de purs concepts, définition que Kant lui-même a reproduite plusieurs fois ; elle n'est pas non plus un système de déductions opérées sur des principes a priori, Kant ayant fort bien montré que ces principes ne peuvent pas servir à la fin que se propose la métaphysique. Elle est un savoir, ayant sa source dans l'intuition du monde extérieur réel et dans les renseignements que nous révèle à son sujet le fait le plus intime de notre conscience, savoir qui est ensuite déposé dans des concepts précis. Elle est par conséquent une science d'expérience ; seulement son objet et sa source ne doivent pas être recherchés dans les expériences particulières, mais dans l'ensemble de l'expérience considérée en ce qu'elle a de général. Je laisse ainsi subsister intacte la doctrine de Kant, suivant laquelle le monde de l'expérience est un pur phénomène, auquel seul sont applicables les connaissances a priori ; mais j'y ajoute ceci, que précisément comme phénomène, ce monde est la manifestation de la chose qui y apparaît et que j'appelle avec lui la chose en soi. Cette chose doit imprimer son essence et son caractère dans le monde de l'expérience ; en interprétant cette expérience, dans sa matière bien entendu et non pas seulement dans sa forme, il doit être possible d'y retrouver l'empreinte de la chose en soi. La philosophie n'est donc que l'intelligence exacte et universelle de l'expérience même, l'explication vraie de son sens et de son contenu. Ce contenu, c'est la chose métaphysique, dont le phénomène n'est que le vêtement et l'enveloppe, et cette chose est au phénomène ce que la pensée est aux mots. Un tel déchiffrement du monde dans ses rapports à ce qui y apparaît doit trouver sa confirmation en lui-même, dans l'unité qu'il établit entre les phénomènes si divers de la nature, unité qu'on n'apercevrait pas sans lui. Lorsqu'on se trouve en présence d'une écriture dont l'alphabet est inconnu, on poursuit les essais d'explication jusqu'à ce qu'on soit arrivé à une combinaison donnant des mots intelligibles et des phrases cohérentes. Alors aucun doute ne demeure sur l'exactitude du déchiffrement ; car il n'est pas possible d'admettre que l'unité établie entre tous les signes de l'écriture soit l'oeuvre d'un pur hasard, et qu'elle pût être réalisée en donnant aux diverses lettres une valeur tout autre. D'une manière analogue, le déchiffrement du monde doit porter sa confirmation en lui-même. Il doit répandre une lumière égale sur tous les phénomènes du monde et accorder ensemble les plus hétérogènes, de sorte que toute opposition disparaisse entre les plus divers. Cette confirmation intrinsèque est le critérium de l'interprétation. Car tout déchiffrement faux pourra bien convenir à certains phénomènes, mais il se trouvera en contradiction flagrante avec le reste... Et comme toutes mes théories sont traversées par une pensée principale que j'applique en guise de clé à tous les phénomènes du monde, cette pensée se trouve être l'alphabet vrai dont l'application donne aux mots et aux phrases un sens, une signification. La solution d'une énigme est vraie quand elle convient à tout ce qu'énonce cette énigme. C'est ainsi que ma doctrine met de l'unité et de l'ordre dans le chaos confus et divers des phénomènes, et résout les contradictions nombreuses que présente cette diversité, quand on la considère de tout autre point de vue. Elle ressemble donc à un calcul dont le dernier terme est trouvé ; je n'entends pourtant pas dire par là qu'elle ne laisse plus aucun problème à résoudre, et qu'elle ait fourni une réponse à toute question. Une telle affirmation équivaudrait à la négation téméraire des limites de la connaissance humaine en général. Quelque flambeau que nous allumions, quelque espace qu'il éclaire, notre horizon demeurera toujours enveloppé d'une nuit profonde. Car la solution dernière de l'énigme du monde

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