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David HUME: Le nécessaire et le contingent.

Publié le 05/04/2005

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hume
Tout ce qui est peut ne pas être. Il n'y a pas de fait dont la négation implique contradiction. L'inexistence d'un être, sans exception, est une idée aussi claire et aussi distincte que son existence. La proposition, qui affirme qu'il n'existe pas, même si elle est fausse, ne se conçoit et ne s'entend pas moins que celle qui affirme qu'il existe. Le cas est différent pour les sciences proprement dites. Toute proposition qui n'est pas vraie y est confuse et inintelligible. La racine cubique de 64 est égale à la moitié de 10, c'est une proposition fausse et l'on ne peut jamais la concevoir distinctement. Mais César n'a jamais existé, ou l'ange Gabriel, ou un être quelconque n'ont jamais existé, ce sont peut-être des propositions fausses, mais on peut pourtant les concevoir parfaitement et elles n'impliquent aucune contradiction. On peut donc seulement prouver l'existence d'un être par des arguments tirés de sa cause ou de son effet; et ces arguments se fondent entièrement sur l'expérience. Si nous raisonnons a priori, n'importe quoi peut paraître capable de produire n'importe quoi. La chute d'un galet peut, pour autant que nous le sachions, éteindre le soleil; ou le désir d'un homme gouverner les planètes dans leurs orbites. C'est seulement l'expérience qui nous apprend la nature et les limites de la cause et de l'effet et nous rend capables d'inférer l'existence d'un objet de celle d'un autre. David HUME1e partie du texte -> Hume distingue le nécessaire du contingent (« Tout ce qui... confuse et inintelligible.») et donne des exemples de cette opposition logique («La racine... contradiction.»). 2e partie du texte -> il en déduit immédiatement sa thèse (« On peut donc... sur l'expérience. »), qu'il illustre par quelques cas concrets («Si nous... leurs orbites.») avant de la rappeler («C'est seulement... d'un autre.»).
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« Transition Aucun fait n'est contradictoire avec un autre, même s'il ne peut à la fois exister et ne pas exister.

Deuxpropositions portant sur l'existence ou l'inexistence d'un être peuvent donc s'opposer sans contradiction cardans l'expérience toute chose peut exister ou ne pas exister indifféremment – toute existence est possible.

Lesvérités portant sur l'existence ne relèvent pas de la logique.

Quel est donc le domaine où la vérité relève de laseule logique et est soumise au principe de la non-contradiction? 2.

Le cas des mathématiques doit être distingué de celui des sciences expérimentales Dans la deuxième partie du texte, qui va jusqu'à «...

elles n'impliquent aucune contradiction», l'auteur opposedeux types d'exemples: l'un mathématique, les deux autres relatifs à l'existence supposée d'êtres différents.«Le cas est différent pour les sciences proprement dites.» Les sciences qui ne portent pas sur l'existence sontdonc, selon Hume, «les sciences proprement dites» – ce qui exclut toutes les disciplines scientifiques enrapport avec l'expérience, à commencer par ce que l'on appelle pourtant couramment les «sciences»physiques.Restent les mathématiques et la logique.

D'où l'exemple choisi par Hume: «La racine cubique de 64 est égale àla moitié de 10, c'est une proposition fausse et l'on ne peut jamais la concevoir distinctement.» Cetteproposition est «fausse», de même qu'est fausse la proposition «César n'existe pas» ou encore «l'ange Gabrielexiste», mais elle n'est pas fausse pour les mêmes raisons: sa fausseté ne relève pas en effet d'une absencede correspondance avec les faits, elle n'est pas d'ordre «matériel».

Cette proposition mathématique est fausselogiquement, sans référence à une quelconque expérience, mais par simple calcul rationnel, car la racinecubique de 64 est 4 et non pas 5.

On ne peut donc «concevoir distinctement» cette proposition parce qu'ellene peut être distinguée d'une autre dans un contexte mathématique, comme on peut distinguer au contrairedeux propositions vraies, telles que «la racine cubique de 64 est 4» et «la racine cubique de 125 est 5».La fausseté, dans les «sciences proprement dites», sciences purement abstraites, implique donc contradiction:il n'est pas concevable sans contradiction avec les règles élémentaires de la pensée que 4 équivaille à 5.

Celan'est donc pas concevable «distinctement».Or on peut au contraire affirmer sans contradiction que César n'a jamais existé, même si des faits historiqueset des témoignages affirment le contraire – même si c'est faux par conséquent du point de vue de l'expérience.De la même façon, on peut prétendre à tort que l'ange Gabriel existe.

Cela n'est pas pour autant illogique oucontradictoire.TransitionContrairement aux vérités mathématiques, les propositions portant sur l'existence ou l'inexistence d'un être nerelèvent pas de la logique.

De quoi dépend donc la vérité en ce domaine? 3.

«On peut seulement prouver l'existence d'un être par des arguments tirés de sa cause ou de soneffet» La réponse à cette question se trouve dans la troisième et dernière partie du texte: «On peut seulementprouver l'existence d'un être par des arguments tirés de sa cause ou de son effet; et ces arguments sefondent entièrement sur l'expérience.» En d'autres termes, l'existence d'un être fait l'objet d'une argumentationa posteriori.

Par ailleurs, l'expérience dont elle est tirée est relative à la causalité.

En effet, César en 49-45avant Jésus-Christ franchit le Rubicon, entra à Rome et provoqua une guerre civile – autant d'effets qui ontlaissé une trace historique de son existence.

Plus généralement, un être vivant existe s'il a pour cause unautre être vivant ayant été capable de l'engendrer et s'il a laissé des traces visibles de son passage sur terre.Au même titre un phénomène existe s'il est lui-même l'effet d'une cause et, à son tour, la cause d'un effet.

Onne peut donc prouver l'existence d'un être ou d'un phénomène que par le recours à l'expérience, jamais apriori– sans quoi «n'importe quoi peut paraître capable de produire n'importe quoi": a priori en effet, la chuted'un galet peut être la cause de l'extinction du soleil, le désir d'un homme celle du mouvement des planètes, etDieu la cause de la création du monde.

Cela n'est pas contradictoire – contraire aux règles de la pensée –,c'est seulement sans rapport avec l'expérience.

Pour cette raison – et c'est en même temps la thèse du texte:«C'est seulement l'expérience qui nous apprend la nature et les limites de la cause et de l'effet et nous rendcapables d'inférer l'existence d'un objet de celle d'un autre.»Tout d'abord, la cause et l'effet sont par «nature» biologiques (comme le fait d'engendrer un être ou d'en êtrela progéniture), ou physiques (comme l'attraction terrestre et la chute d'un corps), ou encore historiques,économiques, politiques, etc.

Bref, la nature de la cause et de l'effet désigne l'ordre auxquels ils appartiennent.Leurs «limites» renvoient respectivement à ce qu'ils peuvent et à ce qu'ils ne peuvent pas causer, ce dont ilspeuvent ou au contraire ne peuvent pas être l'effet. Transition L'expérience seule nous apprend la nature et les limites d'une cause et d'un effet, et c'est de la seuleexpérience que l'existence d'un être ou celle d'un phénomène peut être tirée, «inférée».

Ne peut-on doncjamais connaître a priori la cause d'un phénomène? Comment se fait-il que je sache, avant même d'en fairel'expérience, que le fait de lâcher cette pierre en l'air sera la cause de sa chute? Qu'est-ce que Hume entendpar «expérience»?. »

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