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David HUME ET LE PYRRHONISME

Publié le 27/02/2008

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hume
Un pyrrhonien ne peut s'attendre à ce que sa philosophie ait une influence constante sur l'esprit ; ou, si elle en a, que son influence soit bienfaisante pour la société. Au contraire, il lui faut reconnaître, s'il veut reconnaître quelque chose, qu'il faut que périsse toute vie humaine si ses principes prévalaient universellement et constamment. Toute conversation et toute action cesseraient immédiatement, et les hommes resteraient dans une léthargie totale jusqu'au moment où l'inassouvissement des besoins naturels mettrait une fin à leur misérable existence. Il est vrai, un événement aussi fatal est très peu à craindre. La nature est toujours trop puissante pour les principes. Bien qu'un pyrrhonien puisse se jeter, lui et d'autres, dans une confusion et un étonnement momentanés par ses profonds raisonnements, le premier et le plus banal événement de la vie fera s'envoler tous ses doutes et tous ses scrupules, et il le laisse identique, en tout point, pour l'action et pour la spéculation, aux philosophes de toutes les autres sectes et à tous les hommes qui ne se sont jamais souciés de recherches philosophiques. Quand il s'éveille de son rêve, il est le premier à se joindre au rire qui le ridiculise (...). Il y a, certes, un scepticisme plus mitigé, une philosophie académique, qui peut être à la fois durable et utile et qui peut, en partie, résulter du pyrrhonisme, de ce scepticisme outré, quand on en corrige, dans une certaine mesure, le doute indifférencié par le sens commun et la réflexion. Les hommes, pour la plupart, sont naturellement portés à être affirmatifs et dogmatiques dans leurs opinions ; comme ils voient les objets d'un seul côté et qu'ils n'ont aucune idée des arguments qui servent de contrepoids, ils se jettent précipitamment dans les principes vers lesquels ils penchent, et ils n'ont aucune indulgence pour ceux qui entretiennent des sentiments opposés. Hésiter, balancer, embarrasse leur entendement, bloque leur passion et suspend leur action. Ils sont donc impatients de s'évader d'un état qui leur est aussi désagréable, et ils pensent qu'ils ne peuvent s'en écarter assez loin par la violence de leurs affirmations et l'obstination de leurs croyances. Mais si de tels raisonneurs dogmatiques pouvaient prendre conscience des étranges infirmités de l'esprit humain, même dans son état de plus grande perfection, même lorsqu'il est le plus précis et le plus prudent dans ses décisions, une telle réflexion leur inspirerait naturellement plus de modestie et de réserve et diminuerait l'opinion avantageuse qu'ils ont d'eux-mêmes et leur préjugé contre leurs adversaires (...). En général, il y a un degré de doute, de prudence et de modestie qui, dans les enquêtes et les décisions de tout genre, doit toujours accompagner l'homme qui raisonne correctement. David HUME

Le scepticisme strict est impraticable parce qu'il est, comme dit Spinoza, condamné au silence de peur d'admettre quelque chose qui ait odeur de vérité. L'approche « dogmatique « de la vérité aurait pourtant tort de triompher trop vite. Hume montre ici qu'il peut exister un scepticisme modéré qui n'empêche ni d'affirmer, ni de croire, ni d'agir. Dans le premier paragraphe, Hume objecte au scepticisme « outré « (la doctrine de Pyrrhon d'Élis) son impossibilité à être une philosophie pratiquement applicable dans la vie. L'objection est décisive, mais un tel scepticisme demeure théoriquement valable et les doutes qu'il suscite résultent de « profonds raisonnements «.  

Il faudra donc — c'est l'objet de la deuxième partie — substituer à ce scepticisme « outré « un scepticisme « mitigé «, qui n'empêche pas de croire, ni d'agir, mais permet de battre en brèche le dogmatisme spontané de l'esprit humain. Ce scepticisme mitigé aura alors comme principale vertu de montrer le caractère peu assuré de nos opérations cognitives, même les plus fiables, c'est-à-dire de poser le problème de la vérité en termes de croyance, et non de certitude.

 

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« prendre conscience des étranges infirmités de l'esprit humain » à la fin du texte).

C'est suivant ces trois momentsque nous entendons rendre compte du texte. I – La naturalité du dogmatisme a) Dès le début de cet extrait, Hume procède d'une distinction anthropologique ayant comme critère la puissance cognitive des individus pour distinguer au moins deux types d'hommes.

Plus exactement, il s'agit bien de voir que lamajorité des hommes est naturellement enclin à verser dans le dogmatisme.

Le point essentiel ici est de constaterque ce dogmatisme, qui peut se définir comme la conduite du point de vue de l'esprit et de la science à affirmer unechose comme certaine sans en vérifier la valeur ni la scientificité et la prendre pour acquise, est naturel.

Pour Humeêtre nature c'est être attaché intrinsèquement à la nature humaine.

C'est-à-dire que cette attitude est l'expressiond'une certaine configuration mentale de l'homme ou plus exactement, nous pourrions parler d'un schème cognitif.

Il ya donc une constante humaine à être affirmatif et dogmatique ; le dogmatisme s'opposant au scepticisme dansnotre cas.

Dans ce cas, on peut dire qu'il s'agit d'une habitude de l'esprit dans son fonctionnement relativement àl'établissement de ses opinions.

Opinion n'est pas à prendre ici en un sens négatif mais signifie simplement l'ensembledes données susceptible d'expérience et de connaissance. b) Le dogmatisme s'explique par un manque d'acribie ou plus simplement par l'occultation d'une partie du problème.C'est pourquoi « ils voient les objet d'un seul côté ».

Dès lors commence à se détacher la définition d'une étudescientifique pour Hume ou du moins de la fécondité cognitive d'une recherche qui se voudrait scientifique ou aumoins établir une connaissance positive.

Il s'agit de regarder des deux côtés de l'objet et non de le prendre tel qu'ilvient.

On peut dire alors qu'il s'agit de douter de notre première connaissance, c'est-à-dire celle qui nous vientdirectement, et cela que soit de l'expérience mais aussi de l'esprit.

On peut se rappeler par ailleurs que Hume est unempiriste ce qui explique que le vocabulaire de la connaissance se rattache ici au champ sémantique de la sensationet de la perception.

Ainsi, c'est par manque de « contrepoids », c'est-à-dire d'une réelle discussion qu'elle soitintérieure ou non qui pose l'homme à devenir dogmatique.

Il s'agit donc d'une manque de retour sur uneconnaissance première acquise : cause alors de ce dogmatisme. c) Dès lors, il manque incontestablement de méthode dans leurs recherches et aucune de leurs connaissances n'ade valeur scientifique.

C'est la précipitation qui ici est cause de ce mal.

Or il est tout à fait saisissant de constaterque cette précipitation comme obstacle à la connaissance et une transposition d'une des critiques essentielles deDescartes dans le Discours de la méthode .

Que Hume est lu Descartes, cela ne fait aucun doute.

Mais le plus essentiel et de voir qu'il s'agit d'un point de convergence dans la définition d'une méthode apte à rendre compted'une pensée scientifique et de processus.

La précipitation est ainsi cause de la naissance des préjugés en tantqu'elle ne permet pas à l'individu d'étudier pleinement les raisons du phénomènes.

C'ainsi que l'on pourrait croire quele bâton est réellement brisé dans l'eau.

La précipitation tend à nous conforter dans nos croyances.

Dans ce cas,nous sommes dans une attitude toute psychologique et c'est ce qui explique la création de l'idée abstraite d'uneconnexion nécessaire, de la nécessité et du déterminisme.

C'et par manque de clairvoyance que l'homme crée parune habitude et une coutume perceptive des liens entre les phénomènes jusqu'à croire que l'un ne peut pas allersans l'autre.

Dès lors se crée la persuasion et c'est qui explique le conflit entre les hommes qui opposent justementdeux principes dogmatiques issues d'un manque de méthode sur l'établissement d'une connaissance scientifique.Dans un conflit entre deux dogmatismes, il ne peut y avoir de solution et tend à rendre la connaissance impossiblevoire suspecte ce qui serait verser dans un scepticisme radical et destructeur.

Le dogmatisme se comprend alorscomme une intolérance et un manque d'ouverture au dialogue.

Sûr de son fait, le dogmatique ne peut concevoir unemanière de voir ou de pensée.

C'est ainsi notamment que se crée les conflits entre les écoles qui se révèlent êtreinsolubles. Transition : Le dogmatisme repose donc sur une vision tronquée de la vérité et l'absence de remise en cause d'une connaissancequi relève alors plus de la croyance que du savoir et de la science.

C'est donc du point de vue de la méthode et dela fécondité cognitive et épistémique qu'il convient de battre en brèche le dogmatisme. II – Le refus dogmatique du doute a) Hume dans ce moment du texte donne ce que l'on pourrait appeler une définition in fine du doute ou de la valeur. »

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