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David HUME: La racine cubique de 64 est égale à la moitié de 10 !

Publié le 15/04/2009

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hume
Tout ce qui est peut ne pas être. Il n'y a pas de fait dont la négation implique contradiction. L'inexistence d'un être, sans exception, est une idée aussi claire et aussi distincte que son existence. La proposition, qui affirme qu'il n'existe pas, même si elle est fausse, ne se conçoit et ne s'entend pas moins que celle qui affirme qu'il existe. Le cas est différent pour les sciences proprement dites. Toute proposition qui n'est pas vraie y est confuse et inintelligible. La racine cubique de 64 est égale à la moitié de 10, c'est une proposition fausse et l'on ne peut jamais la concevoir distinctement. Mais César n'a jamais existé, ou l'ange Gabriel, ou un être quelconque n'ont jamais existé, ce sont peut-être des propositions fausses, mais on peut pourtant les concevoir parfaitement et elles n'impliquent aucune contradiction. On peut donc seulement prouver l'existence d'un être par des arguments tirés de sa cause ou de son effet ; et ces arguments se fondent entièrement sur l'expérience. Si nous raisonnons a priori, n'importe quoi peut `paraître capable de produire n'importe quoi. La chute d'un galet peut, pour autant que nous le sachions, éteindre le soleil ; ou le désir d'un homme gouverner les planètes dans leurs orbites. C'est seulement l'expérience qui nous apprend la nature et les limites de la cause et de l'effet et nous rend capables d'inférer l'existence d'un objet de celle d'un autre. David HUME

 L’Enquête sur l’entendement humain se veut être la réécriture et la redéfinition du travail qu’avait fait Hume dans le Traité de la nature humaine qui n’avait connu qu’un faible succès. Dès lors, l’ensemble de l’ouvrage est une synthèse et une revisitation de certaine question. Cet extrait se situe à la fin de l’ouvrage dans la douzième section traitant du scepticisme académique. Hume prend alors soin de résumer l’un des principaux points acquis et le rôle de l’expérience. Mais ce passage est intéressant c’est qu’en remettant en cause la notion de nécessité, de causalité et de connexion nécessaire il nous interroge sur la possibilité de toute démonstration a priori de l’existence d’un être, réduisant à néant toute métaphysique mais nous pose le problème de la possibilité de toute science si la nécessité n’existe pas. En effet comment alors produire des énoncés scientifiques et ne pas tomber dans un scepticisme radical ? La solution que propose Hume est alors innovatrice et nuancée faisant place à une certitude morale. Dès lors notre extrait se développe en deux points essentiels : le rejet de la nécessité (du début à « elles n'impliquent aucune contradiction «) et la détermination de la valeur de l’expérience et la solution mesurée du scepticisme (de « On [ne] peut donc seulement prouver l'existence « à la fin).

 

 

  • I – Contingence et nécessité

 

 

a) La première phrase de cet extrait donne le ton de l’argumentation de Hume. Ce qui est peut ne pas être. Autrement dit, dans toute sa radicalité, il n’y a rien de nécessaire semble-t-il dans la nature des choses. Le monde est contingent, c’est-à-dire aurait pu ne pas être ou être autrement. En effet, le nécessaire se définit comme le montre la seconde phrase comme étant ce qui ne pas ne pas être ou être autrement, c’est-à-dire ce dont la non-existence implique contradiction. Il n’y a donc rien de nécessaire dans la nature. Hume revient alors sur l’ensemble de la tradition philosophique et scientifique, c’est-à-dire du dogme de la croyance à la nécessité de la cause et de l’effet qui est un débat de premier ordre.

 

hume

« sciences purs, ne reposant pas sur les faits sont capables de certitude.

Cela explique alors la volonté de Humed'introduire dans les sciences naturelles la même méthode que dans les sciences pures.

Cependant, cela reposeaussi sur la distinction que Hume a opéré dans le Traité de la nature humaine à propos des relations philosophiques. En effet, les relations philosophiques sont produites par l'esprit à la différence des relations naturelles qui sontinconscientes.

Il y a sept relations philosophiques qui se divisent en deux groupes : les relations qui dépendent desobjets donc sont invariables, inaltérables et infaillible comme la ressemblance, la quantité, la qualité, et lacontrariété.

Leur certitude leur vient de l'invariance de leur objet.

De l'autre, celles qui ne dépendent pas de leursobjets mais de leurs situations : l'identité, la causalité et la contiguïté qui sont alors objets de croyance donc del'imagination.

Transition : Ainsi il n'y a rien de nécessaire dans la nature des corps, simplement la contingence.

Dès lors le rôle de l'expérienceest primordiale.

Cependant, comment rendre alors possible toute connaissance ? II – Le rôle de l'expérience et l'inférence : la certitude morale a) Dès lors, on peut comprendre que l'existence n'est en réalité que de fait et non de droit.

La relation causale nepeut être produite que par l'expérience.

Il n'y a rien de nécessaire dans le monde des faits.

L'existence n'est pas apriori mais seulement a posteriori.

Cela a eu notamment une grande importance dans la critique que Hume a adresséà la religion notamment par l'impossibilité qui lui est faite de déduire l'existence de Dieu a priori.

L'existence n'est pasun attribut logique.

Il n'y a que l'expérience qui peut en fournir la preuve.

En ce sens, tant que je n'ai pas faitl'expérience d'une chose, je ne suis pas sûr qu'elle existe, à moins que sa non-existence soit encore plusextraordinaire.

Il faut bien voir les influences et implication que cela doit conduire dans le domaine scientifique.

Lanécessité ou le déterminisme fonde la science or selon Hume tous nos jugements sur les faits ne peuvent pas avoirun degré de certitude absolu.

Nous sommes alors dans la croyance.

Cela n'a rien de négatif mais la croyance sedéfinit alors comme la probabilité qu'une chose arrive ou n'arrive pas.

Cela ne signifie pas que le soleil ne se lèverapas demain, comme j'en ai l'habitude mais bien que ce jugement n'implique pas que le soleil se lèvera.

Il en atoujours été ainsi mais rien n'indique que cela continuera.

Ainsi il n'a pas de connexion nécessaire dans le mondemais simplement une conjonction constante.b) En effet, si nous concevons alors que les choses se produisent nécessairement, sans faire appel à l'expérience,c'est-à-dire sans prendre en compte l'habitude perceptive que nous en avons, il faut bien voir alors que toute choseest possible.

Et c'est bien ce qu'entend montrer Hume ici.

En effet, par l'exemple de la pierre et du soleil qui noussemble absurde comme celui d'un homme qui gouvernerait les planètes (exemple reprenant à la thématiquenewtonienne), Hume met en exergue que nous formons nos jugement non pas sur la réalité mais bien sur ce quenous nous imaginons de la réalité.

Ainsi nous croyons à des inférences qui ne sont fondées que sur notre imaginationdès lors s'explique la croyance en les druides ou les chamans voire les danseurs de pluie dans la mesure où leuraction suit une réaction de la nature que nous prenons pour corrélée.

Le lien n'existe que dans l'imagination, c'est-à-dire dans l'association que nous faisons de deux idées suivant des rapports qui peuvent être de contiguïté, deressemblance ou justement que l'on pense sur le principe de la nécessité.c) En effet, il n'y a que l'expérience qui puisse nous permettre de connaître quelque chose.

La primauté del'expérience chez Hume est un principe premier.

Rien n'existe qui n'ait d'abord été dans les sens.

Clairement, Humeest un empiriste.

Mais si l'expérience nous montre la nature et la limite, et en ce sens joue un rôle critique rendantimpossible alors toute métaphysique, c'est qu'elle est notre seul chemin d'accès à la connaissance.

Cependant cetteconnaissance ne peut se faire que par inférence, c'est-à-dire en partant de la multiplicité du particulier pour essayerd'en tirer une loi générale.

C'est pourquoi nous avons l'impression qu'il existe une fois cette inférence faite uneconnexion nécessaire et constante relevant de la cause et de l'effet.

Or l'expérience nous montre bien quel'inférence n'est que d'essence statistique.

Plus exactement, il ne s'agit que de probabilité.

Ce que nous prenonspour l'effet d'un lien de causalité n'est qu'une probabilité forte que nous expérimentons.

Mais rien n'indique que cetteforte probabilité ne sera pas violé.

Dès lors comment faire des sciences ? Si toutes nos connaissances, à partmathématiques, sont soumises à cette incertitude on pourrait alors admettre qu'aucune connaissance n'estpossible ; donc que la science ne mène nulle part.

Or c'est bien un tel scepticisme radical et stérile que cherche àéviter Hume, ce qui explique le développement de cette dernière section.

Il ne cherche pas un pyrrhonisme maisbien scepticisme académique c'est-à-dire modéré.

Ainsi, une conjonction constante peut nous fournir tout de mêmeune certitude.

Mais cette certitude n'est que morale, c'est-à-dire qu'elle n'est que probable et ne peut indiquerréellement un lien de nécessité.

Conclusion : Dans ce texte Hume remet donc en cause le primat de la nécessité et de la causalité c'est-à-dire de laconnexion nécessaire entre deux faits.

L'expérience nous montre qu'une telle liaison n'est que le fruit d'uneprobabilité issue de l'imagination c'est-à-dire une croyance fondée sur l'inférence d'une conjonction constanteformant alors une certitude morale.

La science demeure possible mais l'expérience alors apparaît comme un critériumdiscriminant dans les sciences et rend toute métaphysique impossible.

Il est alors possible de comprendre pourquoiHume a réveillé Kant de son sommeil dogmatique.

L'expérience est à la l'origine de toute connaissance.. »

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