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La décolonisation de l'Afrique du Nord

Publié le 27/02/2008

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Si l'on veut saisir rétrospectivement les phénomènes complexes qui ont conduit à la décolonisation des cinq États arabes d'Afrique du Nord, il est nécessaire de se remémorer la position particulière de l'Algérie dans le Maghreb pendant le XIXe et le XXe siècle. Cette position découle de la manière dont fut colonisée l'Algérie. Avant que la France n'en prît possession, ce pays avait des frontières imprécises et son particularisme était beaucoup moins évident que celui de ses voisins, le Maroc et la Tunisie. L'Algérie fut conquise entre 1830 et 1857, au cours d'une guerre cruelle et destructrice. Des soulèvements eurent lieu contre la France à la suite de la guerre européenne de 1870 ; ils se soldèrent par la défaite et la répression de la population locale. Ainsi que l'admettent sans détours les documents de l'époque, les guerres de conquête avaient " réduit en poussière " la structure de la société algérienne traditionnelle, laquelle reposait sur la culture islamique ; le général Bugeaud, le principal artisan de cette conquête, s'était lui-même exprimé ainsi. L'Algérie fut conquise plus d'une génération avant l'occupation de la Tunisie et de l'Égypte, et plus de deux générations avant celle du Maroc et de la Libye. Les combats se déroulèrent dans d'autres conditions, l'état d'esprit était différent, le résultat fut donc différent. L'Algérie devint un pays de colonisation et d'immigration pour une importante communauté française qui ne se composait pas seulement d'entrepreneurs et d'administrateurs, mais aussi de petits colons, d'artisans et de commerçants. Il ne s'agissait pas seulement d'une classe supérieure colonialiste, mais aussi d'une population qui désirait se fixer.       
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« Si l'on veut saisir rétrospectivement les phénomènes complexes qui ont conduit à la décolonisation des cinq États arabes d'Afrique du Nord, il estnécessaire de se remémorer la position particulière de l'Algérie dans le Maghreb pendant le XIXe et le XXe siècle.

Cette position découle de lamanière dont fut colonisée l'Algérie.

Avant que la France n'en prît possession, ce pays avait des frontières imprécises et son particularisme étaitbeaucoup moins évident que celui de ses voisins, le Maroc et la Tunisie.

L'Algérie fut conquise entre 1830 et 1857, au cours d'une guerre cruelle etdestructrice.

Des soulèvements eurent lieu contre la France à la suite de la guerre européenne de 1870 ; ils se soldèrent par la défaite et larépression de la population locale.

Ainsi que l'admettent sans détours les documents de l'époque, les guerres de conquête avaient " réduit enpoussière " la structure de la société algérienne traditionnelle, laquelle reposait sur la culture islamique ; le général Bugeaud , le principal artisan de cette conquête, s'était lui-même exprimé ainsi.

L'Algérie fut conquise plus d'une génération avant l'occupation de la Tunisie et de l'Égypte, et plusde deux générations avant celle du Maroc et de la Libye.

Les combats se déroulèrent dans d'autres conditions, l'état d'esprit était différent, lerésultat fut donc différent.

L'Algérie devint un pays de colonisation et d'immigration pour une importante communauté française qui ne secomposait pas seulement d'entrepreneurs et d'administrateurs, mais aussi de petits colons, d'artisans et de commerçants.

Il ne s'agissait passeulement d'une classe supérieure colonialiste, mais aussi d'une population qui désirait se fixer.

Par contre, les pays colonisés plus tardivement, tels que l'Égypte (à partir de 1882), la Tunisie (à partir de 1881), leMaroc (à partir de 1912) et la Libye (à partir de 1911), conservèrent les structures fondamentales de leurs sociétéset de leurs États telles qu'elles existaient avant leur occupation par des troupes étrangères.

Les dynastiesrégnantes y restèrent d'ailleurs en place : le khédive en Égypte, le bey en Tunisie et le sultan au Maroc.

En Libye,les Italiens avaient prévu un type de colonisation semblable à celui réalisé en Algérie, mais ils n'eurent pas le tempsd'achever leur œuvre.

La Seconde Guerre mondiale les surprit avant même que tous les colons italiens fussentarrivés dans les maisons rurales que l'État leur avait préparées en Cyrénaïque.

Après la guerre, ce fut la confrériereligieuse de la Sénoussia, qui avait été à la tête de la résistance contre les Italiens, qui assuma le gouvernementde la Libye (1951).

La colonisation des deux autres pays du Maghreb et de l'Égypte fut accomplie selon des principes " plus modernes ".La puissance colonisatrice s'appuyait sur l'autorité déjà en place et faisait office de " conseillère ".

Dans ce cas, sesconseils avaient le plus souvent un caractère d'obligation, et la présence de troupes mises en place par la puissancecoloniale en garantissait la réalisation.

En outre, on installa parallèlement à l'administration " indigène " uneadministration " européenne moderne " plus ou moins compliquée.

Rien de semblable en Algérie.

La France gouvernaitdirectement, soit par l'intermédiaire de structures communales locales établies sur le modèle français (dans lesterritoires habités en majorité par les Européens), soit par le truchement d'un administrateur civil ou militaire (dansles territoires reculés habités pratiquement par les seuls Algériens).

Il est donc normal que la lutte contre les colonisateurs ait pris un autre visage dans les États qui avaient conservéleurs propres structures, alors que l'Algérie, aux yeux de nombreux Français, était devenue un " morceau de laFrance ".

D'ailleurs, l'influence française fut si forte en Algérie qu'il y eut une période où l'élite algérienne (qui avaitreçu une éducation française) ne savait plus quel était son pays.

Certes, on trouvait, dans le pays, une élite deformation et de culture musulmanes profondément enracinée dans son peuple et dont les membres, peu nombreux ilest vrai, étaient fermement attachés à leur particularisme en tant que musulmans et algériens.

Il est évident,aujourd'hui, que ce fut cette élite qui décida de l'avenir.

Elle avait été fournie par les docteurs de l'Islam quidevaient leur formation et leur manière de voir à l'Islam traditionnel, mais cependant modernisé et " épuré " (Islah),dont ils avaient fait connaissance dans les centres de culture musulmane d'Orient, d'Égypte et de La Mecque.

Onvénère encore aujourd'hui trois de ces grands docteurs et maîtres : Ben Badis, el-Okbi et Brahimi.

Ils avaient fondé,en 1935, " l'Association des Oulémas d'Algérie ".

Leur revue Ach Chihab devait devenir l'instrument essentiel de la culture algérienne, par opposition à la culture française, et de son extension.

Même la langue écrite arabe avait étélargement supplantée en Algérie par la langue française (à l'exception des dialectes arabes parlés par les gens dupeuple).

En Algérie, ce fut dans les territoires marginaux, dans les villes latérales comme Constantine et Tlemcen,dans les montagnes des Berbères et dans les régions présahariennes du Sud que se maintint le mieux la culturetraditionnelle, et ce fut à partir de là qu'elle reconquit finalement la terre qui revenait à ses enfants.

Au Caire, à Tunis, à Fès, les anciens centres de culture avaient été conservés : les mosquées d'Azhar, de Zaitouniaet de Qarawiyyin ; les vieilles familles s'étaient maintenues, en partie avec leur fortune, et leur descendantsentreprirent la lutte pour l'indépendance.

La langue écrite arabe était restée vivante.

Dans ces trois États, ce furentles élites locales qui, les premières, s'opposèrent aux colonisateurs au nom de leur peuple.

En Égypte, la phase politique de la lutte pour l'indépendance débuta immédiatement après la Première Guerre mondiale, lorsque Saad Zaghloul P2769 , chef de l'opposition à l'Assemblée législative égyptienne, en place dès avant la guerre, exigea l'indépendance de son pays des autorités occupantes anglaises.

La phase culturelle de cette lutte avait déjà commencé à la fin du siècle dernier, sous Afghani et Abduh.

Lesautorités locales anglaises s'étaient déclarées incompétentes pour de telles négociations.

Zaghloul P2769 demanda alors l'envoi d'une délégation (wafd en arabe) à Londres et à Paris, et le parti de l'indépendance égyptien tira son nom, Wafd, de cette exigence.

Un soulèvement populaire eut lieu en 19l9 ; Zaghloul P2769 se rendit au Congrès de Versailles, mais il lui fut impossible de prendre la parole en tant que représentant de l'Égypte, et il fut exilé à Malte.

En 1922, la Grande-Bretagne conclut un premier traité avec l'Égypte, qui reconnaissait l'indépendance du pays tout enaccordant à l'Angleterre des privilèges importants.

Les premières élections eurent lieu en 1924, et le Wafd obtint une majorité confortable.

Plustard, se développa une politique triangulaire complexe entre le Wafd, la Cour et des partis de moindre importance qu'elle favorisait, et lesreprésentants des intérêts anglais.

En 1936, ce fut encore le Wafd qui obtint le départ des troupes anglaises de la vallée du Nil.

Toutefois, laquestion du Soudan ne facilita pas la séparation définitive entre l'Égypte et la Grande-Bretagne.

En effet, officiellement, le Soudan était uncondominium anglo-égyptien reconquis en 1899 par une armée égyptienne sous commandement anglais, à la suite du soulèvement de Mahdi.

Ilfallut tenir compte également de l'importance stratégique du canal de Suez.

Des troupes anglaises demeurèrent dans cette zone.. »

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