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Décrivez une passion et, à l'occasion de cet exemple, et uniquement à cette occasion, essayez de dégager les traits caractéristiques de la passion.

Publié le 27/02/2008

Extrait du document

Le train de vie qu'il impose à a femme, à sa fille unique et à ses serviteurs est tout entier réglé par le souci d'une économie sordide. Lui-même se traite durement, ne se permet aucune fantaisie : il passe des nuits à calculer ses marchés, use jusqu'au bout ses habits, saisit partout l'occasion de profiter des autres pour s'épargner la plus légère dépense. C'est ainsi qu'ayant acquis le domaine du jeune et trop prodigue marquis de Froidfond, « Monsieur Grandet alla voir son château par l'occasion d'une charrette qui y retournait ». Toute la suite du roman met de plus en plus crûment en lumière l'avarice du vigneron. Le récit commence au mois de novembre 1819, au jour anniversaire d'Eugénie, fille de M. Grandet. Son père a coutume de lui donner pour cette occasion une pièce d'or et de permettre une petite infraction au régime monacal de la vie quotidienne; c'est d'ailleurs avec la plus grossière insistance ? déjà peut-être inconscience ? qu'il fait valoir cette caricature de générosité : « Puisque c'est la fête d'Eugénie ! » ce refrain scande toutes ses prodigalités. Après le souper, des visiteurs viennent offrir leurs voeux à la jeune fille, tandis que la servante Nanon s'apprête à filer du chanvre à la cuisine; il va donc y avoir deux foyers et deux chandelles allumés dans la maison ! Le maître rappelle Nanon dans la grande salle et coupe court à ses protestations sur la dignité des visiteurs : « Ne les vaux-tu pas bien, lui crie-t-il, ils sont tous de la côte d'Adam comme toi ! » Mais ce n'est pas seulement le sens des convenances sociales et de la plus élémentaire amabilité qu'a perdu M. Grandet. Apprenant le soir même la ruine et la mort de son frère, il maîtrise vite un premier mouvement d'émotion et recherche aussitôt les moyens d'écarter rapidement un neveu habitué au luxe, et de liquider sans bourse délier le passif du défunt.

« historique pour déterminer l'épanouissement de telle ou telle forme de passion.

Fruit de dispositions natives, cetteforce se spécifie différemment suivant la région, l'éducation, les événements.D'une façon générale on peut dire que la passion a sur le psychisme de celui qu'elle affecte une série d'effetsantagonistes.Si nous examinons l'intelligence de M.

Grandet, nous ne pouvons pas nier que son avarice ait développé en lui unelogique, un sens pratique, une astuce merveilleuse : quand son or est en cause, il est génial à sa manière dans lecommerce et dans l'usure.

C'est ainsi qu'il y a chez le passionné débauche de lucidité et d'acuité mentale pour toutce qui touche directement à l'objet propre de sa passion.

Pourtant, M.

Grandet ne comprend pas qu'il puisse y avoirpour l'homme d'autres intérêts que l'or; c'est pourquoi la mort de son frère « n'est rien », l'important, c'est la ruine.C'est pourquoi encore il croit un temps qu'Eugénie a voulu faire un marché avantageux en échangeant son péculecontre un précieux dépôt que Charles, en fait, lui a confié.

C'est ainsi que la passion a&servit à soi la raison.La vie affective en est, elle aussi, à la fois élargie et rétrécie.

M.

Grandet aime son or : à cause de lui il souffre,espère, se réjouit ou s'attriste.

L'or détermine toutes ses émotions : que l'on songe seulement à la colère qui fittrembler la maison quand fut connue la prodigalité d'Eugénie; aux joies enfantines de M.

Grandet lorsqu'il apprendune heureuse nouvelle financière; au plaisir sensuel que lui procure la vue de l'or.

Mais à combien de sentimentshumains s'est-il fermé ! Il ignore la vraie vie familiale, l'amitié, la générosité; peu lui importe l'agrément ou la beautéde 6es domaines : il ne leur demande que de bons intérêts et n'hésite pas à transformer en un vulgaire chai uneabbaye acquise durant la Révolution.La passion communique enfin à l'activité une énergie capable de faire surmonter des obstacles devant lesquels unhomme non passionné capitulerait.

M.

Grandet veut gagner toujours plus d'argent : il s'impose un règlement de vieaustère, ne faiblit devant aucune fatigue, aucun ridicule, arrache les barrières plus ou moins conventionnellesqu'impose la vie sociale ordinaire...

Mais tout ce dynamisme manifeste l'impulsivité plutôt que le libre exercice de lavolonté personnelle, car, en fait, M.

Grandet n'a pas la maîtrise qui lui permettrait de juger sainement de l'ensembledes problèmes qui se posent à un homme.

Ce n'est pas lui qui tient en main les rênes de son âme, pour lui donnerune orientation et une allure dignes d'elle; sa passion l'entraîne.

Ses colères ou ses joies sont des emportementsd'enfants; il est inaccessible aux profonds sentiments moraux et religieux.

Aussi l'avarice a non seulement fait unmonstre de son esclave, mais a encore été la cause de mutilations et de souffrances pour les compagnons del'avare.

Cette étude nous a montré dans la passion un dynamisme puissant, capable de donner un sens à la vie.

L'exemplechoisi ne suffit pas à établir d'une façon solide la valeur morale de la passion.

On peut en conclure cependant qu'unetelle force, pour être vraiment constructive et créatrice, doit, en se mettant au service du bien, se purifier et setranscender elle-même.

Mais un tel dépassement, que nous admirons dans certains grands types d'humanité, est-ilpossible sans un secours supérieur à l'homme, et qui vient lui donner non pas une victoire gagnée d'avance, mais uncourage nouveau pour la lutte ?. »

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