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Les degrés de la conscience ?

Publié le 05/11/2004

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Notre degré de conscience pourrait bien fluctuer selon les circonstances dans lesquelles nous nous trouvons ou évoluer en accord avec la situation présente. En effet, je ne requiers pas le même degré de conscience de moi, de vigilance, de concentration de l’esprit lorsque je regarde une émission télévisée vide de sens, qui n’incite ni à la réflexion ni à l’introspection, que lorsque je me retrouve devant un auditoire, prêt à livrer un discours où chaque mot que je prononce sera pesé, jugé, analysé. Ma conscience de moi sera que peu ou pas solliciter du tout lorsque je regarde cette même émission inutile. Elle atteindrait alors un degré « minimal « ou du moins bien amoindri. Mais absorbé par ma télévision, je pourrais même oublier que je suis entrain de la regarder et ainsi perdre ma conscience de moi. Pour reprendre l’exemple du discours, il est évident que l’individu mis en scène entre dans une situation de conscience de soi maximale. Je deviens très conscient de ma personne, de mon corps que des centaines d’yeux contemplent, de la manière maladroite dont j’agite mes mains, de la petite note de panique audible dans ma voix, de la rougeur de mes joues intimidés par les remarques de ma conscience de moi et je commence même à me demander si ce que je dis à le moindre sens. Une chose est sûre, ma conscience de moi entre ici dans son apogée, et je suis plongé dans une période culminante d’intensité et de vivacité de ma conscience de moi. On pourrait ainsi comparer la conscience, aussi étrange que cela puisse paraître, à un faisceau de lumière dont l’intensité peut varier, allant de l’obscurité (la non conscience) à l’éblouissement (la conscience de soi « maximale «). 

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« l'obscurité (la non conscience) à l'éblouissement (la conscience de soi « maximale »). Il serait d'ailleurs intéressant de se demander si notre conscience de soi peut atteindre un degré de conscience totale ou absolue? Un degré maximal, nous l'avons déjà vu, c'est fort possible.

Mais total ? Ou serait-ceun idéal inatteignable, notre conscience étant toujours voilée d'une certaine manière ? Car en effet il existe certains automatismes intrinsèquement liés à notre existence même et sans lesquelles nous ne pourrions vivre, desautomatismes si innés que le commun des mortels ne remarque jamais ou très rarement.

La respiration, notrebattement cardiaque, ou même le clignement de nos paupières sont des exemples de ces actions mécaniques dontnotre conscience de soi se dispense bien pour la grande majorité du temps et qui tendent à confirmer l'idée qu'uneconscience de soi totale est plutôt utopique.

Mais même si à certains moments notre conscience de nous nousaiguille vers un de ces automatismes généralement passés en silence, vers le battement de notre cœur par exemple,ce seront alors d'autres automatismes, d'autres aspects de nous-mêmes dont nous perdrions conscience.

Ainsi ilsemblerait qu'une conscience de soi totale ne puisse jamais être atteinte. Le philosophe stoïcien Marc Aurèle dans ses Pensées pour moi-même présente son interprétation de différents degrés de la conscience de soi.

Selon lui, ce ne serait pas seulement le fait que notre conscience soitamoindrie ou particulièrement stimulée qui justifie des différents degrés de conscience mais plutôt qu'il existerait ensoit différentes « propriétés de l'âme raisonnable ».

Certaines de ces propriétés relèveraient de la connaissance desoi ou de la conscience psychologique : l' « âme raisonnable » « se voit, elle s'analyse, elle fait d'elle-même cequ'elle veut, elle cueille elle-même le fruit quelle porte ».

Mais il existerait aussi une conscience de soi psychologiquequi relèverait de la connaissance du monde, l' « âme raisonnable » dans ce cas « parcourt le monde entier, le videqui l'entoure, la forme qu'il a … elle comprend et elle voit que la postérité ne verra rien de nouveau et que nosancêtres n'ont rien vu de plus ».

Finalement la conscience réfléchie se diviserait également en une conscience desoi morale qui vise à « l'amour du prochain, la véracité, la conscience, la croyance qu'il n'y a rien de plus précieuxqu'elle » et qui nourrirait un lien intime avec la justice, en nous remettant en cause par rapport à la bonté de nosactions, nous amenant à réfléchir sur leurs conséquences.

Ainsi nous sommes faces à une vision différente desdegrés de la conscience de soi qui suggère plutôt une division de notre conscience de soi en différentes sphères depensées, et dans cette perspective les degrés prendraient une autre dimension qu'une simple intensité ou vivacitéplus ou moins marquée, mais incarneraient véritablement des consciences de soi différentes. *** Jusqu'ici nous avons seulement envisagé une conscience de soi statique, qui certes peut atteindre des degrés différents, étant plus aiguisée, amoindrie, maximale ou absente mais ne serait-il pas intéressant deconsidérer la progression que notre conscience de soi peut subir et les facteurs « intérieurs », venant de notrepsychisme lui même, qui peuvent motiver cette évolution? Une des évolutions de notre degré de conscience de soi apparaît nettement dans notre capacité à intégrer un savoir, à maîtriser un exercice et à le rendre ensuite automatique de telle sorte que nous agissonsmécaniquement sous l'effet de l'habitude sans plus en avoir conscience.

C'est notamment la thèse qu'Henri Bergsonsoutient lorsqu'il écrit « Dans l'apprentissage d'un exercice, nous commençons par être conscients de chacun desmouvements que nous exécutons […] puis à mesure que ces mouvements s'enchaînent d'avantage entre eux et sedéterminent plus mécaniquement les uns que les autres, nous dispensant de décider et de choisir, la conscience quenous en avons diminue et disparaît ».

Cette thèse peut être explicitée par l'exemple de l'écriture.

Ecrire nous paraîtà l'âge adulte un exercice tout à fait anodin, maîtrisé, un acte devenu aussi évident que manger ou boire, pourlequel on ne se pose plus jamais de questions techniques telles celle du dessin des lettres.

Cela devient une actionpour laquelle nous n'avons plus du tout conscience.

Mais rappelons-nous nos stades primaires d'apprentissage oùl'art mystérieux de l'acte d'écrire, non pas de la pensée derrière l'écriture mais l'écriture elle-même dans ce qu'elle ade plus simple et fondamental, nous paraît inatteignable.

Le petit être apprend à timidement dessiner les lettres, àmanier la plume, puis à enchaîner les lettres pour former des mots, et tout cela dans la plus intense concentration.Mais ces mouvements s'enchaînent peu à peu et deviennent automatiques avec notre pratique, et notre consciencede l'acte, qui était autrefois maximale, faiblit et disparaît.

Cet exemple soutient l'idée qu'il existe une véritableprogression du degré de notre conscience de soi. Mais nous pourrions également nous demander ce qui motive notre conscience à évoluer vers son pic de vivacité ? Selon Henri Bergson, ce sont « les moments de crise intérieure où nous hésitons entre deux ou plusieurspartis à prendre, où nous sentons que notre avenir sera ce que nous l'auront fait… ».

En suivant cette pensée, nouspourrions donc considérer que notre conscience peut atteindre le plus de vivacité dans les moments forts de notreexistence, où des choix importants ou cruciaux doivent être fait.

Il semble évident que notre conscience de soi ne. »

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