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Démontrer, est-ce persuader ?

Publié le 02/02/2004

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« L'homme le plus simple qui a de la passion persuade mieux que le plus éloquent qui n'en a point « écrit La Rochefoucauld mais pourrait-il écrire la même chose d'un mathématicien ? Boole aurait dut-il être éloquent lorsqu'il élaborait son algèbre ? Probablement pas. En effet, à la lecture des démonstrations mathématiques, il est évident que l'éloquence n'entre pas en ligne de compte. Pourtant persuader et démontrer, n'est-ce pas la même chose , En effet, dans le cas de l'éloquent comme dans celui du mathématicien, le but n'est-il pas d'amener son interlocuteur à accepter la thèse que l'on soutient ? C'est cette possible synonymie que nous allons interroger.

Pour ce faire, nous montrerons tout d'abord les ressemblances entre démonstration et persuasion pour nous appuyer ensuite sur la distinction entre preuve et argument et montrer les limites entre ces ressemblances pour enfin établir que la distinction entre démonstration et persuasion repose sur celle entre persuader et convaincre.

 

  • DÉMONSTRATION: Opération mentale, raisonnement qui consiste à établir la vérité d'une proposition en la rattachant à d'autres propositions évidentes ou déjà admises comme vraies.

  • PERSUADER : Amener quelqu'un à penser quelque chose, en utilisant sa sensibilité plutôt que sa raison (arguments rationnels).

La rationalité de la démonstration est-elle de même nature que la persuasion ?

« La réponse de Leibniz Démontrer, c'est calculer " Dès lors, quand surgiront des controverses, inutile d'instituer une discussionentre deux philosophes, pas plus qu'on ne le fait entre deux calculateurs.

Caril suffira de prendre la plume à la main et après avoir au besoin convoqué unami, de se dire l'un à l'autre : calculons ! "Leibniz, Lettre à Placcius (1678). Problématique La démonstration d'une idée peut-elle mettre les hommes d'accord ? Commentamener autrui à reconnaître la vérité d'une idée ? Explication La Caractéristique Universelle Leibniz pense que si les philosophes ont tant de mal à se mettre d'accord,cela tient à ce qu'ils emploient un langage flou, dans lequel les mots ne sont pas définis avec rigueur.

Il entreprend donc, pour résoudre ces controverses, d'inventer un nouveau langage, unelangue parfaite, un nouvel alphabet où chaque lettre serait comme le symbole d'une idée simple et première.

Le motque l'on utiliserait pour désigner une idée complexe se composerait des lettres renvoyant aux idées simples dont estfaite cette idée complexe.

Chaque mot serait ainsi en même temps comme une définition de ce qu'il désigne.

Et si jene connais pas le sens de ce mot, il me suffit d'analyser ses éléments pour le savoir.

Leibniz appelle cette langueparfaite la « Caractéristique Universelle ». Penser, c'est calculer Elle s'inspire des mathématiques.

D'une part, les signes que j'utilise pour désigner un nombre me donnent aussi sonsens.

D'autre part, les mathématiques ont pris soin de préciser au départ un petit nombre de règles de combinaisondes signes entre eux.

Une fois que je connais ces règles, je peux vérifier simplement la vérité d'une proposition (parexemple, 2 + 2 = 4), à l'aide d'un simple calcul.

Le souhait de Leibniz est alors de ramener tout raisonnement, quelqu'il soit, mathématique ou métaphysique, à un calcul.

Pour Leibniz, penser, c'est calculer . Comme Descartes, Leibniz veut établir les principes de la science, mais il se défie de l'intuition. 1.

La vérité par le calcul A.

Critique de Descartes Les préceptes cartésiens sont bons, mais vagues : ils ne nous donnent pas de critères sûrs pour reconnaîtrela clarté et la distinction d'une idée.

Ils en laissent l'appréciation à la conscience.

C'est dangereux car souventles hommes trouvent évident ce qui est obscur.

Il nous faut donc des critères objectifs, contrôlables : on n'acceptera comme vrai que ce qui est défini etdémontré selon les règles formelles de la logique, qui empêchent l'intuition de divaguer.

Une clarté apparentene suffit pas : il faut trouver les notions simples composant les notions complexes, et vérifier qu'il n'y a pasentre elles une contradiction qui rendrait absurde la notion complexe.

D'où les définitions suivantes : une idée est claire quand elle suffit pour reconnaître la chose (ainsi l'idée durouge), distincte quand nous pouvons en analyser les éléments constitutifs et la rendre intelligible par lediscours (l'idée de rouge est claire mais non distincte, car il est impossible d'expliquer ce qu'est le rouge : ilfaut le voir). B.

Une « caractéristique universelle » Pour limiter le recours à l'intuition, Leibniz imagine un langage, imité des mathématiques, qui serait uninstrument pour la pensée.

Il s'agit de répertorier toutes les idées les plus simples, chacune étant symboliséepar un signe arbitraire, et d'en constituer une sorte d'alphabet.

Il suffirait ensuite de les combiner pour obtenir des idées plus complexes.

Par exemple, la combinaison desidées de nombre (v) et de partie (0) donnerait l'idée complexe de « nombre des parties », c'est-à-dire dequantité (= v.0), etc.

L'intérêt est de réduire la pensée à un calcul infaillible, toujours facile, même s'il manie des idées de moins enmoins évidentes.

Seule compte la clarté des règles d'association.

Ainsi peut-on être certain de la vérité d'unrésultat scientifique, du fait de la rigueur des opérations qui nous y ont conduits.

sans qu'il soit pour autanttrès « intuitif » (pensez à la théorie de la relativité !).

Se limiter à l'évidence intuitive, c'est empêcher leprogrès de la connaissance. 2.

Les vérités. »

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